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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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s’était décidé à étudier pour de bon, il avait pris pour maître
toute chose au monde, ainsi que les exemples proposés par ses prédécesseurs à
travers tout le pays. Il terminait en disant : « J’en suis encore à
apprendre. »
    — Hum... Vous le savez déjà
sans doute, mais depuis l’époque de notre premier maître le Hōzōin
est célèbre en tout lieu pour ses techniques à la lance. Les combats qui se
pratiquent ici sont violents, et il n’y a pas d’exception. Avant d’aller plus
loin, peut-être feriez-vous mieux de lire ce qui est écrit au début du
registre.
    Musashi prit le livre, l’ouvrit et
lut le règlement, qu’il avait précédemment sauté. Cela disait : « Etant
venu ici pour étudier, je décharge le temple de toute responsabilité dans le
cas où je serais physiquement blessé ou tué. »
    — Je suis d’accord, dit
Musashi avec un léger sourire, car cela allait de soi pour qui voulait devenir
un guerrier.
    — Très bien. Par ici.
    Le dōjō était immense.
Les moines devaient lui avoir sacrifié une salle de cours ou quelque autre
vaste pièce du temple. Musashi n’avait jamais vu de salle ayant des colonnes d’une
telle circonférence ; il remarqua aussi des traces de peinture, feuilles d’or
et apprêt au blanc de Chine sur la charpente de traverse – toutes choses
que d’ordinaire on ne rencontre pas dans les salles d’exercice.
    Il n’était pas le seul visiteur.
Plus de dix apprentis guerriers se trouvaient assis en train d’attendre, avec
un nombre égal d’apprentis prêtres. A quoi s’ajoutaient bon nombre de samouraïs
qui paraissaient être de simples observateurs. Tous regardaient avec passion
deux lanciers qui s’exerçaient au combat. Nul n’accorda le moindre coup d’œil à
Musashi tandis qu’il s’asseyait dans un coin.
    D’après un écriteau fixé au mur,
si quelqu’un voulait se battre avec des lances véritables on accepterait le
défi ; mais pour le moment les combattants se servaient de longues perches
de chêne destinées à l’exercice. Pourtant, un coup de ces perches pouvait être
extrêmement douloureux, voire fatal.
    L’un des combattants finit par
être jeté en l’air ; comme il regagnait son siège en boitant, vaincu,
Musashi s’aperçut que sa cuisse avait déjà enflé jusqu’à atteindre la grosseur
d’un tronc d’arbre. Incapable de s’asseoir, il se laissa tomber maladroitement
sur un genou en étendant devant lui la jambe blessée.
    — Au suivant ! appela l’autre
combattant, un prêtre particulièrement arrogant.
    Les manches de sa robe étaient
attachées derrière lui ; son corps entier – jambes, bras,
épaules et jusqu’à son front – semblait formé de muscles saillants. La
perche de chêne qu’il tenait verticalement avait au moins trois mètres de long.
    Un homme qui paraissait être l’un
des nouveaux arrivants de ce jour-là releva le défi. Il retroussa ses manches
avec une lanière de cuir et s’avança sur la piste. Le prêtre se tenait immobile
tandis que son adversaire allait vers le mur choisir une hallebarde, et venait
l’affronter. Selon la coutume ils s’inclinèrent ; mais à peine l’avaient-ils
fait que le prêtre émit un hurlement de chien sauvage en donnant un violent
coup de perche sur le crâne de son adversaire.
    — Au suivant ! cria-t-il
en revenant à sa position première.
    Ce fut tout : l’autre avait
son compte. Bien qu’il ne semblât pas mort encore, la simple action de lever la
tête au-dessus du sol était au-dessus de ses forces. Deux des élèves-prêtres le
ramenèrent en le traînant par les manches et la taille de son kimono. Par
terre, derrière lui, s’étirait un filet de salive mêlée de sang.
    — Au suivant ! cria de
nouveau le prêtre, plus hargneux que jamais.
    D’abord, Musashi crut que c’était
Inshun, le maître de la seconde génération ; mais les hommes assis autour
de lui répondirent que non, il s’agissait d’Agon, l’un des plus anciens
disciples, nommés les « sept piliers du Hōzōin ». Inshun
lui-même, ajoutèrent-ils, n’avait jamais besoin de se livrer à une passe d’armes,
car les adversaires étaient toujours vaincus par un de ceux-là.
    — Il n’y a personne d’autre ?
rugit Agon, qui tenait maintenant horizontalement sa lance d’exercice.
    Le régisseur bien bâti examinait
son registre et les visages des hommes en train d’attendre. Il en désigna un.
    — Non, pas

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