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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Faites hisser la voile et que vos rameurs doublent la cadence !
    Un bref coup d’œil à la silhouette de plus en plus proche du dromon convainquit Corato qu’il fallait faire vite. Il évalua la puissance et l’orientation du vent et appela un de ses marins à qui il transmit ses ordres.
    — Levez l’ancre ! Hissez la voile ! hurla le maître d’équipage.
    Deux marins remontèrent la lourde chaîne. Des hommes se précipitèrent vers le windas, le treuil. Quelques instants plus tard, la toile pourpre claquait au vent.
    — Nous serions plus légers sans toutes ces marchandises, observa Bjorn de Karetot qui jusque-là s’était contenté d’écouter.
    — On ne touche pas aux marchandises ! s’écria le capitaine. Pas pour l’instant... À tribord toute, Bjorn !
    Le Normand poussa la barre en avant, orientant l’étrave, 1 ‘ épée ainsi qu’on l’appelait, vers la côte. Après avoir faseyé un moment alors qu’ils changeaient de cap, la voile se gonfla à nouveau. Malgré son chargement, le knörr répondait bien. Il siglait maintenant vers la côte.
    — Faites effort sur le betas ! gueula le capitaine.
    Un marin enfila la longue perche dans la chute gauche de la voile afin de la raidir.
    — Pour répondre plus clairement à votre première question, capitaine, reprit Hugues. Je pense que nous devons nous battre, ou tout du moins, tenir bon en espérant qu’Harald et Magnus le Noir viendront à notre aide.
    — Ce qui est écrit est écrit ! s’écria le capitaine en haussant les épaules. Que voulez-vous que nous fassions contre un dromon comme celui-là ? Jamais, depuis que je parcours la mer intérieure, je n’en ai croisé un de cette taille. Il est si long et haut qu’on dirait une muraille ! Sans compter le nombre de mercenaires qu’il doit transporter.
    — Je n’imaginais pas d’abordage ni de corps à corps, Corato. Il y a d’autres façons de se battre.
    — Comment ?
    — Puis-je voir l’inventaire de vos marchandises ?
    — À quoi pensez-vous donc ?
    — M’y autorisez-vous ?
    — Euh, oui ! Bien sûr, fit le capitaine en lui tendant le parchemin qu’il gardait serré dans une pochette de cuir à sa ceinture.
    — Bjorn connaît l’emplacement de tout ceci ? demanda Hugues en jetant un coup d’œil vers le solide Normand qui manœuvrait le gouvernail.
    — Il a fait l’inventaire avec moi.
    — Alors j’aurai besoin de lui pour me montrer où sont rangées les marchandises.
    — Je vais prendre la barre, messire. De toute façon, s’il y a une personne à bord qui connaît un peu cette côte, c’est moi.
    Il s’adressait maintenant au barreur :
    — Bjorn, dites au sondeur de se mettre à l’ouvrage. Quant à vous, vous seconderez de votre mieux le sire de Tarse !
    Corato se tut. Son front se contracta, ses doigts se mirent à jouer machinalement avec ses médailles : il évaluait les chances de son navire. Hugues sentit qu’il voulait dire autre chose mais qu’il hésitait encore. Enfin, le petit homme se racla la gorge et reprit d’une voix plus ferme :
    — La guerre n’est pas mon affaire, vous le savez, messire. Depuis vingt ans que la famille Délia Luna me confie ses navires, j’ai prouvé mes qualités de capitaine. Et puis nous autres, Byzantins, avons la mer dans le sang. Mais face à ce dromon... Je sais que vous avez navigué avec Georges d’Antioche, messire, aussi je...
    Les mots sortaient difficilement :
    — Je vous remets le commandement du knörr jusqu’à ce que nous ayons vaincu les Barbaresques.
    Le nom de Georges d’Antioche, l’émir des émirs, l’archonte des archontes, fit remonter bien des souvenirs dans la mémoire d’Hugues. Des images de la puissante flotte sicilienne avec ses centaines d’esnèques parcourant les mers, combattant les pirates, attaquant les ports... Hugues n’avait pas été de toutes les campagnes, loin de là, mais il avait combattu à plusieurs reprises aux côtés de l’amiral de Roger II de Sicile, notamment lors de la prise de l’île de Djerba.
    L’expression tendue de Corato le ramena à la réalité. Il songea que c’était sans doute la première fois que le Byzantin se voyait contraint d’abandonner le sort de son bateau à des mains étrangères, aussi il répondit gravement :
    — Je suis honoré et j’accepte, capitaine.
    — Alors, que les dieux nous aident ! conclut le Byzantin en baisant les médailles qu’il portait au cou.
    Lâchant le

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