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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Maison brune pour aller chercher Hitler, aussi sa
femme et Geli partagèrent-elles un taxi pour le retour. Une fois arrivée au 16,
Prinzregentenplatz, Geli n’avait pas l’air d’avoir envie de rentrer. Elle fit
de longs adieux à Frau Schaub et lui demanda ce qu’elle comptait faire les
jours suivants, parce qu’elle aussi était seule. Frau Schaub lui dit de l’appeler
chez elle, et après lui avoir serré la main, Geli pénétra dans la maison, sifflant
comme Peter Lorre dans le film. Elle ne téléphona pas.
    Le föhn continua à
souffler, et le 18 septembre, juste après le petit déjeuner, Geli se rendit aux
bains publics Müller en flânant le long de l’Isar. Elle portait un collier de
perles et une robe d’après-midi à manches courtes couleur taupe et des
chaussures basses bicolores. Elle nagea un kilomètre et barbota dans la piscine
avec son amie Elfi Samthaber, qui n’en revenait pas de la trouver encore à
Munich. Elle dit à Elfi qu’elle avait eu un contretemps, mais qu’elle pensait
aller bientôt en Autriche.
    La chaleur était accablante, l’air gris du
matin était aussi moite que de la vapeur d’eau, et les avenues étaient
encombrées de voitures et de cars remplis de touristes attentifs venus d’ailleurs
pour les premiers jours d’Oktoberfest. Elle alla à pied jusque chez les
Hoffmann à Bogenhausen, mais on ne la fit pas entrer, même quand la femme de
chambre réveilla Henny et que celle-ci apparut sur le seuil vêtue d’un kimono
rouge, les yeux bouffis de sommeil et les cheveux aussi emmêlés qu’un roncier. Il
y avait des tas d’étuis d’appareils photographiques dans le vestibule, et
lorsque Henny ferma la porte d’entrée pour s’installer avec Geli sur le perron,
elle lui dit en bâillant qu’elle avait décidé de renoncer à accompagner son
père à Hambourg, où il devait photographier le Führer.
    — Tu veux faire quelque chose ce soir ?
lui demanda Geli.
    Il lui fut répondu qu’Henny allait à une
soirée d’Oktoberfest avec Baldur von Schirach.
    — Samedi alors ?
    Elle vit la valse de la peur et de la pitié
dans le regard de son amie, et elle se leva.
    — Ton père t’a donné des instructions, à
ce que je vois.
    — Lui, et d’autres aussi, répondit Henny.
Mais tu ne devais pas aller à Vienne ?
    — J’y vais toujours.
    — Fais-le. À ce que j’entends, tout le
monde est mal à l’aise à cause de toi.
    — Pour quelle raison ?
    — J’ai appris à ne pas poser de questions.
    — Peut-être que je vais rester en
Allemagne rien que pour les embêter.
    — Ne les provoque pas.
    À cet instant, Henny aperçut une Chemise brune
qui passait lentement à bicyclette et les dévisageait toutes les deux
ouvertement, et elle disparut dans la maison.
    À une heure Geli
déjeuna de spaghettis et de chianti, et elle était en train de finir son repas
lorsque Hitler, en uniforme de Chemise brune, la rejoignit dans la salle à
manger de l’appartement ; il revenait du siège du parti pour demander à
Anni Winter de lui préparer ses affaires pour le week-end. Schaub et Hoffmann, lui
dit-il, viendraient le chercher à six heures.
    — Vous irez jusqu’à Hambourg ce soir ?
demanda Geli.
    — Au moins jusqu’à Leipzig. Je déteste
manquer de temps quand je fais un discours. L’art oratoire a l’air facile, mais
ça ne l’est pas.
    Elle convint que ça devait être difficile.
    Dédaignant sa gentillesse, Hitler se tourna
vers la cuisine.
    — Frau Reichert ! Est-ce que je vais
attendre tout l’après-midi ? cria-t-il.
    Puis il se carra sur sa chaise et soupira en
joignant les mains sur ses jambes croisées.
    — Je n’ai pas arrêté d’avoir de mauvais
pressentiments aujourd’hui.
    Elle lui dit que c’était le föhn. Que les
vents chauds perturbaient les gens.
    — Où serais-tu à présent ? lui
demanda-t-il avec un sourire narquois. Assez loin de Linz ? À quelques
heures de Vienne ?
    Elle ne répondit pas.
    Maria Reichert entra d’un pas pressé, apportant
sur un plateau un service à thé en argent et une bonne assiettée de spaghettis
à la sauce tomate, sans viande. Elle rappela à Herr Hitler qu’elle était en
congé à partir de cinq heures jusqu’à lundi matin, mais qu’elle avait engagé
une amie, Anna Kirmair, pour faire le ménage du samedi. Et que les Winter
viendraient une demi-journée le lendemain pour faire l’argenterie et la lessive.
    Il lui dit qu’elle l’ennuyait, et elle

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