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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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alertes.
Ils étudièrent Jeanne et Gisla avec une intense perspicacité.
    — Ravissantes
petites colombes, ânonna-t-elle. Si jolies, si jeunes... Qu’attendez-vous de la
vieille Balthilde ?
    — Nous
voulions seulement...
    Jeanne renonça,
incapable de trouver une explication. Le regard de la vieille femme la
troublait.
    — ... savoir
ce qu’il y a à vendre ici, compléta Gisla.
    — Ce qu’il y
a à vendre ? Ce que j’ai à vendre ? Quelque chose que vous voulez,
mais que vous ne posséderez jamais.
    — Qu’est-ce
donc ? interrogea Gisla.
    — Quelque
chose qui vous appartient déjà, bien que vous n’en disposiez pas encore,
répondit la vieille avec un sourire édenté. Quelque chose qui n’a pas de prix,
et qui peut cependant être acheté.
    — Qu’est-ce ?
pressa la fille de Gerold.
    — L’avenir,
fit Balthilde, l’œil luisant. Votre avenir, petite colombe. Tout ce qui sera un
jour et n’est pas encore.
    — Une
diseuse de bonne aventure ! fit Gisla en frappant dans ses mains, fière d’avoir
résolu l’énigme. Voilà ce que vous êtes. Combien ?
    — Un sou.
    Un sou !
Douze deniers, c’est-à-dire le prix d’une excellente vache à lait, ou de deux
béliers de premier choix !
    — C’est
beaucoup trop, dit Gisla, confiante et ravie d’être de nouveau dans son
élément. Je vous en donne un denier.
    — Cinq
deniers.
    — Deux. Un
pour chacune, dit Gisla, en prenant deux pièces dans sa besace et en les
montrant à Balthilde.
    Celle-ci hésita,
prit les deniers et fit signe aux deux adolescentes de s’asseoir par terre.
Elles obéirent. La vieille femme prit les mains de Jeanne et la scruta d’un air
singulier. Elle resta longtemps silencieuse avant de prendre la parole.
    — Jolie
chimère, tu ne seras bientôt plus ce que tu es aujourd’hui. Tu deviendras
autre.
    Tout cela n’avait
guère de sens, si ce n’était que Jeanne serait bientôt femme. Mais pourquoi l’avait-elle
appelée « jolie chimère » ?
    — Tu rêves
de ce qui t’est interdit, reprit la diseuse de bonne aventure, serrant plus fort
les mains de Jeanne. Oui, jolie chimère, j’ai percé le désir secret de ton
cœur. Tu ne seras pas déçue. Tu connaîtras la gloire, au-delà de tes
espérances, et aussi le chagrin, au-delà de ton imagination.
    Balthilde lâcha
les mains de Jeanne et prit celles de Gisla. Celle-ci eut un clin d’œil amusé
pour son amie.
    — Tu te
marieras bientôt, et en grande pompe.
    — C’est la
vérité ! pouffa Gisla. Mais dites-moi, vieille femme, je ne vous ai point
payée pour apprendre ce que je sais déjà. Mon mariage sera-t-il heureux ?
    — Ni plus ni
moins que la plupart.
    Gisla leva les
yeux au ciel.
    — Tu seras
femme, mais jamais mère, psalmodia Balthilde.
    Le sourire de
Gisla s’évanouit.
    — Resterai-je
inféconde ?
    — Ton avenir
est sombre et vide, poursuivit la vieille femme, dont la voix évoquait de plus
en plus une lamentation. Tu connaîtras la douleur, la confusion et la terreur.
    La fille de
Gerold resta pétrifiée, tel un rat face au serpent.
    — Il suffît !
s’écria Jeanne, forçant Balthilde à lâcher les mains de son amie. Viens avec
moi, Gisla. Partons.
    Celle-ci la
suivit sans résister. Mais à l’extérieur de l’échoppe, elle fondit en larmes.
    — Ne sois
pas sotte, l’apaisa Jeanne. C’est une vieille folle, elle ne sait pas ce qu’elle
dit. Les diseurs de bonne aventure mentent comme des arracheurs de dents !
    Mais la fille de
Gerold pleura, encore et encore. De guerre lasse, Jeanne la conduisit vers un
étal de douceurs, où toutes deux se gavèrent de figues confites. L’humeur de
Gisla finit par s’améliorer.
    Cette nuit-là,
lorsqu’elles contèrent leur mésaventure au comte, celui-ci s’emporta.
    — C’est de
la sorcellerie, ni plus ni moins ! Vous me mènerez dès demain à cette
vieille. J’ai deux mots à lui dire, et je lui apprendrai à effrayer les pucelles !
Ma fille, garde-toi d’ajouter foi à ces balivernes. Pourquoi avoir sollicité
ses fallacieux conseils ? Quant à toi, dit-il en se tournant vers Jeanne,
je me serais attendu à un peu plus de discernement de ta part !
    Jeanne accepta la
réprimande sans mot dire. Cependant, une part d’elle-même désirait profondément
croire à la réalité des pouvoirs de Balthilde. La vieille femme n’avait-elle
pas prédit qu’elle réaliserait son désir secret ? Si elle avait dit vrai,
elle accéderait à la

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