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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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n’aurait guère d’importance
que cette vieille maison abandonnée fût réduite en cendres ; mais si à la
place il s’agissait d’un ancien temple de la période Asuka ou Kamakura ?
Matahachi eut un violent mouvement d’indignation. « C’est à cause de gens
pareils que les anciens temples de Nara et du mont Kōya sont si souvent
détruits, pensait-il. Ces fous de prêtres vagabonds n’ont ni biens ni famille.
Ils ne songent pas au risque d’incendie. Ils allument un feu dans la grande
salle d’un vieux monastère, tout à côté des tentures murales, à seule fin de
réchauffer leur propre carcasse qui n’a d’utilité pour personne. »
    — Tiens, voilà quelque chose
d’intéressant, murmura-t-il en tournant les yeux vers l’alcôve. Ce n’étaient ni
les proportions gracieuses de la pièce, ni les vestiges d’un vase précieux qui
avaient attiré son attention, mais un pot de métal noirci, flanqué d’une jarre
de saké au col ébréché. Le pot contenait du gruau de riz, et quand Matahachi
secoua la jarre elle émit un joyeux glouglou. Il eut un large sourire et se
félicita de sa chance, oublieux, comme tout homme affamé, des droits de
propriété d’autrui.
    A longs traits, il vint rapidement
à bout du saké, et vida le pot de riz, ravi de s’être bien rempli la panse.
    Tandis qu’il somnolait auprès du
feu, il entendait le bourdonnement pareil à la pluie d’insectes venus du champ
sombre, au-dehors... non seulement du champ mais des murs, du plafond et des
tatamis pourrissants.
    Juste avant de sombrer dans le
sommeil, il se souvint du ballot qu’il avait pris au guerrier mourant. Il se
secoua et le dénoua. Le tissu était un morceau de crêpe sali, teint en rouge foncé
au bois de sappan. Il contenait un sous-vêtement propre et les objets que les
voyageurs ont coutume d’emporter. En dépliant le vêtement, Matahachi trouva
quelque chose qui avait la forme et la dimension d’une lettre roulée, très
soigneusement enveloppée dans du papier imperméable. Il y avait aussi une
bourse en cuir pourpre, qui tomba en tintant avec fracas d’un pli du tissu.
Elle contenait assez d’or et d’argent pour faire trembler de frayeur la main de
Matahachi. « C’est l’argent d’autrui, non le mien », se rappela-t-il.
    En défaisant le papier imperméable
autour de l’objet allongé, il trouva un rouleau sur un cylindre en cognassier
de Chine, maintenu à une extrémité par du brocart d’or. Il sentit aussitôt que
cela renfermait quelque important secret ; plein de curiosité, il le posa
devant lui et le déroula lentement. En voici le texte :
     
    CERTIFICAT
     
    Je jure solennellement avoir transmis à Sasaki Kojirō
les sept méthodes secrètes suivantes du style d’escrime Chūjō :
     
    Exotériques : Style éclair, style roue, style
arrondi, style bateau flottant.
    Esotériques : Le Diamant, l’Edification, l’Infini .
    Délivré au village de Jōkyōji, domaine d’Usaka
de la province d’Echizen, le ... jour du ... mois.
     
    Kanemaki Jisai, disciple de
Toda Seigen
     
    Sur une feuille de papier qui
semblait avoir été attachée plus tard, suivait un poème :
     
    La
lune qui luit sur
    Les
eaux non présentes
    D’un
puits non foré
    Crée
un homme
    Sans
ombre ni forme.
     
    Matahachi se rendait bien compte
qu’il tenait là un diplôme délivré à un disciple qui avait appris tout ce que
son maître pouvait lui enseigner ; mais le nom de Kanemaki Jisai ne lui
évoquait rien. Il eût reconnu le nom d’Itō Yagorō qui sous le surnom
d’Ittōsai avait créé un style d’escrime célèbre et très admiré. Il
ignorait que Jisai fût le maître d’Itō. Il ne savait pas non plus que
Jisai était un samouraï d’un caractère exceptionnel, qui avait maîtrisé le
style authentique de Toda Seigen, et s’était retiré dans un village éloigné
pour passer dans l’obscurité ses vieux jours ; par la suite, il ne
transmit la méthode Seigen qu’à de rares élèves triés sur le volet.
    Les yeux de Matahachi revinrent au
premier nom. « Ce Sasaki Kojirō doit être le samouraï tué aujourd’hui
à Fushimi, se dit-il. Il doit avoir été un remarquable escrimeur pour se voir
décerner un certificat de ce style Chūjō. Quel malheur ! Mais j’en
ai maintenant la certitude. C’est exactement ce dont je me doutais. Il a dû
vouloir que je remette ceci à quelqu’un, probablement quelqu’un de son pays
natal. »
    Matahachi adressa une

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