La Part De L'Autre
biographiques, il précisait ses
pensées. Rudolf Hess, son scribe dévoué, l'y
aidait, même s'il l'encombrait parfois avec ses réflexes
universitaires.
Nom
de Dieu, Hess, arrêtez de m'emmerder avec vos références
! D'où viennent les idées, quelle importance ! !
Les idées sont bonnes ou mauvaises, c'est tout. Je ne sais pas
si ce concept de race, je l'ai pris chez Chamberlain, chez Go...
comment dites-vous ?
Gobineau.
Chez
Gobineau ou chez...
Bölsche.
...
ou chez Bölsche. De toute façon, je ne retiens jamais les
noms des auteurs. Et puis les idées n'appartiennent à
personne. Ou plutôt si, elles appartiennent à ceux qui
les pensent, les vivifient par leur verbe et les communiquent. En
l'occurrence, moi, Adolf Hitler.
Dans
ce repos forcé qu'il appelait ironiquement « son stage à
l'université aux frais de l'Etat », il avait enfin le
temps de lier ensemble des remarques éparses.
Voyez-vous,
Hess, je crois que j'ai tout compris de l'homme en observant les
chiens. On ne peut pas conférer à des carlins les
qualités des lévriers ou des caniches. Le dressage n'y
fait rien. La rapidité du lévrier ou les facultés
d'acquisition du caniche sont inhérentes à la race. On
ne pourra redresser la nation allemande qu'en la traitant en éleveur,
en considérant la pureté de la race. Cela nous amène
à un double programme : soigner la reproduction de la race
dans la race, supprimer les éléments étrangers
sans se laisser attendrir par un dangereux sentimentalisme. Il ne
faut pas conserver les êtres misérables, infirmes,
handicapés ou débiles d'une manière ou d'une
autre. Ceux qui sont déjà là, il faut les
stériliser d'urgence. Ceux qui arrivent, les supprimer avant
même que les parents ne les voient. Ce serait ça, le
véritable progrès de la médecine : un vrai
pouvoir de discernement entre force vitale et faiblesse débile,
et non pas cet acharnement suspect à faire vivre des individus
qui vont affaiblir la population. Ce serait ça, une médecine
humanitaire. Deuxième partie du programme : se débarrasser
des Juifs.
Comment
?
Tout
d'abord, il faudrait les parquer pour éviter qu'ils ne
continuent à corrompre notre sang. D’ailleurs, on
devrait enfermer ensemble tous les sujets atteints d'une quelconque
maladie mortelle, afin qu’ils ne contaminent pas ceux qui sont
sains ; il faut d'urgence isoler les syphilitiques et les
tuberculeux. Je suis pour l'impitoyable isolement des incurables.
Parquer
les Juifs. Et après ?
Les
exclure du territoire allemand.
Et
après ?
Je
sais que j'ai l'air excessif mais il faut prendre des mesures
sanitaires. Si l'on avait, au début et au cours de la guerre,
tenu une seule fois douze ou quinze mille de ces Juifs corrupteurs
sous les gaz empoisonnés que nous avons, nous, aspirés
ensuite, dans les tranchées, on aurait épargné
des millions de braves Allemands pleins d'avenir.
Vous
voulez dire que...
Pour
l'instant, parlons de la solution territoriale. L'exclusion. Ça
suffira.
Mais
en même temps, vous dites que l'Allemagne doit s'étendre.
Oui,
nous avons besoin d'espace vital !
La
notion d'« espace vital » lui était venue en
captivité, sans doute par lassitude d'être enfermé
sans doute
aussi parce qu'il identifiait l'Allemagne à lui-même.
Nous
devons d'urgence récupérer le discours des Juifs et
nous l'appliquer à nous-mêmes. Nous sommes le Peuple
élu. Nous sommes le peuple aryen. Il ne peut y avoir deux
peuples élus. Ou s'il y en a deux, c'est que l'un a été
choisi par Dieu, l'autre par Satan. L'affrontement du monde aryen et
du monde juif, c'est l'affrontement de Dieu et de Satan. Le Juif est
la dérision de l'homme, aussi éloigné de nous
que les espèces animales de l'espèce humaine. C'est un
être étranger à l'ordre naturel, un être
hors nature.
Cependant,
il n'est pas facile de déterminer exactement ce qu'est
l'aryen. Ne serait-ce qu'en Allemagne, il y a déjà tant
de mélanges que vous, ou moi, nous...
Peu
importe. Ce qui compte, c'est de désigner l'ennemi. Et là,
c'est clair : le Juif. Donc, l'Allemagne, seul Peuple élu,
doit agrandir son territoire. C'est une nécessité. Nous
ferons la guerre, car il est normal que l'épée précède
la charrue. La guerre est un droit essentiel du peuple, le droit de
nourrir ses enfants. Deux territoires me semblent offrir des champs,
des matières premières et des
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