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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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pas de dangers. Mais avait-il le choix ?
     
     
    Pendant dix
jours, la ville resta dans l’expectative. Quand enfin la flotte napolitaine se
présenta à Porto, aux bouches du Tibre, Léon s’empressa de partir à sa
rencontre, escorté par une imposante suite de miliciens en armes placée sous
les ordres de Gerold.
    L’anxiété des
Romains ne se dissipa qu’à l’instant où César, le commandant de la flotte, se
prosterna devant le pape et lui baisa humblement les pieds. Avec un soulagement
dont il ne laissa rien paraître, Léon lui donna sa bénédiction et lui confia
solennellement la garde des saintes dépouilles des apôtres Pierre et Paul.
    Rome avait
survécu au premier coup de dés du destin. Son avenir tout entier allait se
jouer au second.
     
     
    Le lendemain
matin, en effet, la flotte sarrasine fut en vue. Ses voiles triangulaires
étranglèrent l’horizon comme des serres d’aigle. Jeanne entreprit de compter
les vaisseaux au fur et à mesure de leur apparition. Cinquante,
cinquante-trois, cinquante-sept... Il en venait encore. Quatre-vingts, quatre-
vingt-dix, et la flotte grossissait toujours. Où donc les infidèles avaient-ils
trouvé tant de navires ? Cent, cent dix, cent vingt... Les Napolitains ne
disposaient que de soixante et une galères. En les ajoutant aux six birèmes
romaines en état de naviguer, on obtenait un total de soixante-sept vaisseaux,
soit deux fois moins que l’ennemi !
    Debout sur le
parvis de l’église, Léon conduisait la prière du peuple de Porto.
    — Ô Seigneur
Dieu, Toi qui sauvas Pierre de la noyade quand il dut marcher sur les vagues,
Toi qui arrachas Paul au gouffre de la mer, entends notre prière. Donne aux
armes de tes fidèles serviteurs le pouvoir de vaincre et de repousser les
ennemis de ton Église, afin que grâce à leur victoire ton nom puisse être
glorifié dans toutes les nations !
    — Amen !
répondit un chœur vibrant de poitrines.
    Depuis le pont du
navire amiral, César lança un ordre. Les Napolitains s’arc-boutèrent aussitôt à
leurs rames, muscles bandés. Pendant un bref instant, les lourdes birèmes
parurent rester en suspens sur l’eau. Puis elles se mirent en branle avec de
grands gémissements.
    Les deux rangées
de rames superposées se soulevaient et replongeaient en cadence, scintillantes
comme des joyaux. Le vent gonfla les voiles, et les birèmes partirent vers le
large, en fendant l’onde turquoise de leur étrave bardée de fer.
    Les navires
sarrasins changèrent de cap pour venir à leur rencontre. Mais avant que les
deux flottes ennemies aient pu se défier, un formidable grondement de tonnerre
salua l’arrivée d’une tempête. Le ciel s’obscurcit, envahi de nuages noirs. Les
lourdes galères napolitaines battirent en retraite et réussirent à se mettre en
lieu sûr. Mais les vaisseaux sarrasins, le franc-bord abaissé pour être plus
rapides au combat, étaient bien trop légers pour résister à la tourmente. Ils
se mirent à rouler et à tanguer sur les vagues de plus en plus grosses,
ballottés comme des morceaux d’écorce, s’entréventrant de leurs éperons de fer.
    Bon nombre d’entre
eux cinglèrent vers la côte, mais à peine eurent-ils touché terre qu’ils furent
abordés. Stimulés par la violente colère qui suit toujours la terreur, les
Romains massacrèrent leurs équipages sans merci, les traînant à terre et les
pendant haut et court sous les gibets improvisés qu’ils venaient de dresser le
long du rivage. Témoins de l’infortune de leurs frères, les autres vaisseaux
infidèles repartirent vers le large, où ils furent brisés comme fétus de paille
par des lames gigantesques et rugissantes.
    Jeanne observa Léon.
Il se tenait toujours devant l’église, bras levés, visage tourné vers le ciel
en signe de gratitude. On eût dit un saint touché par la présence divine.
    Peut-être
est-il vraiment capable de miracles, se dit-elle en
s’agenouillant respectueusement devant lui.
     
     
    — Victoire !
Victoire à Ostie !
    La merveilleuse
nouvelle se répandit dans les rues de Rome. Les Romains sortirent de leurs
maisons, les portes des entrepôts pontificaux furent ouvertes, le vin coula à
flots. Pendant trois jours, la ville se livra à une formidable beuverie de
triomphe.
    Cinq cents
Sarrasins furent promenés dans Rome, au milieu d’une foule goguenarde et
hostile. Bon nombre d’entre eux furent lapidés ou battus à mort en chemin. Les
survivants, trois cents

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