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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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m’attaquer. Puis je ferai semblant de fuir. Ils me
suivront. Vous – vous tous –, restez où vous êtes. Je n’aurai
besoin d’aucune aide... Au bout d’un moment, ils reviendront. Quand ils le
feront, attaquez. Faites beaucoup de bruit ; prenez-les par surprise. Frappez-les
aux flancs, aux jambes, à la poitrine – partout où ils se
découvriront. Quand vous aurez fait son affaire au premier lot, cachez-vous de
nouveau pour attendre le suivant. Continuez comme ça jusqu’à ce qu’ils soient
tous morts.
    Il avait à peine eu le temps de
finir et les paysans de se disperser quand les maraudeurs apparurent. A leur
vêtement et leur manque de coordination, Musashi devinait qu’il s’agissait
d’une troupe de combat primitive, d’un genre peut-être courant jadis, quand les
hommes chassaient et péchaient pour se nourrir. Le nom de Tokugawa ne
signifiait rien pour eux, non plus que celui de Toyotomi. Les montagnes étaient
leur demeure tribale ; les villageois existaient pour leur fournir
nourriture et autres provisions.
    — Halte ! ordonna
l’homme qui marchait à la tête de la troupe.
    Ils étaient une vingtaine,
certains avec des sabres grossiers, d’autres avec des lances, l’un d’eux avec
une hache d’armes, un autre avec un épieu rouillé. Leurs corps, qui se
détachaient contre la lueur du feu, ressemblaient à des ombres démoniaques, d’un
noir de jais.
    — ... C’est lui ?
    — Ouais, c’est bien lui.
    A une vingtaine de mètres devant
eux était campé Musashi, bouchant la route. Déconcertés, ils se mirent à douter
de leur propre force, et durant un bref moment aucun d’eux ne bougea.
    Mais ce ne fut l’affaire que de
quelques instants. Ensuite, les yeux flamboyants de Musashi commencèrent à les
attirer vers lui, inexorablement.
    — C’est toi, le salaud qui
essaie de nous mettre des bâtons dans les roues ?
    — Exact ! rugit Musashi
en levant son sabre et en l’abattant sur eux.
    Il y eut un violent écho suivi
d’une mêlée tourbillonnante au sein de quoi il était impossible de distinguer
des mouvements individuels. On eût dit un essaim tournoyant de fourmis ailées.
Les rizières, d’un côté de la route, et de l’autre le talus bordé d’arbres et
de buissons étaient l’idéal pour Musashi car ils fournissaient un certain
abri ; pourtant, après la première escarmouche il exécuta un repli
stratégique.
    — Tu vois ça ?
    — Le salaud tourne
casaque !
    — Tous après lui !
    Ils le poursuivirent jusqu’à un
angle éloigné du champ le plus proche, où il se retourna face à eux. Sans rien
derrière lui, sa position semblait pire ; mais il maintint ses adversaires
en échec en se déplaçant rapidement de droite et de gauche. Puis, dès que l’un
d’eux faisait un faux mouvement, Musashi frappait.
    Sa forme sombre paraissait voleter
de place en place ; chaque fois qu’il s’arrêtait, un geyser de sang
s’élevait devant lui. Les bandits qui n’étaient pas tués se trouvaient trop
étourdis pour combattre, alors que chaque coup augmentait la précision de
Musashi. Il s’agissait d’un autre type de bataille qu’à Ichijōji. Musashi
n’avait pas le sentiment de se tenir à la frontière entre la vie et la mort,
mais il avait atteint un plan d’abnégation de soi-même où son corps et son
sabre jouaient leur rôle sans qu’il fût besoin de pensée consciente. Ses
assaillants prirent la fuite en complet désarroi. Un chuchotement parcourut la
file des villageois :
    — Les voilà.
    Alors, quelques-uns d’entre eux
bondirent hors de leur cachette sur les deux ou trois premiers bandits, qu’ils
trucidèrent presque sans effort. Les paysans se fondirent à nouveau dans les
ténèbres, et répétèrent la manœuvre jusqu’à ce que tous les brigands eussent
été pris au piège et tués. Le nombre des cadavres affermit la confiance des
villageois :
    — Ils ne sont pas si forts
que ça, au bout du compte, triomphait l’un d’eux.
    — Ne parle pas trop
vite ! En voilà un autre.
    — A mort !
    — Non, ne l’attaque pas.
C’est le rōnin.
    Avec un minimum de désordre, ils
s’éloignèrent le long de la route, pareils à des soldats passés en revue par
leur général. Tous les yeux se fixaient sur les vêtements ensanglantés de Musashi
et sur son sabre ruisselant dont la lame était ébréchée en une douzaine
d’endroits. Il le jeta et ramassa une lance.
    — Notre ouvrage n’est pas
terminé,

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