Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
Musashi comprit ce qu’il avait derrière la tête, s’agenouilla par terre
sous la tête du cheval. Il s’inclina profondément et dit :
    — Je vous en supplie,
monsieur, faites de moi un samouraï. C’était le désir de mon père, mais nous
n’avions personne à qui nous adresser.
    Musashi descendit de cheval,
promena quelques instants les yeux autour de lui, puis ramassa un bâton qu’il
tendit à Sannosuke.
    Il en trouva un autre pour
lui-même, et dit :
    — Je veux que tu me frappes
avec ce bâton. Quand j’aurai vu comment tu le manies, je pourrai décider si tu
es doué pour être samouraï.
    — Si je vous touche, vous direz
oui ?
    — Essaie, pour voir, répondit
en riant Musashi.
    Sannosuke empoigna fermement son
arme et fonça comme un possédé. Musashi se montra sans pitié. Le garçon reçut
coup après coup : sur les épaules, au visage, sur les bras. Après chaque
échec, il reculait en chancelant mais revenait toujours à l’attaque.
    « Il sera bientôt en
larmes », se disait Musashi.
    Mais Sannosuke refusait de céder.
Son bâton s’étant cassé en deux, il chargea à mains nues.
    — ... Pour qui te prends-tu,
espèce de nabot ? aboya Musashi avec une méchanceté délibérée.
    Il saisit l’enfant par son obi, et
l’envoya au tapis.
    — Espèce de grand
salaud ! cria Sannosuke, déjà debout et attaquant de nouveau.
    Musashi l’attrapa par la taille et
l’éleva dans les airs.
    — Ça te suffit comme
ça ?
    — Non ! cria-t-il d’un
ton de défi bien qu’il eût le soleil dans les yeux et en fût à gigoter
inutilement des bras et des jambes.
    — Je m’en vais te jeter
contre ce rocher, là-bas. Ça te tuera. Tu renonces ?
    — Non !
    — Quel entêté ! Tu ne
vois donc pas que tu es vaincu ?
    — Pas tant que je suis
vivant ! Vous verrez. Je finirai par vaincre.
    — Comment espères-tu y
arriver ?
    — Je m’exercerai ; je me
disciplinerai.
    — Mais pendant que tu
t’exerceras dix ans, j’en ferai autant de mon côté.
    — Oui, mais vous êtes
beaucoup plus vieux que moi. Vous mourrez le premier.
    — Hum...
    — Et quand on vous mettra au
cercueil, je vous porterai le coup de grâce et je serai vainqueur !
    — Imbécile ! s’écria
Musashi en jetant l’enfant au sol.
    Quand Sannosuke se releva, Musashi
le regarda un moment en plein visage, éclata de rire, fit claquer une fois ses
mains l’une contre l’autre.
    — ... Bon. Tu peux être mon
élève.
     
     
     
Tel maître, tel disciple
     
    Au cours du bref trajet de retour
à la cabane, Sannosuke se montra intarissable quant à ses rêves d’avenir.
    Mais ce soir-là, quand Musashi lui
déclara qu’il fallait s’apprêter à dire adieu au seul foyer qu’il eût jamais
connu, il devint triste. Ils veillèrent tard ; Sannosuke, les yeux
embrumés, la voix douce, égrena des souvenirs sur ses parents et grands-parents.
    Le lendemain matin, alors qu’ils
s’apprêtaient à partir, Musashi annonça que désormais il appellerait Sannosuke,
Iori.
    — Si tu deviens samouraï,
expliqua-t-il, il n’est que juste que tu prennes le nom de ton grand-père.
    L’enfant n’avait pas encore
atteint l’âge de la cérémonie de majorité, où il eût normalement reçu son nom
d’adulte ; Musashi pensait que le fait de prendre le nom de son grand-père
lui donnerait un but élevé. Plus tard, alors que le garçon avait l’air de
s’attarder à l’intérieur de la maison, Musashi lui dit avec douceur, mais
fermeté :
    — ... Dépêche-toi, Iori. Il
n’y a rien là-dedans dont tu aies besoin. Rien ne doit te rappeler le passé.
    Iori s’élança au-dehors, vêtu d’un
kimono qui lui couvrait à peine les cuisses, chaussé de sandales de paille de
palefrenier, avec à la main une toile d’emballage contenant un déjeuner portatif
de millet et de riz. Il avait l’air d’une petite grenouille, mais il était prêt
pour une vie nouvelle, et impatient.
    — ... Choisis un arbre loin
de la maison, et attache le cheval, ordonna Musashi.
    — Vous feriez mieux de le
monter maintenant.
    — Fais ce que je te dis.
    — Bien, monsieur.
    Musashi remarqua cette
politesse ; elle était un signe, léger mais encourageant, que l’enfant se
trouvait disposé à adopter les façons d’un samouraï au lieu du langage veule
des paysans. Iori attacha le cheval et revint à l’endroit où se tenait Musashi,
sous l’auvent de la vieille masure, en train de considérer la

Weitere Kostenlose Bücher