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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Daisuke dit :
    — La pluie ne durera guère. A
cette époque-ci de l’année, nous avons chaque jour une petite averse comme ça.
    Les nuages, au-dessus de la vallée
de Senjō et des pics de Kōya, n’en paraissaient pas moins menaçants,
et ils pressaient inconsciemment le pas.
    A l’entrée de Kamuro, ils eurent
le spectacle d’un homme qui partageait le dos d’un cheval avec des
fagots ; il était ligoté au point de ne pouvoir bouger. Le cheval était
mené par un prêtre en robe blanche, lequel appela Daisuke par son nom et courut
vers lui. Daisuke fit l’œil de verre.
    — Quelqu’un vous appelle, dit
Sado en échangeant un coup d’œil avec Nuinosuke.
    Forcé de tenir compte du prêtre,
Daisuke s’exclama :
    — Tiens, Rinshōbō !
Pardon, je ne vous avais pas vu.
    — J’arrive tout droit du col
de Kiimi, dit le prêtre d’une voix forte, excitée. L’homme d’Edo – celui
que l’on nous avait dit de guetter –, je l’ai repéré à Nara. Il s’est
défendu comme un lion mais nous l’avons capturé vivant. Maintenant, si nous
l’emmenons à Gessō et le forçons à parler, nous découvrirons...
    — Que me racontez-vous ?
l’interrompit Daisuke.
    — L’homme sur le cheval...
C’est un espion d’Edo.
    — Tu ne peux donc pas te
taire, espèce d’idiot ? lui souffla Daisuke. Tu ne sais donc pas qui est
l’homme qui m’accompagne ? Nagaoka Sado, de la Maison de Hosokawa. Nous
avons rarement le privilège de le voir, et je ne veux pas que tu nous déranges
avec ta plaisanterie stupide.
    Les yeux de Rinshōbō, en
se tournant vers les deux voyageurs, trahirent son saisissement, et il se
retint de justesse de répéter : « La Maison de Hosokawa ? »
    Sado et Nuinosuke essayaient de
paraître calmes, indifférents ; mais le vent fouettait leurs capes de
pluie, les faisait battre comme de grandes ailes, et gâtait un peu leurs
efforts.
    — Pourquoi ? demanda Rinshōbō
à voix basse.
    Daisuke l’entraîna à l’écart et
lui chuchota quelque chose. Lorsqu’il revint à ses hôtes, Sado lui dit :
    — Pourquoi ne rentrez-vous
pas, maintenant ? Je serais consterné de vous causer d’autres ennuis.
    Après les avoir regardés disparaître,
Daisuke dit au prêtre :
    — Comment as-tu pu être aussi
bête ? Tu n’es donc pas assez grand pour ouvrir les yeux avant d’ouvrir la
bouche ? Mon père ne serait pas content d’apprendre ça.
    — Oui, monsieur. Je regrette.
Je ne savais pas.
    Malgré son habit, cet homme
n’était pas un prêtre, mais Toriumi Benzō, l’un des principaux acolytes de
Yukimura.
     
     
     
Le port
     
    — Gonnosuke !...
Gonnosuke !... Gonnosuke !
    Iori ne semblait pas devoir
s’arrêter. Il criait, criait, criait ce nom. Ayant trouvé par terre des
affaires de Gonnosuke, il était persuadé que l’homme était mort.
    Une nuit et un jour avaient passé.
Il avait marché comme un somnambule, oublieux de sa fatigue. Ses jambes, ses
mains, sa tête étaient en sang, son kimono tout déchiré.
    Pris d’un spasme, il levait les
yeux vers le ciel en criant : « Je suis prêt ! » Ou bien il
regardait fixement le sol en jurant.
    « Est-ce que je deviens
fou ? » se demanda-t-il, soudain glacé. Dans une mare d’eau, il
reconnut son propre visage et se sentit soulagé. Mais il était seul, sans
personne vers qui se tourner ; il ne croyait qu’à moitié qu’il vivait
encore. Quand il avait repris ses sens au fond du ravin, il ne pouvait se
rappeler où il avait été les jours précédents. Il ne lui vint pas à l’idée
d’essayer de retourner au Konjōji ou à Koyagyū.
    Quelque chose qui brillait des
couleurs de l’arc-en-ciel attira son regard : un faisan. Il prit conscience
d’un parfum de glycine sauvage, et s’assit. Alors qu’il essayait de comprendre
la situation où il se trouvait, il songea au soleil. Il l’imaginait comme étant
partout : derrière les nuages, parmi les pics, dans les vallées. Il
s’agenouilla, mains jointes, ferma les yeux et se mit à prier. Quand il rouvrit
les yeux quelques minutes plus tard, la première chose qu’il aperçut fut
l’océan, bleu et brumeux, entre deux montagnes.
    — Petit garçon, dit une voix
maternelle, tu n’es pas malade ?
    — Hein ?
    Iori sursauta et tourna ses yeux
vides vers les deux femmes qui le regardaient avec curiosité.
    — Pourquoi veux-tu qu’il soit
malade, mère ? demanda la plus jeune en considérant Iori avec

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