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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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lettre ?
    Soulagé de n’être pas grondé, le
garçon sourit.
    — Oui, j’apporte une réponse.
Elle est ici même.
    Avec une expression de triomphe,
il pécha la lettre dans son kimono.
    — Donne.
    Iori s’avança, à genoux, et plaça
le papier plié dans la main tendue de Musashi. « J’ai le regret de vous
dire, avait écrit Sukekurō, que le seigneur Munenori, en sa qualité
d’instructeur du shōgun, ne saurait se livrer à une passe d’armes avec
vous, ainsi que vous l’avez demandé. Si toutefois vous venez nous voir pour un
autre motif, il se peut que Sa Seigneurie vous accueille au dōjō. Si
vous avez toujours envie de vous mesurer au style Yagyū, la meilleure
solution serait, je crois, que vous affrontiez Yagyū Hyōgō.
Pourtant, j’ai le regret de vous dire qu’il est parti hier pour Yamato afin de
se rendre au chevet du seigneur Sekishūsai, gravement malade. En ces
conditions, je dois vous prier de remettre à plus tard votre visite. Je me
ferai un plaisir de prendre alors les dispositions nécessaires. » Tout en
repliant lentement l’assez long rouleau, Musashi souriait. Iori, qui se sentait
plus en sécurité, étendit confortablement les jambes et déclara :
    — La maison n’est pas à Kobikichō ;
elle se trouve à un endroit appelé Higakubo. C’est très grand,
magnifique ; Kimura Sukekurō m’a donné des tas de bonnes choses à
manger...
    Les sourcils froncés par la
désapprobation devant ce déploiement de familiarité, Musashi dit
gravement :
    — Iori...
    Les jambes du garçon reprirent
précipitamment leur position convenable, sous lui.
    — Oui, monsieur.
    — Même si tu t’es en effet
perdu, ne crois-tu pas que trois jours, c’est un peu long ? Que s’est-il
passé ?
    — J’ai été ensorcelé par un
renard.
    — Un renard ?
    — Oui, monsieur, un renard.
    — Comment un garçon comme
toi, né et élevé à la campagne, a-t-il pu être ensorcelé par un renard ?
    — Je ne sais pas, mais
ensuite, je n’ai pu me rappeler où j’avais passé une demi-journée et la moitié
d’une nuit.
    — Hum... Bien étrange.
    — Oui, monsieur. C’est ce que
je me suis dit moi-même. Peut-être que les renards d’Edo s’attaquent plus aux
gens que ceux de la campagne.
    — Ce doit être ça.
    Compte tenu du sérieux de
l’enfant, Musashi n’avait pas le cœur de le gronder ; en revanche, il
estimait nécessaire de poursuivre son idée :
    — ... Je soupçonne aussi,
continua-t-il, que tu faisais quelque chose que tu n’aurais pas dû faire.
    — Eh bien, le renard me
suivait ; alors, pour l’empêcher de m’ensorceler, je l’ai blessé avec mon
sabre. Alors, le renard m’en a puni.
    — Non.
    — Vraiment ?
    — Non. Ce n’est pas le renard
qui t’a puni mais ta propre conscience, laquelle est invisible. Allons, reste
assis là et réfléchis un moment là-dessus. A mon retour, tu pourras me dire ce
que ça signifie à ton avis.
    — Bien monsieur. Vous avez
une course à faire ?
    — Oui ; à un endroit
proche du sanctuaire de Hirakawa, à Kōjimachi.
    — Vous serez de retour avant
ce soir, n’est-ce pas ?
    — Je devrais l’être à moins
qu’un renard ne m’attrape. Ha ! ha !
    Musashi partit, laissant Iori
méditer sur sa conscience. Au-dehors, le ciel était assombri par les nuages
moroses de la saison des pluies estivale.
     
     
     
Le prophète abandonné
     
    Autour du sanctuaire de Hirakawa
Tenjin, la forêt bruissait du chant des cigales. Un hibou hulula tandis que
Musashi passait du portail au hall d’entrée de la maison Obata.
    — Bonjour ! cria-t-il,
mais son salut lui revint en écho, comme d’une caverne vide.
    Au bout d’un moment, il entendit
des pas. Il sautait aux yeux que le jeune samouraï qui sortit, portant ses deux
sabres, n’était pas un simple sous-ordre préposé à répondre à la porte. Sans se
donner la peine de s’agenouiller, il dit :
    — Puis-je vous demander votre
nom ?
    Bien qu’il n’eût pas plus de
vingt-quatre ou vingt-cinq ans, il donnait l’impression d’être quelqu’un
d’important.
    — Je m’appelle Miyamoto
Musashi. Je ne me trompe pas ? C’est bien ici l’académie de science
militaire d’Obata Kagenori ?
    — Exact, répondit-on d’un ton
sec.
    D’après le comportement du
samouraï, il était évident qu’il s’attendait à ce que Musashi expliquât qu’il
voyageait pour perfectionner sa connaissance des arts martiaux, et ainsi

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