Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
faire le dessin ?
    — Oui, je le crois.
    — Le haut mal... Contrairement à Galien que j’admire en tout... Vous connaissez Galien et ses écrits sur le haut mal ?
    — Oui, répondit Hugues. Il pensait que ces crises pouvaient venir d’une mauvaise circulation des quatre fluides irriguant le corps.
    — Cholère ou bile jaune, sang, bile noire, flegme, énuméra frère Grégoire avec une évidente satisfaction. Il extrayait de la sorte l’humeur du cerveau. Je disais donc que je ne crois pas que la trépanation puisse guérir ce type de maux. Comment avait procédé le second mire ?
    — Comme il se doit, il avait entaillé le crâne en biseau afin de ne pas risquer d’endommager la dure-mère, mais je n’ai pas vu la fin de l’opération. Le combat était trop proche, il a fallu défendre la tente contre les assaillants.
    — Et là, pensez-vous qu’il faille trépaner ? demanda Grégoire en se penchant à nouveau pour examiner la plaie.
    Hugues hésita. D’un côté, la trépanation pouvait soulager le malade d’une excessive pression crânienne, d’un autre, si elle était mal exécutée, elle le tuerait plus sûrement que le projectile qu’ils avaient extrait.
    — Vous ne répondez pas ! remarqua Grégoire.
    L’Oriental exposa ses hésitations et l’infirmier hocha la tête. Tancrède était revenu avec une bassine fumante qu’il posa près d’eux.
    — Nous avons perdu l’homme à la mâchoire fracturée. La gangrène, murmura-t-il à son maître.
    — Maudite noire mort ! murmura l’Oriental, une barre soucieuse sur le front. Avez-vous conseillé à damoiselle Eleonor de prendre du repos ?
    — Oui, mon maître. Elle dort.
    — Bien, préparez-nous de la charpie, voulez-vous ?
    Les hommes s’affairèrent autour du blessé, le lavant, posant des compresses d’herbes et des bandages sur son crâne meurtri.
    — Mais qu’est-ce que ce bruit ? gronda soudain 1 ‘ infirmier.
    Dehors, les gardes avaient crié :
    — Qui va là ?
    Hugues souleva le rideau, remarquant que par la porte rentrait la lumière du soleil. Il s’étira, les membres rompus, se demandant quel office avait sonné.
    — Où est frère Grégoire ? fit la voix de frère Joce, l’hôtelier.
    — Je suis là ! s’écria l’infirmier avec humeur en sortant de l’alcôve. Que me voulez-vous ?
    — On a besoin de vous au Castelas. On a trouvé un cadavre.
    — Un cadavre ! s’énerva Grégoire. Qu’est-ce que vous me dérangez pour un cadavre alors que je m’occupe de soigner des vivants !
    — Je vous ai amené frère Thierry pour vous aider, il remplacera frère Benoît.
    Un moine était entré derrière l’hôtelier. Il restait la tête basse, fixant le bout de ses sandales de cuir, attendant les ordres.
    — Nous avons un mort nous aussi, mon frère, dit Hugues, peut-être pourriez-vous lui faire la toilette et prévenir qu’il faudra célébrer un office pour le repos de son âme ?
    Le moine s’inclina, avant d’aller vers le linceul qu’il souleva.
    — Pourquoi avez-vous changé le jeune Benoît ? protesta Grégoire. Il travaillait bien.
    — Si vous assistiez aux réunions du chapitre, vous le sauriez, répliqua Joce.
    On sentait qu’il faisait des efforts surhumains pour garder son calme face à l’attitude revêche de Grégoire. Il finit par l’entraîner à l’écart tandis qu’Hugues expliquait à Tancrède qu’il lui fallait rester au chevet du blessé.
    — Il faut que je vous parle, fit le jeune homme.
    Hugues le regarda de ses yeux rougis par le manque de sommeil.
    — Qu’y a-t-il ?
    Tancrède hésita, puis baissa la voix pour ne pas être entendu des autres :
    — J’ai fait une drôle de rencontre en allant à la source hier au soir, un moine vêtu comme un sauvage, avec une blessure au col...
    Hugues lui fit signe de se taire, les autres revenaient. Frère Grégoire entra dans l’alcôve pour rassembler ses outils, grommelant en essuyant ses coutels pour les ranger dans sa besace. L’hôtelier restait derrière lui, le visage impassible.
    Au moment de partir, Grégoire se retourna :
    — Vous m’accompagnez, messire ?
    Hugues acquiesça d’un signe de tête et allait lui emboîter le pas quand frère Joce s’interposa :
    — Votre présence n’est pas nécessaire.
    — Elle est nécessaire ! répliqua Grégoire. Je vous obéirai en tout ainsi que j’en ai fait promesse, mais j’ai besoin du sire de Tarse à mes côtés. Il est

Weitere Kostenlose Bücher