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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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commença l’inspection des moines, renvoyant ceux qu’il estimait les moins résistants se reposer et manger.
    — Frère Iñigo, vous aussi, allez vous reposer un peu.
    Le gros moine hésita, puis il hocha la tête et rejoignit ses frères. Ils n’étaient plus que quatre à surveiller les remparts.
    Le silence était retombé, l’orage s’éloignait, tonnant encore sur les autres îles de l’archipel. Des doigts de lumière perçaient le ciel. Tancrède s’étira.
    — Eh bien, messire, remarqua frère Henri qui était arrivé sans bruit, ils n’ont pas réussi à vous battre.
    — Les lieux sont difficiles d’accès, c’est notre seule chance. Combien avons-nous de morts et de blessés ?
    — Un mort, notre sous-sacristain, frère Domenico, une flèche dans la gorge, et un blessé léger, notre cellérier Bernard. Vous devriez vous reposer et manger.
    — Je me reposerai tout à l’heure. Par contre, si l’un de vos moines veut me monter ici quelque chose à manger, ce sera avec plaisir.
    — Je m’en occupe.
    Le camérier redescendit dans la cour. Frère Thierry arriva bientôt avec un bol et une miche de pain toute chaude.
    — Merci, mon frère. Savez-vous où est frère Dreu ? Je ne l’ai pas vu sur les remparts.
    Le moine fit signe qu’il observait la règle de silence et repartit comme il était venu.
    Tancrède haussa les épaules et, assis contre le muret de protection, dévora son pain en buvant sa soupe.
    Le jour baissait. Puis ce fut la nuit. Les heures passaient, juste troublées par le vol des chauves-souris au-dessus du monastère et l’appel lointain d’une hulotte. Le jeune homme sentit ses paupières se fermer et décida d’aller chercher Sven.
    La cour était déserte et les nuages voilaient la lune. Une brume irréelle était montée de la mer et emplissait la cour, sorte de voile blanchâtre qui reflétait la lueur de sa torche. Il allait pousser la porte de la cuisine quand un éclat métallique sur le sol attira son attention. Il écarta le sable du bout de sa botte et découvrit un poignard au manche d’argent gravé. Une arme comme celles que portaient les guerriers fauves. Il se baissa pour la ramasser, c’était bien une arme appartenant aux Orcadiens. La respiration de Tancrède s’accéléra. Il s’aperçut que la porte de la cuisine devant lui était entrebâillée. Ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et une vague froide lui inonda le dos.
    Le danger était là, tout proche. Mais quel danger ? Il dégaina lentement son épée. Un léger mouvement derrière lui le prévint trop tard. Le gourdin s’abattit sur son crâne. Il vacilla et essaya de se retourner pour faire face. Un deuxième coup le fit tomber à genoux. Du sang coulait devant ses yeux, tout s’obscurcissait. Il essaya de lutter contre les ténèbres qui le cernaient mais s’effondra, évanoui.

 
    LA NEF DES DAMNÉS

 
    48
    Des appels retentirent qu’on eût pu confondre avec les trilles moqueurs d’un merle, et les guerriers d’Hakon se mirent en ligne. Les ordres d’Hugues de Tarse étaient clairs : tout d’abord conduire les fermiers à l’abri, mener une reconnaissance jusqu’au monastère et revenir au camp. Hakon n’avait donc pas attendu que la nuit tombe pour s’éloigner avec ses hommes. Délaissant les sentiers, ils s’étaient enfoncés sans bruit dans les taillis, encerclant la ferme, guettant en vain quelques signes de vie. Les chèvres n’étaient plus dans l’enclos dont les barres gisaient sur le sol et aucune fumée ne s’élevait de la toiture.
    Sur un signe d’Hakon, l’un des guerriers courut jusqu’à la chaumière dont la porte était entrebâillée. Sortant son coutel, il en repoussa le battant et se glissa à l’intérieur. Quelques instants plus tard, il signalait que la voie était libre.
    Les fermiers n’avaient pas eu le temps de se défendre. Ils gisaient en travers de leur paillasse, le corps lardé de coups de couteau, le cadavre éventré du chevreau jeté sur eux. Une nuée de mouches bleues s’envola à l’approche de l’Orcadien qui les chassa d’un geste impatient.
    — Enveloppez-les dans leurs couvertures ! ordonna-t-il.
    Les assassins avaient renversé la marmite, fracassé les tabourets et le coffre, déchiré les tissus, éventré les sacs de grain, brisé les jarres.
    Hakon remarqua les profonds sillons creusés dans le sol près de l’âtre, les deux bols piétinés. Un court instant, il essaya d’imaginer les

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