La nièce de Hitler
le palais Wittelsbach, la résidence du prince héritier Rupprecht à
Berchtesgaden, et, plus loin à l’ouest et au sud, les eaux azurées du
magnifique lac Königssee.
Le village d’Obersalzberg possédait une poste
et une caserne de pompiers, des écuries, un remonte-pente, un club de retraités
de Dresde, un club d’officiers de marine, le sanatorium d’enfants du docteur
Seitz, six auberges, vingt résidences privées et onze luxueuses villas, dont
deux étaient la propriété des riches mécènes d’Hitler, Edwin et Helene
Bechstein. Souvent, lorsqu’il dînait avec eux, l’hiver quand ils venaient skier
ou l’été quand ils faisaient de la randonnée, il parlait de louer une maison
dans les parages, et ce furent eux qui lui trouvèrent le fameux Kampfhäusl, le
chalet d’une seule pièce où il termina le premier tome de Mein Kampf après sa libération de la forteresse de Landsberg en 1924. Les Bechstein lui
recommandèrent Sönnen-Köpfl quand ils surent que Frau Maria Cornélius avait l’intention
de vendre, mais Hitler détestait le soleil sur son visage, or la maison avait
été construite justement dans le but d’accueillir le soleil. Eux-mêmes n’étaient
pas prêts à se séparer de Weissenlehen, leur résidence située de l’autre côté
de la route.
Enfin, Hitler entendit dire que Margarethe
Wachenfeld-Winter, la veuve de l’industriel, louerait Haus Wachenfeld pour cent Reichsmarks par mois. Situé sur les flancs de la montagne Kelstein, à une
altitude de neuf cents mètres, le chalet, qui datait de 1916, comprenait trois
chambres et une salle de bains à l’étage, une salle à manger, une cuisine, une
chambre et une véranda au rez-de-chaussée, et chaque fenêtre donnait sur un
panorama digne d’une affiche d’agence de voyages. Elle n’était qu’à quatre
minutes de marche à travers bois de l’hôtel Zum Türken, si bien que ses amis et
ses collaborateurs du parti pouvaient y séjourner, et à quelques minutes le
long de la route sinueuse qui passait devant la maison se trouvait le Gasthaus Steiner,
qui servait des Schnitzels viennois et du goulasch hongrois juste comme
il les aimait. Bien que Frau Winter ne le lui vendît pas avant 1931, Hitler s’était
mis en tête d’acquérir le chalet dès qu’il le vit. Quelques heures après avoir
signé le bail, il emménagea.
Le Doktor Karl Lüger, l’ancien maire de Vienne
et propriétaire de Das Deutsche Volksblatt – un journal d’avant-guerre
qui avait fasciné Hitler avec ses images érotiques et ses fables de la
conspiration juive internationale – avait toujours vécu dans une maison tenue
par ses deux sœurs aînées, et, afin d’imiter cette pseudo-respectabilité, Hitler
demanda à Angela et Geli d’entretenir Haus Wachenfeld pour lui. En offrant à sa
sœur un salaire complet pour un temps de travail réduit, et ce dans une
villégiature alpine à la mode, Hitler lui fournissait également les fonds
nécessaires pour les études de Léo à l’université de Vienne, et pour la
location d’un appartement pour sa nièce à Munich, à moins de deux cents
kilomètres au nord, afin qu’elle s’y inscrive à l’université.
Angela accepta et s’installa à Obersalzberg en
mars 1927. Geli arriva en juin après son dix-neuvième anniversaire et nantie de
son Abitur, qui sanctionnait la fin de ses études secondaires.
Angela se précipita à la rencontre de sa fille
quand Julius Schaub l’amena en voiture de la gare de Salzbourg. Après s’être
embrassées elles firent le tour du propriétaire bras dessus bras dessous, et
Geli tomba amoureuse de Haus Wachenfeld, tout comme son oncle avant elle. Au
rez-de-chaussée les murs extérieurs étaient recouverts de stuc blanc, et les
fenêtres pourvues de volets rouges, tandis qu’au-dessus les murs étaient en
bois ; un balcon garni de jardinières blanches courait sur les quatre
côtés du chalet, et de grosses pierres et de lourdes lattes avaient été posées
sur le toit pentu pour retenir les bardeaux en cas de grand vent. À l’est du
chalet, un potager clos s’étageait sur la pente juste au-dessus de l’allée de
gravier qui menait au garage en sous-sol. À l’ouest, une grande terrasse d’ardoise
avec des chaises longues de toile rayée, au nord, une autre terrasse avec des
tables et des chaises de café en métal blanc, et une immense bannière nazie
rouge et noire accrochée à un mât. Lorsqu’ils s’y asseyaient, les nuages
flottaient
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