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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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c’est
nouveau ! Emil Maurice ? railla-t-elle.
    — Avec moi, oui, se défendit Geli, sur un
ton de pruderie affectée.
    — Alors, c’est parce qu’il a la frousse
de ton oncle Adolf, dit Henny en se laissant tomber sur son oreiller.
    Elle balaya quelques fins cheveux bruns de son
visage, et sembla prête à s’endormir.
    — Qui n’en a pas peur ? continua-t-elle
cependant.
    — Ton père ?
    — Heinrich ? Quelle blague !
    — Ma mère.
    — Angela ? Oh, arrête ! Elle
est disposée à faire tout ce qu’il dit. Dès qu’il le dit. Ce n’est pas vrai ?
    Silence.
    — Ça, c’est un bon jeu, sourit Henny. Qui
n’a pas la trouille d’Adolf Hitler ? Réfléchissons. Herr Doktor Goebbels ?
    — Une trouille bleue.
    — Herr Himmler ? Pareil.
    — Rudi l’avoue sans honte.
    — Qui d’autre ? demanda Henny. Herr
Rosenberg ?
    — Ce lèche-bottes !
    — Et Herr Göring redevient un petit
garçon quand ton oncle est dans les parages.
    — Et il porte sa puérilité comme une
médaille.
    — Et toi ?
    — Est-ce que je suis toujours vierge ?
Je t’ai déjà répondu.
    Henny lui donna un coup de coude dans l’épaule.
    Geli réfléchit un instant avant de répondre.
    — Non. Je n’ai pas peur de lui.
    Le silence avala même le son de leur
respiration. On n’entendit plus que le faible sifflement de la chandelle.
    — C’est sans doute vrai, concéda Henny.
    — Qu’est-ce que je gagne ?
    Il y eut un moment de silence.
    — Mon étonnement.
    Le 28 juillet, le
jour de son anniversaire, Henny et Geli laissèrent Angela faire la grasse
matinée pendant qu’elles confectionnaient un petit déjeuner composé de crêpes
Suzette, d’orange et de raisin, et une cafetière d’expresso à l’italienne. Léo
Raubal, qui approchait des vingt-deux ans, était parti de Vienne à quatre
heures du matin pour être là à temps et pouvoir se faufiler avec elles dans la
chambre avec le plateau, et ils la réveillèrent en chantant en chœur les
premiers vers d’un air de La Flûte enchantée, l’opéra préféré d’Angela.
    D’abord, elle fut étonnée de voir le soleil
entrer à flots et chercha le réveil que sa fille avait subtilisé pendant la
nuit.
    — Quelle heure est-il ?
    — Dix heures et demie, répondit Geli. Nous
t’avons laissée dormir.
    Stupéfaite, Angela remarqua alors la présence
de son grand fils, et elle se mit à fourrager dans ses cheveux grisonnants, aussi
fourchus et emmêlés qu’un paquet d’algues.
    — C’est cruel, mes enfants, de me
surprendre comme ça, dit-elle d’un ton bourru.
    Léo sourit.
    — On a bien pensé à inviter les autres
aussi, mais ils ne connaissent pas la chanson.
    Angela entendit Heinrich Hoffmann dans la
salle à manger, qui racontait d’une voix de stentor une blague sur Göring – le
premier homme à utiliser un parachute pour monter vers les hautes
sphères. On entendit de nombreux rires masculins.
    — Qui est ici ? demanda Angela en
remontant un drap sur sa chemise de nuit.
    — Emil, répondit Geli. Et Putzi
Hanfstaengl, qui arrive de France.
    — Et mon père, comme vous l’avez constaté,
ajouta Henny. Et Machin, celui qui a perdu ses orteils au front.
    — Julius Schaub.
    — Pour être avec leur Führer, dit Angela.
Sans quoi il risquerait de les oublier. Ils doivent avoir faim ?
    Geli répondit qu’ils avaient eu à manger, et
suggéra à sa mère d’aller se faire une beauté parce que le chauffeur des
Bechstein la conduirait à Salzbourg avec son amie Ilse Meier pour y passer la
journée.
    — Mais qu’est-ce que tu vas faire avec
tous ces invités ?
    — Nous allons pique-niquer sur les bords
du lac Chiemsee.
    Angela extirpa du lit ses membres endoloris en
murmurant « mer… credi » pour ne pas dire de gros mots, et se dirigea
clopin-clopant vers la salle de bains.
    — Vous exigez trop de votre vieille mère
le jour de son anniversaire.
    Geli alla passer une robe bain de soleil
ajustée, bleu marine avec des dessins géométriques blancs, des socquettes
blanches et des richelieus marron. Elle se brossa les cheveux pour la troisième
fois de la journée et descendit à la salle à manger.
    Putzi Hanfstaengl était désormais un Herr
Doktor, ayant enfin obtenu son doctorat d’histoire avec une thèse sur les
Pays-Bas autrichiens et la Bavière au XVIII e siècle ;
mais là, il discutait avec Hoffmann du fait que l’entreprise familiale allait
pouvoir photographier les œuvres

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