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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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ébranlé par tant de détermination.
    Pendant toute une
semaine, l’état de Léon ne cessa de s’améliorer. Ses douleurs disparurent, ses
couleurs revinrent, et il semblait même retrouver un peu de son ancienne
énergie. Quand Jeanne lui apporta son bol de potion, un soir, le pape jeta sur
la mixture laiteuse un regard désabusé.
    — Et si je
mangeais plutôt un pâté de viande ?
    — Vous
retrouvez votre appétit, Votre Sainteté, et c’est bon signe. Mais il vaut mieux
ne pas précipiter les choses. Je reviendrai demain matin. Si vous avez encore
faim, vous serez autorisé à boire un peu de potage aux herbes.
    — Tyran, fit
le pontife.
    Elle sourit.
Comme il était doux de le voir de nouveau d’humeur espiègle !
     
     
    Le lendemain
matin, de très bonne heure, elle constata que Léon avait rechuté. Incapable de
répondre à ses questions, il gémissait de douleur.
    Elle s’empressa
de préparer une nouvelle dose de potion émolliente. Ce faisant, son regard
tomba sur une assiette vide, posée sur la table de chevet. Elle contenait
quelques miettes.
    — Qu’est
ceci ? demanda-t-elle à Renaud, le jeune chambellan particulier du pape.
    — Ce sont
les restes du pâté de viande que vous lui avez fait servir, répondit l’adolescent.
    — Je ne lui
ai rien fait servir de tel.
    — Mais...
messire, le vice-dominus m’a bien précisé que vous l’aviez expressément
ordonné.
    À force de
considérer Léon, toujours tordu de douleur sur son lit, Jeanne sentit un
horrible soupçon naître en elle.
    — Vite, fais
venir le superista et la garde ! s’écria-t-elle. Que personne ne laisse
Waldipert quitter le palais !
    Le chambellan
hésita un instant, puis s’en alla à grandes enjambées.
    D’une main
tremblante, Jeanne prépara un puissant vomitif à base de moutarde et de racine
de sureau, qu’elle réussit à glisser avec une cuiller entre les mâchoires
crispées du pape. Quelques instants plus tard, celui-ci fut secoué d’un spasme
violent. Son corps tout entier se contracta, mais il ne réussit à vomir qu’un
filet de bile verdâtre.
    Trop tard. Le
poison a déjà quitté son estomac. Il a déjà entamé son œuvre de mort. Léon étouffait.
    Que pouvait-elle
faire d’autre ?
     
     
    Sur ordre de
Gerold, les moindres recoins du palais furent fouillés. Waldipert resta
introuvable. Sans tarder, le vice- dominus fut déclaré criminel et fugitif, et
une grande battue fut instituée en ville et dans la campagne environnante.
Hélas, elle ne donna aucun résultat. Waldipert s’était volatilisé.
    Les recherches
étaient sur le point de cesser lorsqu’on le retrouva enfin. Il flottait entre
deux eaux sur le Tibre, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre, les traits
figés en une grimace de surprise.
     
     
    Le haut clergé et
les plus grands dignitaires laïcs de Rome étaient rassemblés dans la chambre
papale. Ils se tenaient les uns contre les autres au pied du lit, comme s’ils
espéraient par ce contact se réconforter mutuellement.
    Les lampes à
huile de pavot brûlaient tout doucement dans leurs torchères d’argent. Dès la
première lueur de l’aube, le doyen des chambellans les éteignit afin de ne rien
perdre de leur précieuse substance. Ce simple geste domestique avait quelque
chose d’incongru dans de telles circonstances.
    Jeanne avait
longtemps cru que Léon ne tiendrait pas jusqu’au matin. Depuis des heures, il
ne réagissait plus ni à la voix, ni au toucher. Depuis des heures, son souffle
répétait le même enchaînement inexorable : suivant un horrible crescendo,
il devenait régulièrement plus sonore, au point de s’affoler tout à fait, puis
s’interrompait soudain. Un silence interminable s’ensuivait, au cours duquel
personne n’osait respirer. Enfin, l’effrayant cycle recommençait.
    Un léger
froissement d’étoffe attira l’attention de Jeanne. À l’autre bout de la
chambre, Eustathe, l’archiprêtre, pleurait en silence, pressant une manche de
sa robe contre sa bouche pour étouffer le son de ses sanglots.
    À cet instant,
Léon lâcha un soupir, long, bruyant, rauque, puis ce fut le silence, un silence
qui se prolongea, encore et encore. Jeanne se pencha sur lui. Toute vie avait
disparu des traits du pape. Elle lui ferma les yeux et tomba à genoux au pied
du lit.
    Eustathe poussa
un grand cri de lamentation. Les prélats et les optimates s’agenouillèrent pour
prier. Pascal, le primicerius, se signa, puis se

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