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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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aux treillis de bambou sur lesquels on fait pousser les
volubilis.
    Iori flâna de nouveau dans une
vaste zone plate, appelée Hibiya, où les raclements de ciseaux et les coups de
haches composaient un hymne dissonant à la puissance du nouveau shōgunat.
    Iori s’arrêta, fasciné par le
spectacle des travaux de construction : les ouvriers halant d’énormes
pierres, les charpentiers avec leurs rabots et leurs scies, les samouraïs
enfin, les fringants samouraïs, qui surveillaient fièrement le tout. Comme il
voulait grandir afin de leur ressembler !
    Les haleurs de pierres chantaient
à pleins poumons :
     
    Nous
cueillerons les fleurs
    Dans
les champs de Musashi :
    Les
gentianes, les campanules,
    Eclaboussement
de fleurs sauvages
    En
désordre confus. Et cette jolie fille,
    La
fleur incueillable,
    Humide
de rosée...
    Elle
ne fera que mouiller ta manche, comme des larmes
    [qui tombent.
     
    Il restait là, dans
l’enchantement. Avant qu’il ne s’en rendît compte, l’eau des fossés prit une
teinte rougeâtre, et la voix vespérale des corbeaux frappa ses oreilles.
    « Ce n’est pas possible, le
soleil est presque couché ! » se gronda-t-il. Il s’éloigna en hâte,
et durant quelque temps courut de toute la vitesse de ses jambes, sans
s’occuper d’autre chose que du plan que lui avait dessiné le garde. Bientôt, il
grimpait le sentier de la colline d’Azabu, couvert d’arbres tellement épais
qu’il aurait aussi bien pu être minuit. Mais une fois parvenu au sommet, il put
voir que le soleil était encore dans le ciel, quoique bas sur l’horizon.
    Il n’y avait presque pas de
maisons sur la colline elle-même, le village d’Azabu n’étant qu’un
éparpillement de champs et de fermes dans la vallée, en bas. Debout au milieu
d’un océan d’herbe et d’arbres anciens, écoutant le glouglou des ruisseaux qui
dévalaient la colline, Iori sentait sa fatigue céder la place à un repos
étrange. Il était vaguement conscient de se trouver dans un lieu historique,
mais sans savoir pourquoi. Il s’agissait en réalité de l’endroit même qui avait
donné naissance aux grands clans guerriers du passé, aux Taira aussi bien
qu’aux Minamoto.
    Il entendit un puissant battement
de tambour, du genre de ceux des fêtes shinto. En bas de la colline, visibles
dans la forêt, les robustes traverses au sommet de la poutre faîtière d’un sanctuaire.
Iori ne savait pas que c’était le Grand Sanctuaire d’Iigura, le célèbre édifice
consacré à la déesse du soleil d’Ise.
    Il y avait loin du sanctuaire à
l’énorme château qu’il venait de voir, et même aux portails majestueux des daimyō s.
Dans sa simplicité, il se distinguait à peine des fermes qui l’entouraient, et
Iori trouvait curieux que les gens parlassent avec plus de révérence de la
famille Tokugawa que des divinités les plus sacrées. Cela voulait-il dire que
les Tokugawa étaient plus grands que la déesse du soleil ? se
demandait-il. « Il va falloir que j’interroge Musashi là-dessus à mon
retour. »
    Il sortit son plan, le scruta,
regarda autour de lui et revint au plan. Toujours aucune trace de la résidence
des Yagyū.
    La brume du soir, qui se répandait
sur le sol, lui donnait un sentiment d’une étrangeté inquiétante. Il avait déjà
éprouvé quelque chose de semblable quand, dans une chambre au shoji fermé, la
lumière du couchant jouait sur le papier de riz de telle sorte que l’intérieur
paraissait devenir plus clair à mesure que l’extérieur s’assombrissait. Bien
sûr, il ne s’agit là que d’une illusion crépusculaire, mais il l’éprouvait avec
tant de force, par éclairs, qu’il se frotta les yeux comme afin d’effacer son
hallucination. Il savait qu’il ne rêvait pas, et promena autour de lui des
regards soupçonneux.
    — Tiens, espèce de sale
mouchard ! s’écria-t-il en bondissant en avant et en dégainant à la
vitesse de l’éclair.
    Du même mouvement, il trancha une
touffe d’herbe haute, devant lui. Avec un jappement de douleur, un renard sauta
de sa cachette et fila comme un dard, la queue luisante du sang d’une entaille
à l’arrière-train.
    — ... Sale bête du
diable !
    Iori s’élança à sa
poursuite ; le renard avait beau être rapide, Iori l’était aussi. Quand
l’animal estropié trébucha, Iori lui porta une botte, sûr de la victoire. Mais
l’agile renard s’écarta pour reparaître à plusieurs mètres de là, et quelle

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