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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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l’oreille.
    — Aïe ! cria Sukeichi.
    — Ton maître t’appelle.
    — Ça n’est pas vrai.
    — Si, c’est vrai. Il a dit
qu’il allait se promener. Il n’arrête pas de se promener, hein ?
    — Quoi ?... Ah !
bon, fit Sukeichi en s’arrachant à regret au spectacle.
    Le garçon avait fait demi-tour
afin de le suivre lorsqu’une voix l’appela :
    — Jōtarō ? Tu
es bien Jōtarō, n’est-ce pas ?
    La voix était celle d’une jeune
femme. Il promena autour de lui des yeux inquisiteurs. L’espoir de retrouver
son maître perdu et Otsū ne le quittait jamais. Etait-ce possible ?
Il regarda intensément à travers les branches d’un gros arbuste à feuilles
persistantes.
    — Qui est-ce ?
    — Moi.
    Le visage qui émergea du feuillage
lui était familier.
    — Ah ! ce n’est que
vous.
    Akemi lui donna sur le dos une
forte claque.
    — Espèce de petit
monstre ! Et ça fait si longtemps que je ne t’ai vu ! Qu’est-ce que
tu fabriques ici ?
    — Je pourrais vous poser la
même question.
    — Eh bien, je... Oh ! de
toute façon, tu ne comprendrais pas.
    — Vous voyagez avec ces
femmes ?
    — Oui, mais je ne me suis pas
encore décidée.
    — Décidée à quoi ?
    — Si j’allais devenir ou non
l’une d’elles, répondit-elle avec un soupir.
    Après un long silence, elle
demanda :
    — ... Que devient
Musashi ?
    Jōtarō comprit que
c’était là ce qu’elle voulait réellement savoir. Il eût bien aimé pouvoir
répondre à cette question.
    — Otsū, Musashi et
moi... nous sommes trouvés séparés sur la grand-route.
    — Otsū ? Qui
est-ce ?
    A peine avait-elle parlé qu’elle
se rappela.
    — ... Oh ! ne t’inquiète
pas ; je sais. Elle court donc toujours après Musashi ?
    Akemi gardait l’habitude de penser
à Musashi comme à un fougueux shugyōsha qui errait au gré de son
humeur, vivait dans la forêt, dormait sur la pierre nue. Même si elle parvenait
à mettre la main sur lui, il verrait tout de suite à quel point sa vie était
devenue dissolue, et l’éviterait. Il y avait beau temps qu’elle s’était
résignée à l’idée que son amour ne serait pas payé de retour.
    Mais la mention d’une autre femme
éveilla des sentiments de jalousie et ralluma les braises mourantes de son
instinct amoureux.
    — ... Jōtarō,
dit-elle, il y a par ici trop de regards curieux. Allons dehors, quelque part.
    Ils sortirent par la porte du
jardin. Dans la rue, les lumières de Hachiōji et de ses vingt-cinq
hôtelleries leur réjouirent les yeux. C’était la ville la plus animée qu’ils
eussent vue l’un et l’autre depuis qu’ils avaient quitté Kyoto. Au nord-ouest
se dressaient les formes sombres, silencieuses, de la chaîne de Chichibu, et
les montagnes qui marquaient la frontière de la province de Kai ; mais
ici, l’atmosphère était chargée de l’arôme du saké, retentissante du cliquetis
des métiers à tisser, des cris des marchands, des voix des joueurs et des
chansons plaintives des chanteurs des rues.
    — ... Matahachi m’a souvent
parlé d’Otsū, mentit Akemi. Quel genre de femme est-ce ?
    — Elle est très gentille,
répondit gravement Jōtarō. Douce, bonne et jolie. Je l’aime vraiment
beaucoup.
    La menace qu’Akemi sentait peser
sur elle s’accentuait, mais elle voila ses sentiments d’un sourire bénin.
    — Elle est vraiment si
merveilleuse ?
    — Oh ! oui. Et elle sait
tout faire. Elle chante ; elle écrit bien. Et elle joue bien de la flûte.
    Maintenant visiblement à
rebrousse-poil, Akemi remarqua :
    — Je ne vois pas à quoi ça avance
une femme, que de savoir jouer de la flûte.
    — Si vous ne le voyez pas,
tant pis pour vous, mais tout le monde, même le seigneur Yagyū Sekishūsai,
fait l’éloge d’Otsū. Il n’y a qu’une petite chose que je n’aime pas en
elle.
    — Toutes les femmes ont leurs
défauts. Le tout est de savoir si elles les reconnaissent honnêtement, comme
moi, ou si elles tâchent de les cacher derrière une pose distinguée.
    — Otsū n’est pas comme
ça. Il n’y a que cette faiblesse en elle...
    — Laquelle ?
    — Elle passe son temps à
fondre en larmes. C’est une vraie pleurnicheuse.
    — Hein ? Que veux-tu
dire ?
    — Elle pleure chaque fois
qu’elle pense à Musashi. Ça rend sa compagnie plutôt sinistre, et je n’aime pas
ça.
    Jōtarō s’exprimait avec
une spontanéité juvénile, sans tenir compte de l’effet que cela

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