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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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nos cartes marines nous trouverons sa longitude et sa latitude.
    — Ce ne sera peut-être pas nécessaire, s’enthousiasma Corneille.
    Il enleva la carte et la passa au-dessus d’une flamme, en révélant ainsi les mots qu’on y avait inscrits au jus de citron.
    Mary contint une envie de rire. Corneille avait dû passer du temps à cette mascarade. Elle était grossière, mais Junior s’y laissait berner. Il avait l’œil pétillant et arracha presque la carte pour en déchiffrer le codage.
    — Il y a des coordonnées… jubila-t-il. Et là il est écrit : trois pas à l’ouest et douze au nord, deux encore à l’ouest. A partir de quoi ?
    Il repassa la feuille au-dessus de la flamme.
    — Il en manque un bout.
    — En ce cas, il va nous falloir du temps pour retrouver cette île, grommela Corneille.
    — Qu’à cela ne tienne. On ne va pas laisser perdre ce trésor, n’est-ce pas, maman ?
    — Certainement pas, assura Mary. Mais pour l’heure, nous avons un galion à piller.
    — J’y cours ! s’exclama Junior en glissant la précieuse carte dans son gilet.
    — T’avise pas de nous doubler, garçon, grinça Duncan en le retenant par le bras au seuil de la porte.
    — Pas de danger, capitaine. Cette carte sera mieux gardée sur moi que par un régiment entier.
    Junior fila.
    — Belle farce, affirma Mary en pouffant, mais je doute qu’il en goûte le sel lorsqu’il verra que ce trésor est un leurre.
    — Un leurre ? s’étonna Duncan. Mais pas du tout, Mary. Cette carte est authentique.
    Mary s’immobilisa et se tourna vers Corneille, suspicieuse.
    — Je croyais que c’était toi qui l’avais fabriquée.
    — Je me suis contenté de la poser sur ce bureau, avoua-t-il.
    — Cette carte est tombée entre mes mains il y a deux semaines, révéla Duncan. Je m’étais endetté au jeu. J’ai misé mon navire sur la dernière partie, espérant me refaire. Le pirate contre lequel je jouais n’avait rien d’équivalent à offrir, sinon ça. J’ai accepté. J’ai gagné.
    — Le butin était à lui ?
    — Non. Il avait lui-même volé la carte à un dénommé Martin. Il cherchait en fait un navire pour s’y rendre. D’où cette partie pour récupérer le mien.
    — Pourquoi t’associer à nous ?
    — Parce que tu as raison sur un point, expliqua Duncan. Ces coordonnées sont celles de Port-Royal qui a été engloutie il y a dix-sept ans. Ce fameux trésor est aujourd’hui sous l’eau et le retrouver nécessite beaucoup de ténacité. Quand Corneille m’a parlé de son inquiétude vis-à-vis de Junior, je me suis dit que ce serait une bonne idée de le lui céder.
    — J’en suis touché, Duncan. Vraiment, dit Mary. Mais vous auriez pu me mettre dans la confidence.
    — Et gâter ton plaisir ? jubila Corneille. Certainement pas, princesse. Allons, il vaut mieux ne pas traîner sur ce bâtiment.
    Mary hocha la tête et emboîta le pas à Corneille, laissant Duncan fouiller la cabine du commandant dans l’espoir de quelque butin supplémentaire.
    Sur le pont, l’activité était intense. Le galion était chargé en majeure partie d’épices et de fèves de cacao en provenance du Mexique. Le temps où ces bâtiments transportaient vers l’Espagne les trésors aztèques était bel et bien révolu. A défaut d’or, ils firent provision abondante de vin, d’eau et de vivres, de tabac et de café, sans parler de la drome.
    Il y avait de nombreuses pertes de part et d’autre. Mary enjamba des corps mutilés. Le cabestan gisait, éclaté par les boulets. Barks, sur le gaillard d’avant, gesticulait, donnant ses ordres pour que les prisonniers soient transférés sur son navire.
    Mary abandonna Corneille pour regagner le Bay Daniel de nouveau, la fièvre brouillait ses idées. Elle se sentait lasse. Elle enjamba la passerelle qui reliait les deux navires, serrant le bord pour laisser le passage aux matelots lourdement chargés, lorsqu’un vertige la saisit. Elle vacilla, ne trouva rien à quoi se rattraper et perdit connaissance avant de toucher l’eau tourbillonnante entre les deux carènes.
    Le cri des matelots fit tourner tête à Corneille.
    — Mary à la mer ! Mary à la mer !
    Il ne prit pas le temps de s’interroger. Il se précipita pour rejoindre les hommes qui déjà s’activaient. Alerté alors qu’il remontait un tonneau de la cale avec un autre matelot, Junior s’élança à son tour. Avant que l’un d’eux ne parvienne sur le lieu du drame,

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