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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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relever.
    — Vous êtes livide, fit-il tout en regardant autour de lui.
    Il avisa une grosse pierre à l’ombre d’un chêne et l’y entraîna, la portant à moitié. La jeune femme, les lèvres pincées, s’efforçait d’avancer mais la tête lui tournait.
    — Asseyez-vous par terre. Comme ça, le dos appuyé à la roche.
    Hugues avait ôté sa cape et en avait fait une boule qu’il glissa sous sa tête.
    — Là, là, fit-il. Eleonor, ça va mieux ? Parlez-moi !
    Mais la jeune femme ne luttait plus. Le paysage tournait et elle n’entendait plus ce qu’il lui disait. Tout devint noir et elle glissa à terre.
    Un moment passa puis, lentement, elle reprit conscience. Elle sentit qu’on l’obligeait à desserrer les dents et un liquide amer coulait dans sa gorge. Elle toussa et ouvrit les yeux. Hugues la serrait contre lui, la mine inquiète, et sa voix était aussi douce que ses gestes.
    — Vous m’avez fait peur.
    Elle essaya de protester mais les mots n’arrivaient pas à sortir. Il posa un doigt sur ses lèvres.
    — Ne dites rien. Attendez. Ça va passer. On va se reposer et, après, on rentrera au camp.
    Elle sentait une douce torpeur l’envahir et se laissa aller contre la poitrine de l’Oriental.
    — Il ne faut pas dormir. Pas encore. Ce que je vous ai donné va bientôt faire effet. Tenez, sucez cela ! C’est de la cardamome !
    Elle obéit comme une enfant, étonnée du goût épicé qui se répandait dans sa bouche. Peu à peu, de la couleur revint à ses joues et Hugues l’aida à s’adosser contre le rocher.
    — C’est passé... Je n’aurais jamais dû vous emmener. Pardonnez-moi.
    Dans le ciel au-dessus d’eux retentit le cri d’un vautour noir.
    — Nous n’avons guère eu le temps de parler depuis l’attaque du dromon, ajouta Hugues en lui prenant les mains et en les serrant dans les siennes. Laissez-moi vous remercier, Eleonor... J’ai une dette envers vous.
    Troublée par la pression des doigts de l’Oriental, elle fit signe qu’elle ne voyait pas de quoi il parlait.
    — Sans vos talents d’archer, je serais sans doute mort et Magnus aussi... Vous êtes une jeune femme peu ordinaire, Eleonor, et je...
    Il s’interrompit et elle sentit les battements de son cœur s’accélérer tant le regard qu’il posait sur elle était intense. Ils restèrent les yeux dans les yeux de l’autre, puis Hugues se redressa et s’éloigna de quelques pas sur le sentier. Sa démarche était nerveuse. Eleonor l’entendit prononcer des mots dans une langue inconnue. Enfin, l’Oriental revint vers elle.
    — Si vous vous sentez mieux, nous allons repartir.
    Elle se releva, incapable de répondre, trop agitée de pensées contradictoires.
    — Nous allons couper par là, cela devrait nous ramener au plus près de notre sentier sans faire les mêmes détours qu’à l’aller.
    Ils repartirent, Eleonor accordant son pas à celui d’Hugues qui, de temps en temps, lui tendait la main pour escalader un rocher ou contourner des épineux. Instants trop brefs où chacun pouvait sentir le trouble de l’autre.
    Puis soudain, l’Oriental lui fit signe de s’immobiliser. Quelque chose venait droit sur eux à travers les buissons. Ils entendaient des craquements, des pierres qui roulaient et ils craignirent la charge d’un sanglier. Eleonor allait se jeter de côté quand la silhouette efflanquée de Tara, des restes de corde suspendus à son cou, se rua sur elle pour déposer un lièvre à ses pieds.
    — Je crois qu’il attend quelques remerciements, remarqua Hugues qui avait remis son poignard à sa ceinture.
    — Il n’en aura pas ! Là, là, du calme ! ajouta-t-elle tant les sauts joyeux de l’animal menaçaient de la faire tomber.
    Le chien parut comprendre et s’assit, la langue pendante.
    — Ne disputez pas trop ce fidèle compagnon, fit Hugues en ramassant le gibier et en le glissant dans la sacoche qu’il portait au côté. Venez, repartons !
    Ils étaient en vue du camp quand ils entendirent sonner la trompe d’un des guetteurs.
    — C’est l’alerte, le camp est attaqué ! jeta Hugues. Courons !
    Au moment où il disait ces mots, une pierre le heurta à l’épaule. Hugues se tourna dans la direction d’où le projectile était parti puis tout se passa très vite. Avant qu’ils aient pu faire un geste, le grand chien avait disparu dans les buissons. Ils entendirent des cris aigus. Quand enfin ils réussirent à trouver l’animal, il avait les

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