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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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région de Shiojiri.
    Le sommeil de Musashi fut
interrompu par un bruit de voix :
    — Monte donc ici !
criait un homme. On peut voir le mont Fuji.
    Musashi se mit sur son séant, et
regarda autour de lui sans voir personne. La lumière matinale était
éblouissante. Et là, flottant sur un océan de nuages, se dressait le cône rouge
du mont Fuji, encore vêtu de son manteau de neige hivernal. Cette vision fit
monter à ses lèvres un cri de joie enfantine. Il avait vu des tableaux figurant
la célèbre montagne, et s’en était formé une image mentale, mais c’était la
première fois qu’il la voyait en réalité. Bien qu’à près de cent cinquante
kilomètres de distance, elle avait l’air au même niveau que lui.
    « Magnifique »,
soupira-t-il, sans se donner la peine d’essuyer les larmes de ses yeux qui ne
clignaient pas.
    Il se sentait impressionné par sa
propre petitesse, attristé à la pensée de son insignifiance dans l’immensité de
l’univers. Depuis sa victoire au pin parasol, il avait en secret osé penser que
rares étaient les hommes aussi qualifiés que lui pour être appelés grands
hommes d’épée, si tant est qu’il en existât. Sa propre vie sur la terre était
brève, limitée ; éternelle, la beauté, la splendeur du mont Fuji. Agacé,
un peu déprimé, il se demanda comment il pouvait attacher la moindre importance
à ses exploits au sabre.
    Il y avait un caractère inévitable
dans la façon dont la nature se dressait majestueusement et sévèrement
au-dessus de lui ; il était dans l’ordre des choses qu’il fût condamné à
rester au-dessous d’elle. Il tomba à genoux devant la montagne en espérant que
sa présomption lui serait pardonnée, et joignit les mains pour prier – pour
l’éternel repos de sa mère, pour la sécurité d’Otsū et Jōtarō.
Il exprima ses remerciements à son pays, et supplia qu’il lui fût permis de
devenir un grand homme, même s’il ne pouvait partager la grandeur de la nature.
    Pourtant, même à genoux, des
pensées étrangères affluaient à son esprit. Qu’est-ce qui lui avait fait croire
que l’homme était petit ? La nature elle-même n’était-elle grande que
lorsqu’elle se reflétait en des yeux humains ? Les dieux eux-mêmes
n’existaient-ils que lorsqu’ils communiquaient avec le cœur des mortels ?
Les hommes – esprits vivants, et non pierre morte – accomplissaient
les plus grandes de toutes les actions.
    « En tant qu’homme, se
disait-il, je ne suis pas tellement éloigné des dieux et de l’univers. Je puis
les toucher avec le sabre de trois pieds que je porte. Mais non point tant que
je sentirai qu’il existe une distinction entre la nature et l’humanité. Non
point tant que je resterai éloigné du domaine du véritable expert, de l’homme
pleinement développé. »
    Sa contemplation fut interrompue
par le bavardage de quelques marchands grimpés à proximité de l’endroit où il
était, et qui admiraient le pic.
    — Ils disaient vrai. On peut
le voir.
    — Pourtant, ça n’est pas
souvent que l’on peut s’incliner d’ici devant la montagne sacrée.
     
    Les voyageurs se déplaçaient dans
les deux sens en cortèges de fourmis, chargés de tout un assortiment de
bagages. Tôt ou tard, Daizō et Jōtarō graviraient la colline. Si
par hasard il ne réussissait pas à les distinguer parmi les autres voyageurs, à
coup sûr ils verraient la pancarte qu’il avait laissée au pied de la
falaise : « A Daizō de Narai. Je souhaite vous voir à votre passage
du col. J’attendrai au-dessus, au sanctuaire. Musashi, maître de
Jōtarō. »
    Maintenant, le soleil était bien
au-dessus de l’horizon. D’un œil d’aigle, Musashi avait surveillé la route,
mais pas trace de Daizō. De l’autre côté du col, la route se divisait en
trois. L’un des embranchements, en passant par Kōshu, gagnait directement
Edo. Un autre, la route principale, franchissait le col d’Usui pour entrer dans
Edo par le nord. Un troisième se détournait vers les provinces du Nord. Que Daizō
se dirigeât vers l’est pour gagner Edo, ou vers le nord pour gagner le Zenkōji,
il devrait emprunter ce col. Toutefois, Musashi se rendait bien compte que les
gens ne se déplacent pas toujours comme on s’y attendrait. Le marchand de gros
pouvait s’être écarté des sentiers battus, ou passer une seconde nuit au pied
de la montagne. Musashi se dit que ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée
que

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