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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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sortit,
rouge de confusion.
    — Et moi aussi, je vous ennuie ? demanda
Geli.
    Tout en enroulant ses pâtes sur sa cuillère, Hitler
sourit d’avance à son trait d’esprit.
    — Oh, toi, tu es tout sauf ennuyeuse.
    — Vous me laisserez aller à Vienne ?
    — Je n’ai pas encore décidé.
    Bêtement, elle lui demanda comment il savait
qu’elle ne partirait pas puisqu’il ne serait pas là, et cela le fit beaucoup
rire.
    Elle sentit des larmes de frustration lui
monter aux yeux, et fut encore plus furieuse de voir qu’il en tirait un plaisir
manifeste. Elle se leva en silence et alla dans sa chambre. Elle ne claqua pas
la porte.
    Elle s’aperçut qu’il l’avait suivie. Des
tortillons de rage se formaient sur son front, et des flammes bouillonnaient
dans son regard.
    — À cause de toi, je suis sans défense et
pitoyable, dit-il. Tu le vois bien, n’est-ce pas ? Je suis amoureux de toi,
et toi tu me détestes et tu me rejettes. Pourtant, tu m’ensorcèles. Je suis
perdu et anéanti. Même en ce moment ma gorge se serre. Mon cœur se brise. Tu ne
peux pas détruire l’Allemagne de cette façon.
    — C’est vous qui détestez ! C’est
vous qui détruisez ! Vous ferez à l’Allemagne ce que vous me faites à moi !
Et je ne peux plus le supporter !
    Il hurla.
    — Tu veux ce que je veux ! Et pas le
contraire !
    Sur ce il claqua la porte de sa chambre et la
porte d’entrée et dévala les escaliers avec fracas.
    Elle regardait par la fenêtre d’un air
solennel tandis que les bottes d’Hitler marchaient à grands pas vers son auto
qui l’attendait.
    Maria Reichert
rapporta qu’elle avait entendu Geli pleurer tout l’après-midi derrière sa porte
fermée, mais Anni Winter affirma qu’elle était allée acheter de la crème
Zuchooh et des pastilles Carmol à la Drogerie. Et que, lorsque Geli lui
avait donné ses achats pour qu’elle les mette dans la trousse de toilette d’Hitler,
elle avait dit : « Je ne sais vraiment pas pourquoi il ne me laisse
pas partir, je n’ai absolument rien de commun avec lui. »
    Plus tard, Anni protégea le Führer en
racontant à un journaliste que Geli lui avait dit d’un air malheureux : « Je
ne sais vraiment pas pourquoi je ne le laisse pas partir ; je n’obtiens
absolument rien de mon oncle. » Anni alla plus loin en insinuant que Geli
était déprimée à cause de l’affection grandissante d’Hitler pour Fräulein Braun,
et qu’elle avait trouvé la note d’Eva dans la poche de son oncle en aidant Anni
à faire ses bagages. Elle dit également qu’elle était passée devant la porte de
Geli juste avant de partir ce soir-là, et qu’elle était fermée à clé de l’intérieur.
Geli écoutait du jazz américain. Duke Ellington.
    La veuve Reichert revêtit une coiffe bavaroise
verte et une longue jupe tyrolienne qui la boudinait à la taille mais remontait
sa poitrine, et à cinq heures, après avoir crié ses instructions à sa vieille
mère sourde, elle partit travailler dans une des immenses tentes de la Fête de
la bière.
    À cinq heures et demie le Führer revint chez
lui pour prendre un bain et passer un costume bleu marine très chic et un
chapeau mou. Et lorsque Anni et Georg Winter partirent à six heures, Julius
Schaub et Heinrich Hoffmann faisaient les cent pas sous la frise de Wotan en
pierre grise du 16, Prinzregentenplatz. Le Haushofmeister aux attaches
fines ployait vers la droite sous le poids de la valise d’Hitler, et Schaub la
lui prit des mains pour la mettre dans le coffre de la Mercedes.
    Là-haut dans sa chambre, Geli feuilletait le
magazine de mode Die Dame quand elle entendit son oncle hésiter devant
sa porte avant de frapper doucement pour lui dire au revoir.
    — Vous me laisserez aller à Vienne ?
lui lança-t-elle sans bouger du sofa.
    Et elle entendit le pas lourd d’Hitler s’éloigner
dans le couloir.
    Elle alla remonter les stores vénitiens pour
regarder dans Prinzregentenplatz, et leva un peu plus sa fenêtre à guillotine
quand elle vit son oncle serrer la main d’Heinrich Hoffmann et s’avancer vers
la portière avant droite que Schaub avait ouverte pour lui. Elle se pencha à l’extérieur.
    — Vous me laisserez aller à Vienne ?
lui cria-t-elle.
    Il trépigna comme un enfant.
    — Pour la dernière fois, non ! hurla-t-il
dans sa direction.
    Elle s’éloigna de la fenêtre.
    — Nous nous sommes disputés, l’entendit-elle
expliquer.
    — Ça lui passera, répondit

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