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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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l’inspecta.
    — Sauriez-vous
la refermer ? demanda-t-elle, bien décidée à relever le défi que les yeux
du comte semblaient lui lancer.
    Gerold leva les
mains et frappa dans ses paumes trois fois. Un instant plus tard, la porte
grinça, et bascula sur ses gonds. Jeanne observa son mouvement avec une extrême
vigilance, mais ne remarqua rien d’anormal, ni sur le panneau de chêne, ni sur
la poignée, ni sur les gonds de fer.
    La porte s’était
refermée.
    — Eh bien ?
interrogea Gerold, le regard malicieux.
    Jeanne hésita, n’aimant
guère l’idée de déclarer forfait. Au moment où elle allait s’avouer vaincue, un
bruit ténu s’éleva quelque part au-dessus d’elle. Dans un premier temps, elle
ne parvint pas à l’identifier. Ce son, quoique familier, avait ici quelque
chose de déplacé.
    Soudain, elle
reconnut le chant de l’eau qui coule.
    — Une
machine hydraulique ! s’écria-t-elle. Celle que décrivait le manuscrit de
Saint-Denis ! Vous l’avez construite !
    Gerold s’esclaffa.
    — Disons
plutôt que je l’ai adaptée. Car l’autre était conçue pour pomper l’eau, non
pour ouvrir les portes !
    — Comment
fonctionne-t-elle ?
    Le comte lui
montra le mécanisme, caché sous la charpente vermoulue à dix grands pas de la
porte, ce qui expliquait qu’elle ne l’eût point repéré. Il lui détailla un
système complexe de leviers, de poulies et de contrepoids, relié au panneau
intérieur de la porte par deux fines tiges de fer à peine visibles. Il avait
actionné le tout en tirant sur une corde lorsqu’il avait fait le tour de la
maison.
    — Splendide !
s’exclama-t-elle à la fin de son exposé. Pour- riez-vous recommencer ?
    — Impossible.
Il faudrait pour cela que j’alimente le réservoir d’eau.
    — Allons-y.
Où sont les seaux ?
    — Tu es
incorrigible ! s’exclama Gerold en lui donnant une chaleureuse accolade.
    Au contact de son
torse ferme et de ses bras puissants, Jeanne se sentit fondre. Il la relâcha
tout à coup.
    — Viens,
dit-il d’un ton bourru. Les seaux sont derrière.
    Ils les portèrent
jusqu’au ruisseau, à un quart de mille, les remplirent, revinrent, versèrent
tout leur contenu dans le récipient, puis répétèrent la manœuvre. Au troisième
voyage, la tête finit par leur tourner. Le soleil était chaud, l’air chargé de
promesses printanières, et leurs cœurs légers.
    — Gerold,
regardez ! cria Jeanne, enfoncée jusqu’aux genoux dans l’eau fraîche du
ruisseau.
    Quand il se
retourna, elle l’aspergea du contenu de son seau, mouillant l’avant de sa
tunique.
    — Petite
diablesse !
    Il emplit son
seau et l’aspergea en retour. Ils jouèrent à s’éclabousser mutuellement, dans
une pluie de gouttelettes, jusqu’à ce que Jeanne fût déséquilibrée par une
attaque de Gerold au moment où elle se penchait pour remplir son seau. Elle
glissa, et tomba lourdement dans le ruisseau. L’onde se referma au-dessus de sa
tête, et pendant un bref instant, elle fut prise de panique, incapable de retrouver
sous ses pieds le contact des galets.
    Le bras de Gerold
lui ceignit la taille, la ramena à la surface, et la remit d’aplomb.
    — Je te
tiens, Jeanne, murmura-t-il à son oreille pour l’apaiser, je te tiens.
    Elle s’accrocha à
lui. Leurs tuniques mouillées collaient l’une à l’autre, soulignant la
promiscuité de leurs corps.
    — Je vous
aime, souffla-t-elle. Je vous aime.
    — Jeanne, ma
chère petite perle...
    Soudain, la
bouche de Gerold fut sur la sienne, et elle lui rendit son baiser, envahie par
une passion irrépressible à force d’être retenue. L’air, autour d’elle,
semblait murmurer le nom de l’être aimé. Gerold, Gerold...
    Tous deux étaient
à cent lieues de se douter que, dans les ombres du bosquet qui bordait la crête
de la colline, quelqu’un les observait.
     
     
    Odo était en
route vers Héristal où il devait rendre visite à son oncle, l’un des saints
frères de l’abbaye, quand sa mule, incapable de résister à l’appel d’un bouquet
de trèfle des plus appétissants, avait quitté le sentier. Son maître avait eu
beau l’accabler de jurons, tirer sur sa bride et la fouetter de sa cravache de
roseau, elle n’avait rien voulu entendre. De guerre lasse, Odo s’était laissé
entraîner jusqu’au bord de la crête. Et là, baissant les yeux vers le ruisseau,
il avait vu.
    Femme instruite
n’est jamais chaste. Une phrase de saint Paul...

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