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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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bagages.
    — Ne vous occupez de rien, tout est prévu, fit le groom en les arrêtant d’un geste. On va tout faire nous-mêmes. Un journaliste m’a dit qu’il vous attendait au salon Debussy, pour le concert de piano. C’est dans un quart d’heure, vous avez encore le temps d’y arriver. Quand vous reviendrez, vos affaires seront installées dans votre nouvelle cabine.
    Elles se regardèrent et la même idée les traversa. Le changement de cabine serait-il dû à l’Académicien qui, ne pouvant obtenir le dîner, aurait tout fait pour trouver une autre manière de se faire pardonner ?
    Fébriles, elles posèrent leurs achats et décidèrent de le rejoindre au plus vite au concert pour s’en assurer.
    — Ça m’étonnerait que ce soit lui, dit Sophie avant d’entrer. Le navire est au complet et les cabines du Patio sont inaccessibles, même à lui malgré toutes ses relations. Tu penses ! Au prix qu’elles doivent coûter !
    — Et alors, répliqua Béatrice, l’équipe de Paris-Match est bien en première, non ? Pourquoi pas nous ? Il a dû y avoir une défection et ils ne s’en aperçoivent que maintenant. Et comme j’ai fait part de ma déception d’être en classe touriste au commissaire, c’est à nous qu’il l’a attribuée. C’est simple. On doit la cabine à mon intervention et au commissaire, pas à l’Académicien.
    Sophie était loin d’être convaincue par l’explication, mais elle approuva. Pas question de gaspiller son temps dans des polémiques imbéciles en expliquant à Béatrice que le commissaire avait certainement d’autres chats à fouetter.
    Elle préféra ajuster autour de son visage le foulard Hermès, repasser son rouge à lèvres Dior en se regardant sous toutes les coutures dans son miroir à main, et enfin entrer dans le salon Debussy avec un air de star.

 
    27
    Quand Michèle apprit la nouvelle dans son pressing, elle manqua avaler son chewing-gum.
    — Comment ça, elles sont en première ? Qui les y a mises ?
    — Je ne sais pas, dit Chantal, mais je dois m’occuper du déménagement de leur cabine. Il faut tout porter au Patio.
    — Au Patio !
    De stupeur, Michèle faillit cette fois laisser brûler le chemisier de soie qu’elle était en train de repasser.
    — Et il paraît que ce soir, ajouta Chantal, elles sont à nouveau inscrites sur la liste du dîner salle Chambord, à la table du commandant.
    Là, pour Michèle, on atteignait les sommets. La veille elle avait usé de ses réseaux pour faire rayer ces filles des listes du dîner, et voilà qu’on les y réinscrivait ce soir.
    — Attends un peu, dit-elle en posant son fer d’un geste sec, on va avoir le fin mot de l’histoire, j’appelle Roger.
    Et, tout en mastiquant nerveusement son chewing-gum, elle fit tourner les numéros du cadran de son téléphone du bout de ses ongles vernis.
    — Allô ! Roger ? dit-elle vivement quand elle eut son interlocuteur au bout du fil. Dis-moi, je voudrais te demander...
    Chantal, qui avait cessé de repasser pour écouter, ne put retenir un léger sourire.
    — Ça alors ! fît Michèle après quelques minutes en reposant le combiné de son téléphone. Figure-toi que le chevalier de ces donzelles n’est autre qu’un vieux de la vieille, un journaliste toujours à tu et à toi avec l’état-major des paquebots. Dans le milieu, il est connu comme le loup blanc. Roger me dit qu’il a l’oreille du commandant et qu’il en profite. Encore un qui se fait mousser auprès de la jeunesse. Il doit avoir des vues sur ces filles mais il va devoir en rabattre. Je ne lâcherai pas le morceau. Non mais, où il se croit !
    Voyant Michèle si remontée, Chantal se dit non sans plaisir que le dîner serait compromis pour les passagères. Quand Michèle prenait les gens en grippe, ils avaient peu de chances d’en réchapper.
    Le téléphone sonna. C’était les filles de la boutique. Elles appelaient Michèle pour demander ce qui se passait entre Chantal et Francis, Claudine leur avait dit que ça n’allait pas bien et que c’était à cause d’Andrei. Elles venaient aux nouvelles et voulaient savoir si Michèle « en savait plus ». Celle-ci les envoya promener vertement en leur disant « qu’il n’y avait rien et que cette Claudine qui disait n’importe quoi ferait mieux de tenir sa langue ». Elles ne parurent pas plus convaincues que ça mais, devant la rogne de Michèle, elles n’en demandèrent pas plus. Le cercle des femmes du

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