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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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abonnement à l’Opéra et une maison de
week-end dans le Wienerwald. Ses amies auraient de bonnes manières, une bonne
éducation, et seraient gentilles. Elle chanterait. Elle serait en sécurité. Elle…
    Elle sentit que Prinz flairait son visage de
façon insistante et se rendit compte qu’elle s’était assoupie. Le chien était
inquiet à son sujet, mais lorsque Hitler cria : « Prinz ! Au
pied ! » il courut vers son maître. Henny s’étalait sans honte, comme
elle l’avait vu faire aux modèles de son père, mais Hitler détourna la tête. Geli
se pencha en avant pour cacher le plus qu’elle pouvait. Elle abrita ses yeux de
ses mains mais ne put voir le visage de son oncle en raison du soleil violent
derrière lui. Marchant tranquillement dans leur direction sur le sable blanc, il
portait toujours son costume de flanelle grise et sa cravate jaune, mais avait
enlevé ses chaussures et ses chaussettes, et roulé son pantalon sur ses mollets
glabres et blancs.
    — Deux jolies filles toutes nues au
soleil, avec rien sur le dos, fit-il d’un ton menaçant. Et de qui parlent-elles ?
De moi. Je devrais en tomber raide mort, poursuivit-il avec un sourire. Tout ce
que je vais entreprendre désormais ne sera que déception.
    — Vous nous avez entendues ? sourit
Geli.
    — Et regardées, répondit-il.
    Il tenait sous son bras un carnet de croquis
qu’il tendit nerveusement à sa nièce. Geli passa d’anciens dessins
architecturaux de la future autoroute qu’il avait imaginée entre Munich et Salzbourg,
des croquis d’un formidable complexe universitaire sur le Chiemsee, ainsi qu’un
restaurant Art déco qu’il avait barré d’une croix. Puis elle se vit, fraîchement
dessinée, les pieds sans les détails complexes des orteils et les mains sans
doigts, la tête tournée sur le côté, la chevelure fauve indisciplinée tombant
en cascade de façon qu’il n’ait pas à rater les traits de son visage.
    Mais le torse était assez bien rendu, les
globes de ses seins légèrement aplatis et étalés sur la cage thoracique, les
ombres et les rondeurs habilement barbouillées avec le pouce, les hanches plus
larges qu’elle ne l’aurait voulu, et la vulve représentée avec une précision
crue puis – par gêne ? – hachurée pour rendre les poils pubiens. Elle leva
les yeux vers son oncle et reconnut son agitation et sa réserve, sa
vulnérabilité séduisante, son besoin enfantin de récompense. Désormais, tu
es à ma merci, pensa-t-elle.
    — Mais c’est excellent, oncle Alf ! s’exclama-t-elle,
flatteuse.
    — Tu trouves ? répondit-il l’air
ravi.
    — Oui, vraiment.
    Hitler fit face au lac tandis que Geli
poussait le carnet vers son amie.
    — Sexy, dit celle-ci.
    Geli lui lança un regard noir. Tu es folle,
ou quoi ?
    —  C’est bien dessiné,
dit Henny.
    Hitler avait rougi, et son dos leur était
aussi fermé qu’un mur.
    — Ne cherchez pas à me faire plaisir. Ce
serait de la pitié. J’ai bien trop de talent pour ça.
    Geli effleura la jambe de son pantalon qui
tremblait.
    — Non, franchement, on pense que c’est
bon.
    — Merci bien, dit-il d’un ton espiègle. Et
maintenant, jeunes filles, si vous passiez un vêtement pour aller préparer le
déjeuner ?
    Léo trouva sa sœur
en train de rincer la vaisselle.
    — On n’a pas encore pu se parler, dit-il.
    Ils s’éloignèrent du groupe en flânant jusqu’à
une dune éphémère où, allongés sur le ventre, ils sentirent l’érosion sous leur
corps, tout en regardant le vent chaud poursuivre les vagues vertes et vives.
    — On est assez loin ? demanda Léo.
    — Pourquoi ?
    Léo prit deux cigarettes de tabac turc roulées
à la main dans la poche de sa chemise froissée, en offrit une à sa sœur, et l’alluma
avec une allumette à friction. D’un geste qui se voulait élégant, elle tint la
cigarette dans sa main droite exactement comme le faisait son frère aîné. Elle
lui sourit en regardant son visage sympathique, mais sans beauté. En quelques
années, son crâne s’était dégarni, il ne restait plus qu’une bande de cheveux
noirs peignés en arrière de la largeur d’une main, encadrée par deux morceaux
de front en forme de talons de chaussure. Avec ça une moustache qu’elle ne
trouvait pas très heureuse, à peine un peu plus large que celle d’Hitler ;
mais quand elle le questionna à ce sujet, il répondit que c’était la mode pour
les professeurs de Realschule.
    —  Et c’est

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