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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Hanussen.
    — Tu es contente ? demanda Hitler
sérieusement.
    Les mots lui manquèrent.
    Et les cinq convives éclatèrent de rire tandis
que le patron de l’Osteria Bavaria s’avançait avec le vrai cadeau d’Hitler :
une cage dorée ouvragée abritant deux oiseaux jaune vif, des canaris de
Saint-Andreasberg.
    — Voici ce que j’ai décidé, lui dit
joyeusement son oncle. Tu prendras des leçons de chant.
    Elle était ravie. Elle se souvint de son cours
de zoologie, et du nom savant du passereau : Serinus canaria. Elle
passa un doigt à l’intérieur de la cage, et les canaris se reculèrent
craintivement.
    — Avec de si bons professeurs, oncle Alf !
    — Pourquoi pas ? Et à la rentrée, peut-être,
avec Herr Adolf Vogl, un ami du parti.
    — Un autre Adolf ?
    — Oh, pour ça, il n’y en a qu’un, dit-il.
Alors, tu es contente, maintenant ?
    — Mais je peux quand même garder les
photographies ? le taquina-t-elle.
    — Naturellement.
    Elle l’embrassa sur la joue.
    — Je vous aime, oncle Alf.
    Il tressaillit à ce mot, et son regard aux
paupières tombantes s’enfuit aux quatre coins de la pièce.
    — Nous l’aimons tous, renchérit Rudolf
Hess.
    Cherchant à faire diversion, Hitler prit son
couteau et se mit à le frotter avec sa serviette.
    — Et demain, quand tu auras fini tes
derniers examens…
    — Brillamment, interrompit Alfred
Rosenberg.
    — … tu te dépêcheras de faire tes valises.
Nous partons pour Obersalzberg.
    Sa femme avait
succombé à l’épidémie de grippe de 1928, et Heinrich Hoffmann se faisait
tellement de soucis à l’idée que sa fille de quinze ans, proie facile pour les
garçons, allait rester seule pendant les vacances scolaires, qu’Hitler invita
aimablement Henny à passer l’été avec Geli à Haus Wachenfeld.
    Elles se souviendraient toutes les deux de ces
mois de juillet et août comme de leurs meilleurs moments à Obersalzberg. Les nuits
étaient fraîches, les champs verdoyants, les cieux bleu azur, et l’air fleurait
bon les pins, la neige et les fleurs sauvages. Geli et Henny finissaient leurs
tâches ménagères vers midi et disposaient de leurs après-midi pour flâner dans
Berchtesgaden en dégustant des cornets de glace au chocolat, faire des
randonnées au-delà de la ligne des arbres sur le mont Kehlstein, chaussées de
souliers ferrés, et donner à Prinz des morceaux de neige à manger, remplir
frénétiquement les grilles de mots croisés le dimanche après la messe en jouant
à qui terminera la première, se tordre de rire en lisant à voix haute les
westerns de Karl May avec de fausses voix d’homme, s’allonger sur le ventre
dans le jardin d’hiver, le menton dans les mains, pour capter le faible son d’une
station de radio londonienne et écouter avec ferveur et sérieux de la musique
américaine, Ain’t She Sweet, Thou Swell, I Wanna Be loved by You, You Took
Advantage of Me.
    Angela alla s’installer dans la chambre de
Geli pour que les deux amies puissent partager son grand lit au rez-de-chaussée,
et bavarder, s’agiter et ricaner jusqu’à une ou deux heures du matin en
regardant les canaris voleter dans toute la pièce. Une fois, Henny raconta avec
une excitation enfantine l’intrigue d’un film d’épouvante que Geli n’avait pas
vu, dans lequel un savant diabolique tient une prostituée sous sa coupe et l’insémine
avec le sperme qu’il a prélevé sur un criminel venant d’être pendu. La femme
tombe enceinte, et en grandissant sa petite fille devient une séductrice somnambule
appelée Alraune, qui détruit tous les imbéciles amoureux d’elle.
    — Alraune est censée faire peur, dit
Henny. Mais c’est drôle, moi j’avais envie de lui ressembler.
    — D’être une femme fatale ?
    — Oui. D’avoir ce pouvoir.
    — Mais tu n’es pas un vampire ou un truc
comme ça ? sourit Geli.
    — Je te promets que tu en seras la
première informée.
    Une main derrière la tête, Henny pencha l’unique
chandelle qui éclairait l’obscurité, et la flamme se déforma tandis que de la
cire blanche tombait sur le rebord de la fenêtre.
    — Tu es toujours vierge ?
    Geli admit que non.
    — Qui est-ce ?
    — Oh, soupira-t-elle. J’ai oublié.
    — À Vienne ?
    — Parlons d’autre chose.
    — Toi et Emil, vous… ?
    — Nous ne sommes pas mariés, Fräulein
Hoffmann.
    Henny se souleva sur un coude pour regarder
Geli, fascinée.
    — Emil a du sens moral maintenant,

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