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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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vous, peut-être que je ferais de la marche
pour ma santé. Moi, je marche pour travailler.
    — Vous n’avez pas l’air en
très bonne forme. Quelque chose ne va pas ?
    Matahachi ramassa une poignée de
sable qu’il jeta peu à peu dans le vent. Lui et Akemi connaissaient bien le
prêteur sur gages, qui les avait plusieurs fois dépannés. Sans se laisser décourager,
l’homme reprit :
    — ... Vous savez, il y a
quelque chose dont j’avais l’intention de vous parler, mais je n’en ai jamais
eu l’occasion. Vous allez travailler, aujourd’hui ?
    — Pour quoi faire ? Ça
ne rapporte pas grand-chose, les pastèques.
    — Venez donc pêcher avec moi.
    Matahachi se gratta la tête et
prit une expression confuse :
    — Merci, mais à la vérité je
n’aime pas la pêche.
    — Eh bien, vous n’avez pas
besoin de pêcher si ça ne vous dit rien. Mais venez tout de même. Ça vous fera
du bien. Voilà mon bateau, là-bas. Vous savez ramer, hein ?
    — Je pense.
    — Venez donc. Je vais vous
dire comment gagner beaucoup d’argent... peut-être un millier de pièces d’or.
Ça vous plairait ?
    Soudain, Matahachi s’intéressa
beaucoup à la pêche.
    A quelque mille mètres du rivage,
l’eau était encore assez peu profonde pour que l’on pût toucher le fond avec la
rame. Laissant le bateau dériver, Matahachi demanda :
    — Qu’est-ce que je dois faire
au juste pour gagner cet argent ?
    — Je vous le dirai bientôt.
    Le prêteur sur gages installa son
opulente personne sur le siège, au centre du bateau.
    — ... Vous me feriez plaisir
en tenant une canne à pêche au-dessus de l’eau.
    — Pourquoi ?
    — Il vaut mieux que les gens
nous croient en train de pêcher. Deux personnes ramant aussi loin juste pour
bavarder auraient l’air suspect.
    — Comme ça ?
    — Parfait.
    Il sortit une pipe à fourneau de
céramique, la bourra de tabac de luxe, et l’alluma.
    — ... Avant que je vous dise
ce que j’ai en tête, permettez-moi de vous poser une question. Qu’est-ce que
vos voisins pensent de moi ?
    — De vous ?
    — Oui, de Daizō de
Narai.
    — Mon Dieu, les prêteurs sur
gages passent pour être avares, mais tout le monde vous dit très généreux pour
prêter de l’argent. Ils disent que vous êtes un homme qui comprend vite.
    — Je ne parle pas de mes
affaires. Je veux savoir leur opinion sur moi personnellement.
    — Ils vous trouvent bon, un
homme de cœur. Ce n’est pas simple flatterie de ma part. Voilà ce qu’ils
disent.
    — Est-ce qu’il leur arrive de
faire des commentaires sur mon esprit religieux ?
    — Oh ! oui,
naturellement. Votre charité stupéfie tout le monde.
    — Est-ce que des hommes du
magistrat sont jamais venus enquêter à mon sujet ?
    — Non, pourquoi ?
    Daizō eut un petit rire.
    — Je suppose que vous trouvez
mes questions absurdes, mais la vérité, c’est que je ne suis pas vraiment un
prêteur sur gages.
    — Quoi ?
    — Matahachi, vous n’aurez
peut-être jamais une autre occasion de gagner autant d’argent d’un seul coup.
    — Sans doute avez-vous
raison.
    — Voulez-vous la
saisir ?
    — Quoi ?
    — La chance.
    — Que... que dois-je
faire ?
    — Me faire une promesse et la
tenir.
    — C’est tout ?
    — C’est tout, mais si vous
changez d’avis ensuite, vous êtes un homme mort. Je sais que l’argent vous
intéresse, mais réfléchissez bien avant de me donner votre réponse définitive.
    — Que dois-je faire au
juste ? demanda Matahachi, soupçonneux.
    — Devenir un puisatier. Voilà
tout.
    — Au château d’Edo ?
    Daizō contempla la baie. Des
bateaux chargés de matériaux de construction et portant les drapeaux de plusieurs
clans importants — Tōdō, Arima, Katō, Date, Hosokawa – se
suivaient presque proue contre proue.
    — Vous comprendrez vite,
Matahachi.
    Le prêteur sur gages bourra de
nouveau sa pipe.
    — ... Le château d’Edo est
précisément ce que j’ai en tête. Si je ne me trompe, Umpei a essayé de vous
convaincre de forer des puits pour lui. Il serait parfaitement naturel de votre
part d’accepter sa proposition.
    — Je n’ai rien d’autre à
faire ?... Comment le fait de devenir puisatier me rapportera-t-il autant
d’argent ?
    — Un peu de patience. Je vous
dirai tout.
    Quand ils regagnèrent le rivage,
Matahachi était euphorique. Ils se séparèrent sur une promesse. Le soir même,
il devait, à l’insu de tous, aller chez Daizō

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