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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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et je ne peux rien faire ici que de le soulager d’un peu d’opium. Pareil pour celui qui a eu la mâchoire fracassée et pour lequel je crains une infection. Enfin, les deux derniers : celui qui a eu le bras emporté par un boulet, nous avons cautérisé la plaie, j’espère qu’il survivra, il est robuste. Quant au jars...
    — A-t-il repris connaissance ?
    — Non, Hakon, et je suis impuissant à le soigner sans un minimum de médication et d’outils. Sa plaie est très étendue et il n’y a que sa résistance et sa force pour expliquer qu’il soit encore de ce monde.
    Au fur et à mesure que l’Oriental répondait, le visage d’Hakon s’assombrissait.
    — Je sais que vous faites beaucoup, messire, dit-il au bout d’un moment, mais peut-être faut-il faire l’impossible ?
    Le silence retomba, chacun restait perdu dans ses pensées. Puis frère Dreu leva la main pour demander la parole :
    — Messire Hugues, m’autorisez-vous à vous faire part d’une idée que je viens d’avoir ?
    — Bien sûr.
    — Je ne sais pas où nous sommes, mais le capitaine Corato doit me mener sur l’île de Cabo Ros.
    — Oui... Mais où voulez-vous en venir ?
    — Voici bientôt deux ans que j’écris aux moines du Castelas et que je partage leurs vies. Il y a parmi eux un nouveau venu, un frère dont la renommée n’est plus à faire et dont peut-être vous avez entendu parler : frère Grégoire.
    — Grégoire... Celui qu’Hildegarde de Bingen a refusé de prendre pour secrétaire ?
    — Celui-là même. Il a demandé à s’installer au Castelas pour fonder une infirmerie et aussi pour se retirer du monde. Depuis, des gens de la côte et des îles voisines viennent se faire soigner au Castelas tant ses talents de mire sont étonnants.
    — Frère Grégoire... J’ai entendu parler de lui. Pourquoi pas ? Nous n’avons rien à perdre. Où en sont les bateaux, Harald ?
    — Je vais laisser Knut vous expliquer cela.
    Le grand Norvégien, maître de la hache, se leva et prit la parole d’une voix rauque :
    — Il n’y a plus de problème pour les bordées de l’esnèque ni pour les avirons. Je pourrai faire mieux quand j’aurai un bois plus résistant, mais tout ça tiendra jusqu’à ce que nous fassions escale dans un port digne de ce nom. Pour le mât du knörr, je n’ai pu que le consolider et fixer la vergue plus bas qu’elle n’était. Il pourra naviguer sous voilure réduite. Corato et moi avons discuté, nous lui passerons quelques rameurs et des guerriers fauves prendront place sur nos bancs. Ils ont l’habitude de la nage.
    Hakon acquiesça.
    — Si ce moine peut sauver notre jars, il faut aller là-bas maintenant, fit-il.
    Knut se rassit.
    — Il ne reste donc qu’une chose à résoudre, reprit Hugues, et c’est à vous, Jacques, que je pose la question. Pensez-vous qu’il est possible de gagner directement l’insula de Cabo Ros ?
    Jacques se leva. Mal à l’aise devant cet auditoire aux regards sévères, il se dandinait d’un pied sur l’autre.
    — Vous voulez dire qu’il nous faudra remonter au nord sans caboter le long des côtes ?
    — C’est ce que je dis.
    — Si le ciel reste clair, je pourrai vous aider, fit la voix douce d’Afflavius. Les étoiles n’ont pas de secret pour moi...
    — Je n’ai besoin de personne, rétorqua sèchement Jacques. On ira directement à Hyères si le vent du sud continue à souffler.
    — En combien de temps croyez-vous que nous serons là-bas ? reprit Hugues.
    Le pilote haussa les épaules d’un air fataliste :
    — Seul Dieu le sait.
    Hakon bondit sur ses pieds. Son visage était durci par une colère qui ne demandait qu’à éclater.
    — Il s’agit de la vie de notre jars, l’homme, jeta-t-il. Parle plus fort, nous n’avons pas entendu ta réponse.
    — Un jour de mer, ou bien un jour et une nuit, sire Hakon, bégaya Jacques. Si les vents sont pour nous.
    — Ils souffleront pour nous ! rétorqua Hakon. Sans ça, nous les aiderons de la force de nos bras.
    — Bien dit, approuva Harald.
    — Buvons à Magnus le Noir ! s’écria Hakon.
    — À Magnus le Noir ! firent Harald et Knut en levant leurs cornes à boire dans lesquelles l’Orcadien versa de la bière.
    — À Magnus ! reprit le reste de l’assemblée.

 
    23
    La pleine lune éclairait le campement. L’appel des guetteurs résonnait et dans le ciel étoilé volaient des centaines de chauves-souris échappées des grottes. Dans la

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