Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
Vom Netzwerk:
parlerait ? lâcha-t-il,
visiblement sur la défensive. En me trahissant, il s’est condamné lui-même.
    — Tu as
commis l’erreur de lui laisser la vie sauve, lâcha Arsène d’un ton distrait. Tu
aurais dû lui faire trancher la gorge sitôt son forfait commis. Mais ce qui est
fait est fait. Réfléchissons plutôt à l’avenir.
    — À l’avenir ?
fit Anastase. Quel avenir ?
    — Le
désespoir est permis aux faibles, mon fils, pas aux hommes de notre trempe.
    — Mais que
puis-je faire ? Ma situation est plus que compromise !
    — Tu dois
quitter Rome. Ce soir. Tout de suite.
    Le monde s’écroulait.
    — Mon Dieu !
s’écria Anastase en se couvrant le visage de ses mains.
    — Il suffit !
lâcha Arsène, sévère. Rappelle-toi qui tu es et ce que tu représentes.
    Anastase se
redressa quelque peu et fit un effort pour se maîtriser.
    — Tu iras à
Aix, commanda son père. À la cour impériale.
    Anastase le
regarda fixement. La peur vertigineuse qui lui étreignait le cœur l’empêchait
de penser.
    — Mais,
Père... Lothaire sait que je l’ai dénoncé lors de l’élection.
    — Et il sait
également pourquoi tu as été contraint de le faire. L’homme est assez habile
pour comprendre les contingences politiques. Comment crois-tu qu’il aurait
réussi, sans cette qualité, à déposséder son père et ses frères du trône impérial ?
Et, surtout, il a besoin d’or.
    Arsène souleva
une grosse bourse de cuir posée sur la table et la tendit à Anastase.
    — Si le
plumage impérial est encore froissé, voilà de quoi aider à le lisser. Anastase
considéra la bourse d’un air lugubre. Faudra-t-il vraiment que je quitte
Rome ? L’idée de vivre en exil jusqu’à la fin de ses jours au sein d’une
tribu de barbares l’emplissait de dégoût. Autant mourir tout de suite.
    — Considère
cela comme une chance, poursuivit son père. Tu auras l’opportunité de lier des
amitiés extrêmement puissantes à la cour de l’empereur. Elles te seront fort
utiles quand tu seras pape.
    Quand je serai
pape... Ces mots traversèrent laborieusement l’épais
brouillard jeté sur toutes choses par le désespoir d’Anastase. Son exil n’était
donc peut-être pas définitif.
    — Je
veillerai sur tes intérêts, n’aie crainte, ajouta Arsène. Le vent de l’opinion
ne soufflera pas éternellement en faveur de Léon. Cette vague-là finira par s’essouffler,
puis par se retirer. Je t’enverrai chercher dès que je jugerai le temps venu.
    La profonde
nausée qui s’était emparée d’Anastase reflua peu à peu. Son père n’avait pas
abandonné tout espoir. Il lui restait une chance.
    — Je t’ai
trouvé une escorte, dit sèchement Arsène. Douze de mes meilleurs hommes t’accompagneront
en terre franque. Suis-moi, je te conduis aux écuries.
     
     
    Ils trouvèrent
les douze gardes en selle et prêts à partir. Chacun d’eux était armé d’un
glaive, d’une pique et d’une masse. Anastase ne manquerait pas de protection en
chemin. Sa monture l’attendait, piaffant d’impatience  – un animal aussi
puissant qu’intrépide, qu’Anastase reconnut pour être l’étalon favori de son
père.
    — Il reste
deux ou trois heures de jour, dit Arsène. C’est amplement suffisant pour vous
permettre de prendre une solide avance. Les gens du pape ne viendront pas
aujourd’hui. Rien ne leur permet de penser que tu soupçonnes quelque chose, et
Léon prendra sûrement soin de rédiger une assignation officielle avant de te
faire mettre aux arrêts. Ils ne te rechercheront pas avant demain matin, et ils
commenceront par Saint-Marcel. Quand ils auront l’idée de venir ici, tu seras
loin.
    Anastase sentit
monter en lui une bouffée d’inquiétude.
    — Et vous,
Père ?
    — Ils n’ont
aucune raison de me soupçonner. De toute façon, s’ils tentent de m’interroger à
ton sujet, ils s’apercevront bien vite que c’est un loup qu’ils viennent d’attraper
par la queue.
    Le père et le
fils se donnèrent l’accolade.
    Est-il
possible que tout cela arrive réellement ? se
demanda Anastase, toujours sous le choc. Les choses allaient trop vite pour son
entendement.
    — Dieu soit
avec toi, mon fils.
    — Et avec
vous, Père.
    Anastase tourna
les talons, enfourcha son cheval et l’éperonna sans tarder, afin que son père n’aperçût
pas les larmes qui brillaient dans ses yeux. Peu après avoir franchi les portes
du palais, il se retourna pour jeter un dernier

Weitere Kostenlose Bücher