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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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souvent au-dessus d’eux en formant une brume moelleuse, mais le jour
de son arrivée il faisait si beau qu’en plissant les yeux pour se protéger du
soleil, Geli put apercevoir la grande croix blanche sur le plus haut pic du
lointain Untersberg.
    Angela fit visiter à sa fille l’intérieur de
la maison, lui montrant le porche d’entrée entouré de hautes fenêtres sans
rideaux qui formait une véranda qu’on appelait le jardin d’hiver, meublée d’un
poêle, d’un gramophone, d’une horloge comtoise, de fougères, de plantes grasses,
de palmiers, d’un caoutchouc dont on avait accroché les branches tordues, et de
fauteuils confortables recouverts de tissu à fleurs, disposés face à une table
ronde en chêne. Un beau tapis de chanvre aux dessins géométriques recouvrait le
sol. Tous ces meubles et objets étaient des cadeaux d’Helene Bechstein.
    La salle à manger était lambrissée de chêne et
surchargée de doubles rideaux imprimés de feuilles vertes, de quatre paysages
urbains peints à l’aquarelle par Hitler, d’assiettes décorées accrochées aux
murs, de chaises campagnardes et démodées, de bancs de coin garnis de coussins
qui composaient la moitié des sièges autour d’une table carrée en chêne, incrustée
de marbre vert. Le mauvais goût régnait également ailleurs. Aux fenêtres, de
rustiques rideaux de basin voilaient les panoramas ; dans la chambre d’Hitler
trônaient un faux cactus et une peinture bien trop réaliste d’un nu féminin aux
énormes fesses ; sur le mur de la cuisine, à la place du crucifix que l’on
trouve généralement en Bavière, était accroché un plateau de fer-blanc décoré
de trois joyeux drilles replets levant des chopes de bière mousseuse ; dans
la salle de bains, une lanterne qui, lorsqu’on l’allumait montrait un petit
garçon en train d’uriner ; et partout dans la maison étaient disséminés
des coussins, des torchons et des napperons faits main et décorés de croix
gammées, des initiales A. H. ou d’expressions de loyauté indéfectible dans
des broderies ouvragées.
    — Qu’est-ce que c’est laid ! s’exclama
Geli.
    Angela jeta un coup d’œil prudent en direction
de la terrasse et vit qu’Hitler, lancé dans un long monologue, une cravache en
cuir d’hippopotame derrière le dos, se promenait tête baissée avec Prinz, son
berger allemand, et Julius Schaub.
    — Comme les sept péchés capitaux, répondit-elle.
Adolf sait bien que ce n’est pas beau, mais ce sont des cadeaux de membres du
parti, et il a du mal à s’en séparer, par loyauté. Notre père était comme ça, poursuivit-elle
avec un soupir. Il vise l’amour, mais quand la flèche tombe, il ne touche que
de la sentimentalité.
    Geli se vit confier
le travail d’une servante. Chaque matin, elle se levait à huit heures comme sa
mère et l’aidait en cuisine à la préparation de crêpes à la vanille, de cakes à
la cannelle, ou de viennoiseries. Elle faisait sortir Prinz de la chambre de
son oncle et le regardait renifler et marquer les arbres de la forêt pendant la
promenade, jusqu’à l’hôtel Zum Türken où elle achetait les journaux autrichiens
et allemands. Au retour, elle récupérait le courrier à la boîte postale et
posait le tout sur une chaise peinte en rouge qui se trouvait devant la porte d’Hitler.
Le dimanche et les jours de fête carillonnée, Angela et elle se rendaient à
Berchtesgaden avec d’autres travailleurs pour assister à la messe de dix heures
dans l’église abbatiale du XII e siècle, la Stiftskirche, proche du château
des Wittelsbach. Les jours de semaine, les deux femmes attendaient simplement
qu’Adolf se réveille. Lorsque sa main et son avant-bras apparaissaient pour
saisir le courrier et les journaux sur la chaise rouge, en général vers les
onze heures, Geli allait faire du café, peler une orange et la couper en
quartiers, et lui apporter son petit déjeuner dans un superbe service à café en
argent, cadeau de la princesse Cantacuzène. Quand elle arrivait dans sa chambre,
elle trouvait Hitler rasé de près, le visage tapoté avec un liniment à l’aloès,
tout pimpant en culotte de peau, chemise blanche et cravate, grandes
chaussettes et chaussures de randonnée ; mais s’il attendait de la visite,
il enfilait des chaussures noires habillées et un léger costume de lainage gris.
Elle le regardait s’inonder de Birkenwasser du Dr Dralle, avant de pencher la
tête en avant pour peigner ses

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