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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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brillaient plus que le bord du soleil couchant.
Iori, tapi par terre, enfouit sa figure dans l’herbe. Au cours de tous ses
quatorze ans d’existence, jamais il n’avait ressenti pareille épouvante. Hyōgō,
que ce garçon n’inquiétait point, poursuivit sa route. La pente était abrupte,
et il devait se pencher en arrière pour maîtriser le cheval. Regardant Otsū
par-dessus son épaule, il lui dit gentiment :
    — Pourquoi donc êtes-vous
aussi en retard ? Vous avez mis bien du temps pour un simple aller et
retour au sanctuaire. Mon oncle s’est inquiété, et m’a envoyé à votre
recherche.
    Sans répondre, Otsū sauta à
bas du cheval. Hyōgō fit halte.
    — ... Pourquoi
descendez-vous ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?
    — Non, mais il ne convient pas
à une femme d’être à cheval quand un homme est à pied. Marchons ensemble. Nous
pouvons l’un et l’autre tenir la bride.
    Et elle prit place de l’autre côté
du cheval. Ils descendirent dans la vallée qui s’assombrissait, et passèrent
devant un écriteau où l’on pouvait lire : « Académie Sendan’en pour
prêtres de la secte zen Sōdō. » Le ciel se remplissait
d’étoiles ; on entendait au loin la rivière Shibuya. Cette rivière
divisait la vallée en Higakubo du Nord et Higakubo du Sud. Etant donné que
l’école, fondée par le moine Rintatsu, se trouvait sur la pente septentrionale,
on surnommait familièrement les prêtres « les gens du Nord ». Les
« gens du Sud » étaient les hommes qui étudiaient l’art du sabre sous
la direction de Yagyū Munenori dont l’établissement se dressait juste en
face, de l’autre côté de la vallée.
    En tant que préféré de Yagyū Sekishūsai
parmi ses fils et petits-fils, Yagyū Hyōgō jouissait d’un rang
particulier parmi les « gens du Sud ». Il s’était également distingué
par lui-même. A l’âge de vingt ans, convoqué par le célèbre général Katō
Kiyomasa, il s’était vu attribuer un poste au château de Kumamoto, dans la
province de Higo, pour une solde de quinze mille boisseaux. C’était sans
précédent pour un homme aussi jeune ; pourtant, après la bataille de
Sekigahara, Hyōgō se mit à avoir des doutes au sujet de son rang, à
cause du danger qu’il y avait à devoir prendre le parti soit des Tokugawa, soit
de la faction d’Osaka. Trois ans plus tôt, prétextant la maladie de son
grand-père, il avait pris un congé d’absence de Kumamoto et était retourné à
Yamato. Après quoi, prétendant avoir besoin d’un entraînement supplémentaire,
il avait parcouru quelque temps la campagne.
    Lui et Otsū s’étaient
rencontrés par hasard, l’année précédente, lorsqu’il était venu séjourner chez
son oncle. Avant cela, plus de trois années durant, Otsū avait mené une
existence précaire, sans jamais pouvoir échapper tout à fait à Matahachi, qui
l’avait traînée avec lui partout en déclarant spécieusement aux employeurs
éventuels qu’il s’agissait de son épouse. Eût-il accepté de travailler comme
apprenti chez un charpentier, un plâtrier ou un maçon, il aurait pu trouver un
emploi le jour même de leur arrivée à Edo ; mais il préférait s’imaginer
qu’ils pourraient travailler ensemble à des tâches moins rudes, elle comme
domestique peut-être, lui comme employé de bureau ou comptable.
    Nul ne voulant de ses services,
ils étaient parvenus à survivre d’expédients. A mesure que les mois passaient, Otsū,
dans l’espoir d’amadouer son bourreau, lui avait cédé sur tous les points
excepté le don de son corps.
    Et puis, un jour qu’ils marchaient
dans la rue, ils avaient rencontré le cortège d’un daimyō . Avec
tous les autres, ils se rangèrent au bord de la route et prirent l’attitude
respectueuse qui convenait.
    Palanquins et coffres laqués
portaient les armes des Yagyū. Otsū avait levé les yeux suffisamment
pour le constater ; le souvenir de Sekishūsai et des heureux jours au
château de Koyagyū lui inonda le cœur. Si seulement elle était maintenant
de retour en ce paisible pays de Yamato ! Avec à son côté Matahachi, elle
ne pouvait que regarder passer le cortège d’un œil hébété.
    — C’est vous,
Otsū ?
    Le chapeau conique en joncs descendait
bas sur le visage du samouraï ; pourtant, comme il se rapprochait,
Otsū avait reconnu Kimura Sukekurō, un homme qu’elle se rappelait
avec affection et respect. Elle n’aurait pu être plus stupéfaite ou

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