Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
Vom Netzwerk:
pas, dit-il. Ce n’est
pas le souvenir que je garderai de toi.
    — Non ! dit-elle.
    — Les Japonais qui ont trahi leur chef
font un suicide d’honneur, dit-il. Et maintenant je voudrais que tu te tues !
    Les yeux écarquillés, elle scruta son visage
dans l’espoir de découvrir qu’il plaisantait. Mais elle savait qu’il était
sérieux.
    — Non, oncle Adolf ! cria-t-elle. Non,
non ! S’il vous plaît !
    — Tu es vraiment pitoyable, dit-il
calmement. Le suicide n’est qu’un éclair de douleur, une fraction de seconde, et
c’est le néant. Tous les problèmes s’évanouissent dans le vide.
    — Alors, faites-le vous-même, espèce de
salaud ! hurla-t-elle, en furie.
    Tout en tenant son nez douloureux, elle lança
le poing dans sa direction, mais il l’empoigna par les cheveux pour l’immobiliser,
plaça le Walther juste au-dessus de son cœur, et tira.
    Elle tressauta sous l’impact de la balle qui
la traversait avec fracas et vit qu’Hitler portait les mains à ses oreilles
pour atténuer le bruit du coup de feu. Les canaris, pensa-t-elle
fugitivement, avant de tomber, inconsciente.
    Inquiet, Hitler regarda dans le couloir, mais
il se souvint qu’il n’y avait que Frau Dachs dans l’appartement, et qu’elle
était sourde. Fermant la chambre à clé de l’intérieur, il s’accroupit au-dessus
de sa nièce comme si elle était une fleur inconnue de lui, les mains vides à
part le pistolet, les bras sur les genoux, l’air fasciné. Elle respirait encore,
mais très difficilement, avec un soupir humide à chaque expiration, et un léger
cri grinçant à l’inspiration, comme un gond usé qui a besoin d’être graissé. Il
se pencha un peu plus, et vit que des bulles de sang se formaient quand elle
respirait à cause de sa blessure au poumon, faisant des taches lie-de-vin sur
le devant de sa robe taupe. Une larme fragile apparut dans l’œil droit de Geli
et roula sur sa joue. Hitler l’essuya avec son pouce, puis se leva, le dos
endolori, et s’assit lourdement sur le sofa, le pistolet encore chaud entre les
cuisses. Elle était solide. Elle s’accrochait à la vie, comme Klara, sa mère. En
regardant ses petits tressautements, il savait qu’elle était en train de mourir.
Puis il sut qu’Angelika Raubal était morte, et qu’il n’avait rien d’autre à
faire que de pleurer en s’apitoyant sur lui-même, sur son deuil, son amour et
son malheur.

XIX
Épilogue
    En s’éveillant à l’aube, le 19 septembre, il
comprit qu’il était temps d’agir, alors il posa le pistolet sur un coussin du
sofa, contourna précautionneusement la mare de sang, alla jusqu’au téléphone du
couloir, et appela Rudolf Hess chez lui.
    — J’ai tiré sur ma princesse, lui dit-il.
    Arraché brutalement au sommeil, Hess eut
besoin de quelques secondes pour assimiler cette nouvelle.
    — Où êtes-vous ? demanda-t-il
ensuite.
    — À l’appartement.
    — Elle est morte ?
    — Oui.
    — Je suis le premier à l’apprendre ?
    — Oui.
    — Attendez-moi, dit Hess. Vous avez fait
ce qu’il fallait, mon Führer, ajouta-t-il.
    En vingt minutes, Hess arriva à l’appartement,
où le Führer avait déjà réveillé Maria Reichert pour qu’elle fasse du thé. Hess
la questionna dans la cuisine, et elle lui dit qu’elle était rentrée d’Oktoberfest
vers deux heures du matin. Comme elle était beschwipst, elle était allée
se coucher directement.
    Savait-elle ce qui était arrivé à Fräulein
Raubal ?
    Elle répondit qu’on lui avait dit qu’elle s’était
suicidée.
    — Oui, c’est bien triste, dit Hess.
    Puis il vit la vieille Frau Dachs à la porte
de la cuisine, en robe de chambre matelassée, un filet dans les cheveux.
    — J’ai beau être sourde, je l’ai senti, dit-elle.
Vers minuit. Les vitres ont tremblé, et tout l’appartement s’est ébranlé quand
elle est tombée.
    Hess se tourna vers la fille de la vieille
dame.
    — Faites en sorte qu’elle s’habille et
aille chez une amie, voulez-vous ? Il ne faut pas la bouleverser davantage.
    —  Mutti, dit Maria. Sors !
    Hess se précipita dans la chambre de Geli. Elle
était allongée sur le ventre, les jambes pliées sur la droite, comme si elle
était agenouillée avant de tomber. Elle semblait vouloir remettre de l’ordre
dans ses cheveux bruns de la main droite, tandis que son bras gauche était à
plat par terre, comme pour essayer d’atteindre le Walther sur le sofa. Elle
était déjà prise par la

Weitere Kostenlose Bücher