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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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demanda à Putzi de lui faire le plaisir de se mettre au
piano, car il était réputé pour pouvoir jouer parfaitement de petites pièces
dans n’importe quel style ou accord, et celui-ci commença par leur donner cinq
interprétations différentes de « Hänschen Klein », à la manière de
Bach, de Mozart, de Beethoven, de Schumann et de Wagner.
    Tout en applaudissant frénétiquement, Hitler
annonça tout joyeux :
    — Et maintenant ma nièce va jouer pour
vous.
    Obéissante, celle-ci se leva de son sofa
fleuri et rejoignit Putzi sur la banquette blanche.
    — Doux et bref, lui souffla-t-elle, et
Putzi lui dit de jouer les touches de la main gauche du Lied de Horst Wessel, tandis qu’il accélérait la partie de la main droite sur un rythme de menuet.
    À la fin, ils se levèrent et saluèrent.
    Les yeux humides de plaisir, Hitler se
précipita pour réveiller Frau Reichert avant qu’ils commencent un deuxième air.
    — Il est deux heures du matin ! s’écria
Geli, mais Hitler l’ignora.
    — On ne m’avait jamais dit que vous étiez
aussi pianiste, dit Putzi.
    — Qui peut sonder la profondeur de mes
talents ? sourit Geli.
    — Vous faites souvent des duos avec le Führer ?
    Le sourire de Geli s’effaça. Il eut l’impression
que par son regard elle lui communiquait un secret.
    — Nous essayons, dit-elle, mais c’est
difficile. Mon oncle ne joue que les touches noires.
    Elle fut invitée à
un grand bal costumé au Deutsches Theater, et elle persuada Baldur von Schirach,
dont le bureau était juste au-dessous de celui d’Hitler dans la Maison brune, d’insister
auprès du Führer jusqu’à ce qu’il finisse par autoriser Geli à y aller. À
condition qu’Heinrich Hoffmann l’y conduise, dit-il. Et qu’elle soit rentrée à
onze heures. Puis le lendemain il décréta que Max Amann les accompagnerait également.
    Le costumier de théâtre Ingo Schröder créa
pour Henny un costume de princesse indienne en daim blanc, prenant modèle sur
les westerns de Karl May, mais comme quatre de ses propositions pour Geli
furent rejetées par Hitler pour diverses raisons, il refusa d’en faire d’autres.
    Geli dessina un costume qu’elle se
confectionnerait elle-même sur sa machine à coudre, et elle alla le soumettre à
l’approbation d’Hitler un jour qu’il prenait un café et du strudel avec Ilse et
Rudolf Hess dans le salon. Sur l’immense table ronde en acajou était étalée une
grande feuille de carton rouge sur laquelle Hess avait collé des visages
célèbres et la phrase Wer ist der wichtigste Mann der Welt ? Qui
est l’homme le plus important du monde ?
    — Nous ne ferons que poser la question, lui
expliqua Hess. La conclusion est inévitable. Mais nous nous demandons si les
visages ne sont pas trop durs à reconnaître pour l’homme de la rue.
    — Elle est très forte, dit Hitler. Elle
va tous les trouver.
    Elle se pencha sur l’affiche.
    — Herr Gerhart Hauptmann, l’auteur
dramatique, énuméra-t-elle. Oncle Adolf. Léon Trotski. Albert Einstein. Et lui,
je ne le connais pas.
    — Notre nouvel ami, Hjalmar Schacht, dit
Hitler. L’ancien président de la Reichsbank.
    Geli haussa les épaules, l’air de dire « Voyez-vous
ça ! ».
    — Herr General Paul von Hindenburg, continua-t-elle.
Max Schmeling.
    — Et lui, qu’est-ce qu’il fait dans la
vie ? demanda Hitler.
    — Il n’est pas champion du monde de boxe
poids lourd ?
    — Non, dit Hitler. Il démontre la
supériorité de la race aryenne.
    Et il éclata d’un grand rire tandis qu’Ilse
regardait le croquis de Geli.
    — Oh, c’est joli. Qui est-ce ?
    — Diane.
    — Diane qui ? demanda Hitler.
    Ilse tendit le croquis à son mari.
    — La déesse romaine de la lune, répondit
Geli. La protectrice des femmes.
    — En quel tissu ? demanda Ilse.
    — De la mousseline jaune.
    — Ça sera ravissant.
    Sans un mot, Rudolf passa le croquis à son Führer.
    Hitler l’examina avant de demander :
    — C’est quoi, la mousseline ?
    — Oh, on s’en sert beaucoup pour les
robes, dit Ilse. C’est un tissu léger.
    — C’est-à-dire transparent, dit Hitler en
lançant le croquis sur l’affiche. Si tu veux porter ce genre de choses, autant
aller toute nue.
    Geli rougit et lui lança un regard furieux.
    — C’est vrai, dit-elle avec feu. J’avais
oublié que nous devions maintenir les plus hauts critères de moralité.
    Elle reprit le croquis et courut dans sa
chambre en claquant

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