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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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dit-il. Procurez-vous des armes, et suivez-moi. En combinant vos
forces, vous pouvez chasser du village les maraudeurs, et délivrer vos
familles.
    Pas un seul homme n’hésita. Femmes
et enfants trouvèrent aussi des armes, et emboîtèrent le pas.
    Au village, les dégâts n’étaient
pas aussi importants qu’ils l’avaient craint, car les demeures étaient
nettement séparées. Mais les animaux des fermes, terrifiés, menaient grand
tapage, et quelque part un bébé poussait des hurlements. De violents
crépitements venaient du bord de la route, où le feu s’était propagé à un
bouquet de jeunes bambous.
    Les bandits restaient invisibles.
    — Où sont-ils ? demanda
Musashi. Ça sent le saké, il me semble. Où donc y a-t-il de grandes quantités
de saké ?
    Les villageois se trouvaient
tellement absorbés dans la contemplation des incendies que nul n’avait remarqué
l’odeur ; mais l’un d’eux répondit :
    — Ça doit être la maison du
chef du village. Il a des tonneaux de saké.
    — Alors, c’est là que nous
les trouverons, dit Musashi.
    Tandis qu’ils marchaient, d’autres
hommes sortirent de leurs cachettes pour grossir les rangs. Musashi était
récompensé par un esprit de corps grandissant.
    — La voilà, là-bas, dit un
homme en désignant une vaste maison entourée d’un mur de terre.
    Pendant que les paysans
s’organisaient, Musashi escaladait le mur et pénétrait dans la place forte des
bandits. Le chef et ses principaux lieutenants, entassés dans une grande salle
au sol en terre battue, entonnaient du saké en importunant de jeunes captives.
    — Ne vous en faites
pas ! criait le chef avec irritation dans un rude dialecte montagnard. Il
est tout seul. Je ne devrais rien avoir à faire moi-même. Vous autres,
occupez-vous de lui.
    Ainsi rabrouait-il un sous-ordre
entré en trombe avec la nouvelle de la défaite aux abords du village. Comme
leur chef se taisait, les autres prirent conscience du murmure de voix irritées,
de l’autre côté du mur, et s’agitèrent, mal à l’aise. Ils lâchèrent poulets à
demi dévorés et coupes de saké, se levèrent d’un bond, et, d’instinct,
tendirent la main vers leurs armes. Puis ils restèrent là, debout, les yeux
fixés sur l’entrée de la salle.
    Musashi, se servant de sa lance
comme d’une perche, sauta par une haute fenêtre latérale et atterrit juste
derrière le chef. Celui-ci se retourna brusquement, et ne réussit qu’à
s’empaler sur la lance. Emettant un effrayant « O-o-o-h ! », il
empoigna des deux mains l’arme fichée dans sa poitrine. Musashi lâcha
paisiblement la lance, et l’homme tomba la tête la première : le fer et la
majeure partie de la hampe lui sortaient du dos.
    Le second homme qui attaqua
Musashi fut soulagé de son sabre. Musashi le pourfendit de part en part,
abattit la lame sur la tête d’un troisième, et l’enfonça dans la poitrine d’un
quatrième. Les autres, à la débandade, prirent la direction de la porte.
Musashi lança le sabre sur eux, et du même élan retira la lance du corps du
chef.
    — Halte ! hurla-t-il.
    Il chargea, tenant la lance à
l’horizontale, et séparant les bandits comme de l’eau. Cela lui donna
suffisamment de place pour faire un usage efficace de la longue arme qu’il balançait
maintenant avec une agilité qui témoignait de la solidité même de sa hampe en
chêne noir ; il frappait de côté, tranchait vers le bas, poussait
hargneusement sa pointe en avant. Les brigands qui tentaient de sortir par le
portail trouvaient leur route bloquée par les villageois en armes. Certains
grimpaient au mur. En touchant terre, la plupart étaient massacrés sur place.
Sur les rares qui parvenaient à s’échapper, presque tous étaient estropiés par
leurs blessures.
    Durant un moment, l’air retentit
des clameurs de triomphe des jeunes et des vieux, des hommes et des
femmes ; la première exaltation de la victoire s’apaisant, maris et
femmes, parents et enfants s’embrassaient, versaient des larmes de joie. Au
milieu de ce délire, quelqu’un demanda :
    — Et s’ils
reviennent ?...
    Il y eut un instant d’immobilité
soudaine, anxieuse.
    — Ils ne reviendront pas, dit
Musashi fermement. Pas dans ce village. Mais ne soyez pas trop confiants. Votre
tâche est de manier la charrue, et non le sabre. Si vous devenez trop fiers de
votre adresse au combat, le Ciel vous infligera un châtiment pire que n’importe
quelle razzia des

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