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La Part De L'Autre

Titel: La Part De L'Autre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric-Emmanuel Schmitt
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trois
blonds, ils lui redonnaient le goût de son corps, du corps de
la femme, et de ce jeu passionnant, imprévisible, toujours
nouveau, qui consiste à donner et à prendre du plaisir.
     Onze
est une fille bien, tu sais ? dit Neumann avec tristesse. Elle ne
mérite pas que...
     Je
me sens vivant, Neumann. C'est tout simple, j’ai du plaisir à
me sentir vivant. Depuis que je trompe Onze, je me suis souvenu que
j'existais.
     Ce
n'est pas juste. Tu étais encore plus vivant quand vous vous
êtes rencontrés.
     Le
succès m'a fait du mal, c'est vrai. Je me suis vidé
dans le travail. Onze en a fait les frais mais n'oublie pas que c'est
elle qui a donné le premier coup de couteau dans notre
histoire.
     Qu'est-ce
qui te prouve que...
     Est-ce
que tu peux nous laisser, Neumann ? dit Onze-heures-trente qui fit
une entrée bruyante dans l'atelier. J'ai tout entendu, mais je
ne veux pas que tu prennes ma défense. J'y arriverai toute
seule. Et puis, de toute façon, moi je ne me défends
pas, j'attaque.
    Sans
un mot, presque sur la pointe des pieds, Neumann quitta l'atelier.
    Onze-heures-trente
vint se placer devant Adolf, releva le menton vers lui, planta ses
yeux dans les siens.
     Ça
ne peut plus durer. Tu dois choisir : c'est elle ou moi.
    Adolf
se sentit réchauffé par une onde de satisfaction.
     Qu'est-ce
que c'est que cet ultimatum ? Est-ce que moi, je t'ai demandé
de choisir entre ton danseur et moi ?
     Non.
Mais j'aurais bien aimé.
     Ah
oui ? Et tu aurais choisi ?
     Toi.
Sans hésiter.
    Malgré
l'agressivité avec laquelle elle lui avait lancé cela,
il avait envie de l'embrasser sur les joues qu'elle avait rouges de
fureur.
     Alors
maintenant, assez joué, tu choisis : c'est ta Juive allemande
ou moi !
     Mais
c'est toi, Onze. Toi sans hésiter.
    Les
yeux de la petite femme s'embuèrent immédiatement ;
elle n'osait croire à sa joie, elle balbutia :
     C'est
vrai ? C'est bien vrai ?
     Oui.
Sarah est une femme bien, très bien, mais… Bref, c'est
toi.
    Elle
prit son élan, ses jambes entourèrent la taille
d'Adolf, elle se retrouva nez à nez avec lui et le couvrit de
baisers.
     Je
veux que tu me fasses un enfant, dit-elle.
     Comme
ça ? Là ? Tout de suite ?
     Non.
Dès que tu auras rompu avec elle.
    Adolf
grimaça à l'idée de la scène difficile
qu'il allait avoir avec Sarah.
     D'accord,
je m'en charge, dit Onze-heures-trente.
     Non.
Je ne suis pas un lâche. Je dois...
     Bien
sûr, mais je vois d'ici la scène : « Je te quitte
parce que ma femme l'exige ; je le regrette, je ne voudrais pas. »
Et hop ! on repasse au lit une dernière fois pour se séparer
bons amis. Non, non, merci, très peu pour moi. Assez partagé.
Quitte à passer pour une salope, je vais y aller moi-même.
    Elle
disparut un instant et revint, habillée, chapeautée,
gantée. De son sac noir en velours, elle sortit un revolver et
le dirigea, avec le plus grand naturel, vers Adolf.
     Allonge-toi
sur le lit.
     Pardon
?
     Adolf,
ne discute pas, je n'ai pas le temps. Allonge-toi sur le lit que je
puisse t'attacher.
     Mais...
     Adolf,
ne m'agace pas. Je viens de passer des mois terribles à cause
de toi, je suis à bout de nerfs, j'ai encore une commission à
faire à ta maîtresse alors, s'il te plaît, ne me
chauffe pas le cerveau et obéis-moi vite sinon je risque
d'être maladroite avec ce petit joujou dont je n'ai pas
l'habitude. Allonge-toi.
    Une
fois qu'elle l'eut solidement attaché aux barreaux du pied et
de la tête de lit, elle l'embrassa sur la bouche et claqua la
porte.
    Adolf
resta étendu sur le dos, privé de toute liberté,
sans aucun autre mouvement possible que la respiration.
    Deux
heures plus tard, Onze-heures-trente revint. Elle s'assit près
du lit et sourit à Adolf.
     Sarah
a compris. Elle m'a dit qu'elle t'aimait mais que, visiblement, il
était impossible de t'aimer autant que moi. Elle s'est retirée
du jeu. Elle n'est pas sotte.
    Elle
enleva son manteau et ajouta, amusée :
     Il
faut dire aussi qu'elle n'avait pas d'arme. Enfin… juste un
couteau...
    Elle
se déshabilla complètement et monta sur lui.
     Alors,
cet enfant, on le fait ?
     Tu
me détaches ?
     Non.
Plus jamais.
    Dans
les mois qui suivirent, Onze-heures-trente et Adolf vécurent
un renouvellement de leur amour. Il prit la peine d'écrire une
lettre sincère à Sarah pour lui expliquer que, si Onze
l'exigeait... tant qu'il y aurait Onze dans sa vie... et

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