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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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pas confier
tes souvenirs à d’autres gens. Un de ces jours, je dégagerai ta bourse ;
mais ensuite, il faut me promettre de ne plus t’en séparer.
    — Bien, monsieur.
    — Où donc as-tu passé la
nuit ?
    — Le prêtre m’a dit qu’il
valait mieux attendre là-bas jusqu’au matin.
    — As-tu mangé ?
    — Non. Vous non plus,
n’est-ce pas ?
    — Non, mais il n’y a pas de
bois à brûler.
    — Oh ! il y en a
beaucoup.
    Il fit un geste vers le bas,
désignant ainsi l’espace situé sous la cabane, où il avait emmagasiné une bonne
provision de branches, de racines et de tiges de bambou ramassées alors qu’il
travaillait aux champs. Tenant une natte de paille au-dessus de sa tête, Musashi
se glissa sous la cabane et s’émerveilla de nouveau du bon sens de l’enfant.
Dans un environnement comme celui-ci, la survie dépendait de la prévoyance, et
une petite faute risquait de marquer la différence entre la vie et la mort.
Quand ils eurent fini de manger, Iori sortit un livre. Alors, s’agenouillant
cérémonieusement devant son maître, il dit :
    — ... Pendant que nous
attendons que les eaux baissent pour pouvoir travailler, voudriez-vous
m’apprendre à lire et à écrire ?
    Musashi accepta. Par une journée
de tempête aussi lugubre, c’était un bon moyen de passer le temps. Le livre
était un volume des Analectes de Confucius. Iori déclara qu’on le lui
avait donné au temple.
    — Tu veux réellement
étudier ?
    — Oui.
    — As-tu déjà fait beaucoup de
lecture ?
    — Non ; un peu
seulement.
    — Qui t’a appris ?
    — Mon père.
    — Qu’est-ce que tu as
lu ?
    —  L’Instruction des
débutants.
    — Ça t’a plu ?
    — Oui, beaucoup, répondit-il
avec enthousiasme, les yeux brillants.
    — Très bien, alors. Je
t’enseignerai tout ce que je sais. Plus tard, tu pourras trouver quelqu’un de
plus instruit pour t’apprendre ce que j’ignore.
    Ils consacrèrent le restant de la
journée à l’étude ; le garçon lisait à voix haute ; Musashi
l’interrompait afin de le reprendre ou de lui expliquer les mots qu’il ne
comprenait pas. Assis là, parfaitement concentrés, ils oubliaient la tempête.
    Le déluge dura deux jours
encore ; alors, on ne voyait plus de terre nulle part. Le lendemain, il
pleuvait encore. Iori, ravi, reprit le livre en disant :
    — Nous commençons ?
    — Pas aujourd’hui. Tu as
assez lu pour le moment.
    — Pourquoi donc ?
    — Si tu ne fais que lire, tu
perdras de vue la réalité qui t’entoure. Pourquoi ne prendrais-tu pas un jour
de vacances, et ne jouerais-tu pas ? Je vais me détendre, moi aussi.
    — Mais je ne peux sortir.
    — Alors, fais comme moi, dit
Musashi qui se prélassait sur le dos, les bras derrière la tête.
    — Dois-je m’étendre ?
    — Fais ce que tu veux.
Couche-toi, lève-toi, assieds-toi... ce qui te paraîtra confortable.
    — Et puis après ?
    — Je te raconterai une
histoire.
    — Ça me plairait bien, dit
Iori en s’affalant sur le ventre, les jambes gigotant en l’air. Quel genre
d’histoire ?
    — Voyons, dit Musashi,
passant en revue les histoires qu’il avait aimé entendre enfant.
    Il choisit celle sur les batailles
entre les Genji et les Heike. Tous les garçons adoraient ça. Iori ne fit pas
exception à la règle. Quand Musashi parvint à l’épisode où les Genji sont
vaincus et où les Heike prennent en main le pays, le visage de l’enfant
s’assombrit. Il dut faire effort pour ne point pleurer sur le triste sort de
dame Tokiwa. Mais son moral remonta quand il sut que Minamoto no Yoshitsune
apprenait l’art du sabre des « gobelins au long nez » sur le mont
Kurama, et plus tard s’évadait de Kyoto.
    — J’aime bien Yoshitsune,
dit-il en se mettant sur son séant. Il y a vraiment des gobelins sur le mont
Kurama ?
    — Peut-être. En tout cas, il
y a des gens, en ce monde, qui pourraient aussi bien être des gobelins. Mais
ceux qui donnèrent des leçons à Yoshitsune n’étaient pas des gobelins véritables.
    — Qu’est-ce qu’ils
étaient ?
    — De loyaux vassaux des Genji
vaincus. Ils ne pouvaient se montrer à visage découvert alors que les Heike
détenaient le pouvoir ; aussi demeuraient-ils cachés dans les montagnes en
attendant leur chance.
    — Comme mon grand-père ?
    — Oui, sinon qu’il a attendu
toute sa vie, et que la chance n’a jamais sonné pour lui. Quand Yoshitsune fut
devenu grand, les fidèles partisans

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