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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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s’avançait péniblement vers la porte d’entrée
et fut accueilli par Egon, un bambin de trois ans avec qui il jouait souvent, et
qui l’appelait Onkel Dolf. Egon appela sa mère, qui était au premier. Frau
Helena Hanfstaengl apparut, superbe, dans la sérénité de sa grossesse. C’était
une Américaine d’origine allemande, dont Hitler se croyait amoureux. Sans rien
dire du putsch, ni expliquer pourquoi son bras gauche était en écharpe, il lui
baisa la main et demanda humblement s’il pouvait passer la nuit chez elle. Elle
l’installa dans une chambre mansardée. C’est là, que, menaçant toujours de se
suicider, il fut arrêté par la police le dimanche soir, et emmené à la
forteresse de Landsberg.
    Quant à Ernst Hanfstaengl, il avait fui à
Rosenheim, sur la frontière autrichienne, où la secrétaire d’un médecin l’aida
à passer la frontière clandestinement. Il fut surpris d’apprendre que le Führer
avait choisi de se cacher à Uffing plutôt qu’en Autriche. D’ailleurs, l’étrange
réticence d’Hitler à retourner dans son pays natal devint encore plus
mystérieuse aux yeux d’Hanfstaengl lorsque, en 1938, au moment de l’Anschluss, il apprit qu’une des premières tâches de la Gestapo, la Geheime
Staatspolizei, fut de récupérer dans les locaux de la police viennoise un
carton de dossiers concernant Adolf Hitler à l’âge de vingt ans. Et ceux qui
savaient ce que contenaient ces dossiers furent bientôt retrouvés morts.

V
La veuve joyeuse, 1923
    Comme l’avocat d’Hitler, Lorenz Roder, l’avait
engagé à ne pas rentrer en Allemagne avant quelques mois, Herr Ernst
Hanfstaengl se cacha chez un nazi de Salzbourg jusqu’à ce que l’ennui devienne
si insupportable qu’il décide de faire un petit voyage vers l’est, histoire de
rendre visite à la famille de son Führer, par simple curiosité.
    Les Raubal n’ayant pas le téléphone, ils ne
figuraient pas dans l’annuaire de Vienne, mais Hanfstaengl mena son enquête et
découvrit que Frau Angela Raubal travaillait à temps complet comme cuisinière d’un
foyer de jeunes filles juives dans le quartier de Zimmersmannsdamm. Angela y
était très estimée, lui dit-on. Un jour, elle avait refoulé un rassemblement
antisémite devant le foyer rien que par son imposante présence, et les repas qu’elle
préparait étaient si scrupuleusement casher qu’un rabbin orthodoxe amenait des
ménagères juives dans les cuisines du foyer, afin qu’elle leur montre comment
procéder. Une des pensionnaires croyait savoir que la famille Raubal louait un
appartement à l’avant-dernier étage d’un immeuble de Blumengasse, près de la
Westbahnhof.
    Ernst Hanfstaengl s’imaginait Angela comme une
femme redoutable, une version féminine du tyrannique Adolf, aussi se munit-il
de cadeaux – une boîte de chocolats et un livre de reproductions d’art publié
par sa famille, Vieux maîtres de la pinacothèque – avant de se rendre
chez les Raubal un mercredi après-midi de décembre. Des enfants vieillis avant
l’âge par la misère le regardèrent d’un air pitoyable gravir les marches de
bois que l’usure avait creusées comme des cuillères, et continuèrent à l’observer
tandis que, arrivé au troisième étage, il attendait sur un palier sale qu’un
des Raubal réponde aux coups frappés à leur porte.
    — Qui est-ce ?
    — Herr Hanfstaengl, madame. Un ami de la
famille.
    Paula Hitler entrouvrit la porte d’à peine dix
centimètres pour lui lancer un coup d’œil prudent.
    — De quel côté ?
    — Du côté d’Adolf.
    — Angela ! cria-t-elle en lui
claquant la porte au nez.
    Hanfstaengl entendit des pas pressés dans le
couloir, puis Angela ouvrit la porte en grand. Elle ressemblait bien moins à Hitler
qu’il ne l’aurait cru, ce n’était qu’une belle et solide Hausfrau de
quarante ans, maltraitée par la vie, une femme de charge du genre de celles que
son épouse engageait dans la rue lorsque leur résidence en ville avait besoin d’un
grand ménage.
    — Ernst Hanfstaengl, se présenta-t-il, je
suis l’attaché de presse du parti auprès des journaux étrangers.
    Manifestement, elle n’aimait pas la politique
d’Hitler, mais elle s’efforça de le cacher en baissant les yeux sur ses mains
rouges et gercées.
    — Nous avons appris pour l’émeute. Comment
va Adolf ?
    — Nous avons perdu quelques chers
camarades au cours du combat et cela le navre, autrement il va bien. Vous savez
à

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