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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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l’univers. »
     
     
     
Démons de la montagne
     
    — Je tiens à être bien clair.
Je ne veux pas que vous ayez le moindre ennui à cause de moi. Votre
hospitalité, que j’apprécie grandement, me suffit tout à fait.
    — Bien, monsieur. C’est fort
aimable à vous, monsieur, répondit le prêtre.
    — Je voudrais seulement me
reposer. C’est tout.
    — Mais comment donc !
    — Et maintenant, j’espère que
vous me pardonnerez ma grossièreté, dit le samouraï en s’étendant sur le côté
avec désinvolture, et en posant sur son avant-bras sa tête grisonnante.
    L’hôte qui venait d’arriver au
Tokuganji était Nagaoka Sado, un vassal de haut rang du seigneur Hosokawa
Tadaoki de Buzen. Il n’avait guère de temps à consacrer à ses affaires personnelles ;
pourtant, il ne manquait pas de venir pour des occasions comme l’anniversaire
de la mort de son père ; en général, il passait la nuit car le temple
était à une trentaine de kilomètres d’Edo. Pour un homme de son rang, il
voyageait sans ostentation, seulement accompagné cette fois de deux samouraïs
et d’un jeune serviteur personnel.
    Pour s’absenter même peu de temps
de la maison Hosokawa, il avait dû inventer une excuse. Il avait rarement
l’occasion d’en faire à sa tête, et maintenant que c’était le cas il profitait
à plein du saké local en écoutant coasser les grenouilles. Durant peu de temps,
il pouvait tout oublier : les problèmes administratifs, et la nécessité
d’être sans cesse au courant des moindres nuances des affaires quotidiennes.
    Après dîner, le prêtre desservit
rapidement, et s’éclipsa. Sado bavardait à bâtons rompus avec ses serviteurs,
assis près du mur, le visage seul visible à la clarté de la lampe.
    — Je me contenterais de
rester couché ici à jamais, et d’entrer en nirvana comme le Bouddha, dit
paresseusement Sado.
    — Attention à ne pas prendre
froid. L’air de la nuit est humide.
    — Oh ! laisse-moi
tranquille. Le corps que voici a survécu à quelques batailles. Il est capable
de tenir tête à un éternuement ou deux... Mais respirez-moi donc ces fleurs
écloses ! Elles sentent bon, n’est-ce pas ?
    — Je ne sens rien.
    — Vraiment ? Si tu
manques à ce point d’odorat... es-tu certain de n’être pas enrhumé
toi-même ?
    Ils badinaient ainsi quand soudain
les grenouilles se turent et une voix forte s’écria :
    — Espèce de démon ! Que
fais-tu donc là, à regarder bouche bée dans la chambre des hôtes ?
    Les gardes du corps de Sado furent
aussitôt sur pied.
    — Qu’est-ce qui se
passe ?
    — Qui va là ?
    Tandis que leurs yeux circonspects
scrutaient le jardin, on entendit un bruit de petits pieds qui reculaient en
direction de la cuisine. De la véranda, un prêtre passa la tête, s’inclina et
dit :
    — Pardon de vous avoir
dérangés. Ce n’est qu’un des enfants d’ici. Ne vous inquiétez pas.
    — Vous êtes sûr ?
    — Mais oui, naturellement. Il
habite à trois kilomètres d’ici. Son père était palefrenier jusqu’à sa mort
récente ; mais on dit que son grand-père était samouraï ; chaque fois
qu’il en voit un, il s’arrête et le dévore des yeux – en suçant son
doigt.
    Sado se redressa.
    — Ne soyez pas trop dur
envers lui. S’il veut être samouraï, faites-le entrer. Nous mangerons des
sucreries en discutant de la question.
    A ce moment, Iori était arrivé à
la cuisine.
    — Dis donc, grand-mère,
cria-t-il, je n’ai plus de millet ! Remplis ça pour moi, veux-tu ?
    Le sac qu’il lançait à la vieille
femme ridée qui travaillait à la cuisine aurait pu contenir un demi-boisseau.
Elle lui répliqua sur le même ton :
    — Surveille ta langue, espèce
de mendiant ! Tu parles comme si nous te devions quelque chose.
    — Et d’abord, tu ne manques
pas de toupet ! dit un prêtre qui lavait la vaisselle. Le grand prêtre a
eu pitié de toi ; aussi, nous te donnons de quoi manger ; mais ne
sois pas insolent. Quand tu demandes une faveur, fais-le poliment.
    — Je ne mendie pas. J’ai
donné au prêtre la bourse que m’a laissée mon père. Il y a de l’argent dedans,
beaucoup d’argent.
    — Et combien un palefrenier
a-t-il bien pu laisser à son fils ?
    — Allez-vous me donner ce
millet, oui ou non ?
    — Voilà que ça te reprend.
Regarde-toi un peu dans la glace. Tu es fou d’obéir à cet idiot de rōnin.
Et d’ailleurs, d’où vient-il ? Qui est-il ? De

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