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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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place.
« Chère Ingrid », lut-il. Il se recula pour déchiffrer la lettre sans
ses lunettes. « Quand je viendrai à Vienne, très bientôt j’espère, nous
irons ensemble à Semmering et… »
    — Et… c’est là que vous êtes entré.
    — Et quoi ?
    — On s’amusera bien, dit-elle.
    — Semmering. La station thermale ?
    — Oui.
    — J’étais trop pauvre pour aller dans des
stations thermales quand j’avais vingt-trois ans. Où prendras-tu l’argent ?
    Ce n’est pas le fait qu’il ne lui donne plus d’argent
qui la suffoqua. C’est le fait qu’elle n’y avait même pas songé.
    — Et qu’est-ce que tu raconteras sur moi
à tes amis autrichiens ? lui demanda-t-il, les yeux brillants de larmes. Tu
diras aussi au Professor Otto Ro que ton oncle t’a brutalisée ?
    Ça devait arriver, pensa-t-elle. Elle eut peur qu’il ne la frappe, mais il avait toujours
les mains derrière le dos.
    — Je ne raconterai plus rien sur vous, s’empressa-t-elle
de dire. Je vous le promets.
    Sans répondre, il sortit sa main droite de
derrière son dos et posa un pistolet sur la lettre, son Walther 6.35, laid
comme les sept péchés capitaux, aurait dit Angela. Monopolisant l’attention. Tous
les autres objets de la pièce en semblaient plus petits.
    — Prends-le en main, dit-il.
    Elle se fabriqua un ton désinvolte, plein d’innocence
et de ce qu’il appelait les artifices féminins pour lui répondre.
    — Je n’aimerais mieux pas.
    Puis elle se leva et rangea la chaise sous le
bureau. Elle s’éloigna de son oncle avant d’aller s’asseoir sur le sofa à la
manière de ses actrices préférées, le bras gauche plié bien haut sur le dos du
sofa, la main dans les cheveux, aussi allègre que si elle participait à un
pique-nique, le visage serein dans le soleil.
    — Pourquoi le pistolet ? demanda-t-elle
nonchalamment.
    — C’est un jouet sexuel, répondit-il sans
sourire.
    Elle eut un rire nerveux. Elle sentit un
changement en lui, une soustraction d’émotions, froide et mécanique, comme si
lui-même était le pistolet.
    — Tu m’embrasses pour me dire au revoir ?
demanda-t-il.
    Elle était sidérée. Elle avait gagné, finalement ?
Elle partait ?
    Elle sourit. Tout semblait facile à présent.
    — Bien sûr.
    Elle alla jusqu’à lui et tendit son visage
tandis que le ventre mou de son oncle s’enfonçait contre elle comme de la
gélatine, et il planta brusquement ses lèvres pincées sur la bouche pleine et
souple de Geli, avant de retrouver sa raideur habituelle.
    — Et maintenant pour la dernière fois, dit-il,
je voudrais que tu m’excites.
    Elle s’efforça de cacher son désarroi.
    — De quelle façon ?
    Faisant passer le poids du Walther dans la
main droite, il toucha l’encolure de sa robe avec le canon froid de son
pistolet.
    — Déboutonne-la, dit-il.
    D’un geste hésitant elle défit son col, puis
deux boutons supplémentaires.
    Mais, du ton apaisant que l’on utilise pour
calmer les chiens, il ordonna :
    — Un peu plus, princesse. Montre-moi tes
nichons.
    Elle se sentit insultée, mais fit ce qu’il
demandait, écartant le devant de sa robe autour de son soutien-gorge bien
rempli. Il regardait, imperturbable, et elle tressaillit quand elle sentit l’acier
froid du pistolet Walther entourer lentement chaque sein comme s’il exécutait
un dessin humoristique, allant jusqu’à toucher le tissu recouvrant son téton
droit en faisant « Bip » puis le gauche, avec un nouveau « Bip ».
Il avait l’air de vouloir qu’elle sourie, aussi sourit-elle.
    C’est alors que son poing libre s’éleva et
vint s’abattre sur le visage de Geli. Elle vacilla contre le sofa et entendit
un concert de cloches dans sa tête, puis un carillon moins fort. Quand elle
toucha son nez, un ruban de sang chaud s’enroula dans ses doigts et elle sut
aussitôt qu’elle avait le nez cassé. Elle était dans un tel état de choc qu’elle
ne cria pas.
    — Regarde ce que tu me fais faire, dit
Hitler. À raconter des choses sur moi !
    Il secouait sa main pour évacuer la douleur.
    Elle était à genoux et se mit à penser de façon
absurde que si elle trouvait un mouchoir elle pourrait empêcher le sang de
tremper sa robe. Elle se demanda s’il était possible que sa beauté soit
détruite à jamais. Puis elle se rendit compte que ce n’était pas fini.
    De sa main libre il lui leva le menton et
fronça les sourcils de mécontentement.
    — Ne te tracasse

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