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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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environ, furent enchaînés et conduits dans un camp de
la plaine néronienne, où on les condamna à travailler sur le chantier du mur
léonin.
    Avec cet apport
de bras supplémentaires, le rempart s’éleva rapidement. En trois ans, ce chef-d’œuvre
d’architecture fut achevé. C’était la plus extraordinaire construction réalisée
à Rome depuis quatre siècles. L’ensemble du Vatican était désormais protégé par
un rempart épais de douze pieds et haut de quarante, défendu par
quarante-quatre tours massives. Il disposait de deux chemins de ronde superposés.
Le chemin inférieur était soutenu par un alignement de gracieuses arcades.
Trois portes donnaient accès à la ville : la Posterula Sant’Angeli, la
Posterula Saxonum  – ainsi nommée parce qu’elle s’ouvrait sur le quartier
saxon  – et la Posterula San Peegrinus, porte principale, par laquelle les
futures générations de rois et de princes seraient appelées à passer pour se
recueillir sur le tombeau de saint Pierre.
    Aussi remarquable
fût-il, ce rempart n’était que le premier d’une série d’ambitieux projets
nourris par Léon pour la cité sainte. Fermement décidé à « restaurer tous
les lieux saints », il s’engagea dans une vaste entreprise de rénovation.
Le son des enclumes résonnait jour et nuit d’un bout à l’autre de la ville au
gré des travaux, qui se déplaçaient d’église en église. La basilique saxonne,
incendiée, fut entièrement reconstruite, ainsi que l’église frisonne de San
Michele et que la paroisse des Sancti Quattro Coronati, dont Léon avait été le
cardinal.
    Et surtout, le
pape entreprit de restaurer Saint-Pierre. Brûlé, noirci, le portique fut
intégralement refait ; les portes de la basilique, dépouillées de leur
orfèvrerie par les Sarrasins, furent ornées d’éclatantes plaques d’argent, sur
lesquelles les plus célèbres épisodes de l’histoire sainte furent gravés avec
une stupéfiante précision. Le fabuleux trésor ravi par les infidèles ne tarda
pas à être remplacé : le maître-autel reçut un nouvel habillage d’or et d’argent
et fut surmonté d’un crucifix d’or massif incrusté de perles, d’émeraudes et de
diamants ; un ciboire d’argent lourd de mille livres fut monté sur quatre
grandes colonnes du plus pur travertin, décorées de lis sculptés. L’autel fut
éclairé par des suspensions à chaînes d’argent garnies de boules d’or, dont la
mouvante lumière caressait une éblouissante profusion de calices truffés de
pierreries, de lutrins d’argent ouvragé, de riches tapisseries et de tentures
de soie. La majestueuse basilique rayonnait de nouveau d’une splendeur capable
d’éclipser sa magnificence passée.
     
     
    Jeanne finit par
s’inquiéter au spectacle des flots d’or qui s’échappaient des coffres
pontificaux. Sans nul doute, Léon avait recréé un sanctuaire dont la beauté
imposait le respect. Mais la majorité des gens qui vivaient à proximité de ce
fabuleux spectacle connaissaient une misère brutale et dégradante. En fondant
la plus petite des plaques d’argent de Saint-Pierre pour en faire des pièces de
monnaie, on aurait pu nourrir et vêtir la population entière du Champ de Mars
pendant toute une année. Le culte du Seigneur méritait-il un tel sacrifice ?
    Gerold était le
seul être au monde devant lequel elle fût capable de formuler une aussi
dangereuse question. Quand elle le fit, celui-ci réfléchit un moment avant de
répondre :
    — J’ai déjà
entendu affirmer que la beauté d’un sanctuaire apporte aux fidèles une autre
sorte d’aliment  – celui de l’âme, et non celui des corps.
    — N’est-il
pas difficile de distinguer la voix de Dieu sous les grondements d’un estomac
vide ?
    Attendri, Gerold
secoua la tête.
    — Tu n’as
pas changé, Jeanne. Te rappelles-tu le fameux jour où tu demandas à Odo comment
il pouvait être si sûr de la réalité de la Résurrection, puisqu’on n’en
connaissait aucun témoin ?
    — Je m’en
souviens. Je me souviens aussi de la façon dont il m’a répondu, ajouta-t-elle
en montrant la cicatrice qui lui traversait la paume.
    — Quand j’ai
vu ta blessure, j’ai eu envie de le rouer de coups. Et crois-moi, je l’aurais
fait si je n’avais su que cela ne ferait qu’aggraver la situation.
    — Tu as
toujours voulu jouer les protecteurs, remarqua Jeanne en souriant.
    — Quant à
toi, tu as toujours eu une âme

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