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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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de masse, il trouva ce qu’il
fallait dire pour convertir les diverses factions en présence, laissant
entendre par des louanges envers « Sa Majesté le prince héritier Rupprecht
de Bavière » qu’il pourrait restaurer la monarchie des Wittelbach, et
vitupérant contre la république de Weimar et les sales Prussiens qui
dirigeaient cette Babel dépravée qu’était devenue Berlin, où « nous
rétablirons un nouveau Reich, un Reich de puissance et de gloire, amen ! ».
    C’était un chef-d’œuvre oratoire. En quelques
minutes, il avait complètement gagné la salle à sa cause. Un historien présent
ce soir-là parla de « tour de passe-passe, de magie », comme si Hitler
les avait retournés « comme des gants ». « L’approbation se
déchaîna bruyamment, plus aucune opposition ne se fit entendre. »
    Le général Ludendorff ramena à la tribune les
ministres du cabinet, qui s’étaient engagés à entrer dans un gouvernement de
coalition, et la foule en délire entonna Deutschland über Alles pendant
qu’un Hitler euphorique serrait des mains dans la salle retentissant de hourras.
Et à Gustav von Kahr, qu’il venait de menacer de mort, il fit cette promesse :
« Excellence, je vous suivrai fidèlement comme un chien ! »
    Entendant ces mots, un sceptique se tourna
vers un policier apeuré et dit : « Ce qui manque ici, c’est un
psychiatre ! »
    Après minuit, le capitaine Röhm et ses SA
prirent le contrôle du quartier général de von Lossow, dans Schönfeldstraße, les
« ennemis du peuple » – principalement des Juifs – furent arrêtés, la
police reçut l’ordre de ne pas intervenir tandis que les six ponts de Munich
étaient bloqués avec des mitrailleuses, les mille aspirants officiers de l’école
d’infanterie rejoignirent les rangs des nazis, et quelques Chemises brunes, après
avoir recherché dans l’annuaire téléphonique les noms à consonance juive, se
rendirent à leur adresse pour les agresser.
    Les serveurs commençaient à nettoyer la Bürgerbräukeller
où s’attardaient encore quelques SA ivres, lorsque Hitler, qui y avait établi
son QG, découvrit que Ludendorff avait autorisé les ministres à partir, puisqu’ils
avaient promis leur coopération, et qu’« un officier, avait lancé
Ludendorff au caporal d’un ton glacial, ne renierait jamais sa parole ».
    Hitler se laissa tomber sur un siège, déconfit
et découragé, sentant que sa révolution était dès lors condamnée, d’autant plus
qu’il reçut d’autres mauvaises nouvelles de Berchtesgaden, où le prince
héritier Rupprecht avait froidement rejeté le poste de régent par intérim que
lui offrait Hitler et en outre envoyé au Commissar von Kahr l’ordre suivant :
« Écrasez ce mouvement à n’importe quel prix. Utilisez la troupe s’il le
faut. » À trois heures du matin, toutes les stations de radio allemandes
envoyaient le message que von Kahr, von Seißer et von Lossow s’étaient
désolidarisés du putsch d’Hitler, et que leur soutien, obtenu sous la menace, était
nul et non avenu.
    Au lever du soleil, les putschistes, toujours
à la Bürgerbräukeller, apprirent que le QG de Röhm était assiégé par la
Reichswehr et la police de l’État. Affirmant que « le ciel tombera sur nos
têtes avant que la Reichswehr bavaroise se tourne contre moi », le général
Ludendorff suggéra un défilé dans le centre-ville afin de mettre le peuple de
leur côté, et en supervisa les préparatifs en buvant du vin rouge.
    Un orchestre était censé ouvrir le cortège en
jouant des marches, mais comme les musiciens n’avaient été ni payés ni nourris,
ils produisirent une version braillarde de la marche préférée d’Hitler, la Badenweiler, avant de partir, mécontents. Se retrouvèrent donc en tête du
défilé, Ludendorff casqué et vêtu d’un manteau marron, Hitler dans son
trench-coat blanc et son chapeau mou, et à côté de lui un homme de confiance, Max
Erwin von Scheubner-Richter, lui-même suivi par Alfred Rosenberg et Hermann Göring,
puis par les cent hommes du Stoßtrupp Adolf Hitler, la garde personnelle
d’Hitler, précurseur de la SS, équipés de carabines, grenades, et casques d’acier
grands comme des casseroles. Ensuite venait une automobile avançant au ralenti,
une mitrailleuse posée sur le siège arrière, puis un régiment entier de SA à
peine dessaoulés, portant des fusils dont les percuteurs avaient été enlevés, et
enfin un bon

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