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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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que tu apprécieras de vivre ainsi, Rohard. Tu as la piraterie dans le sang.
    Rohard ne répondit pas, son regard s’était posé sur son frère et il songea qu’il lui faudrait aussi le tuer.
    Sa première vie s’achevait, il n’y aurait plus de témoins, plus de frères. La seconde allait commencer. Enfin. Si seulement Allard, son demi-frère, son amant, était encore en vie ! Depuis sa mort, il se sentait amputé d’une part de lui-même et ne pouvait s’empêcher de se demander si Richard n’avait pas raison : être riche allait-il lui suffire ? La pensée d’Allard le ramena à sa vengeance. Une bouffée de haine l’envahit, si forte qu’elle lui donna la nausée et que son visage devint livide. Il allait les tuer. Les mutiler, les égorger. L’île de Cabo Ros n’aurait pas assez de terre pour boire tout le sang qu’il allait verser.
    — Tu vas partir avec la moitié des hommes vers le camp normand, articula-t-il avec peine. Je marcherai avec les autres vers le monastère.
    — Et une fois là-bas ?
    Le Diable se pencha vers son frère afin que nul ne puisse saisir le détail de ses instructions. Richard hocha la tête. Quelques instants plus tard, il filait avec ses gars vers la plage de l’Avis.

 
    46
    Le portier ouvrit aux deux moines essoufflés et trempés jusqu’aux os.
    — Où est messire d’Anaor ? demanda aussitôt le camérier.
    — Sur le rempart avec les guerriers.
    — J’y vais. Faites sonner l’alerte !
    Le camérier partit en courant. Alors que retentissaient à nouveau les coups redoublés du tocsin, il escalada les marches de pierre menant à la partie surplombant la poterne.
    La haute silhouette du jeune homme allait et venait sur le rempart avec celles des guerriers fauves et d’Iñigo. Des bassines de poix fumante étaient placées de loin en loin ainsi que des tas de pierres.
    Le visage de Tancrède s’éclaira en l’apercevant.
    — Vous voilà sain et sauf, frère Henri. C’est vous qui avez donné l’ordre de sonner l’alerte ?
    — Oui, messire, les pirates ont débarqué et viennent droit sur nous. Nous ne les précédons que de peu.
    Heureusement, ils connaissent l’île moins bien que nous autres.
    — Je vous attendais pour regagner le camp, murmura Tancrède pour lui-même. C’était donc illusoire.
    Au moment où il prononçait ces mots, une flèche siffla à son oreille et alla se planter dans la cour. Tancrède cria, les hommes s’accroupirent alors qu’un déluge de traits passait au-dessus des murailles.
    — Que tous vos moines nous rejoignent sur les remparts, ordonna-t-il. Et qu’ils ramassent les flèches que l’ennemi vient de nous fournir. Nous en aurons besoin.
    Le camérier acquiesça et redescendit dans la cour. Le premier tir avait cessé. Les flèches aux empennages blancs étaient restées plantées dans le sable, ou s’étaient brisées sur la pierre des maisons.
    — Vous et vous, frère Iñigo, allez prendre position derrière la maison principale. A charge pour vous de guider le tir des moines. Quant aux archers, qu’ils ne tirent qu’à coup sûr. Nous ne pouvons nous permettre de perdre des flèches. N’utilisez la poix que s’ils tentent d’escalader la muraille.
    — Bien, fit le guerrier en filant avec frère Iñigo vers son poste.
    Ils apercevaient les silhouettes des pirates qui se glissaient de rocher en rocher et le jeune homme se demanda comment il allait les repousser avec seulement quatre arcs et des pierres. Il serra les dents et se tourna vers le guerrier fauve à son côté :
    — Je ne connais pas ton nom.
    — Sven, messire.
    — Eh bien, Sven, que Dieu te garde.
    — Vous aussi, messire Tancrède, répondit gravement l’Orcadien.
    — Nul ne doit franchir cette poterne, sinon le monastère est perdu.
    — Moi vivant, personne ne la franchira.
    L’homme banda son arc, le trait siffla et l’un des pirates s’effondra, la flèche plantée dans le cœur. Des moines les avaient rejoints, s’agenouillant près des tas de pierres. Un étrange silence régnait. La pluie s’était arrêtée si brusquement que nul n’en avait pris conscience. Les hommes du Diable prenaient position derrière les rochers luisants.
    Frère Dreu rattrapa l’hôtelier sur le seuil du dortoir.
    — Mon frère, demanda-t-il précipitamment, laissez-moi regagner les remparts. Je sais tirer à l’arc, sire Tancrède peut en témoigner. Je serais plus utile là-bas qu’ici.
    Dreu savait que la réaction

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