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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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courte
prière au Bouddha pour Sasaki Kojirō, puis se jura d’accomplir sa mission
nouvelle.
    Pour se protéger du froid, il
refit du feu, s’étendit près du foyer, et ne tarda pas à s’endormir.
    Au loin résonnait le shakuhachi du vieux prêtre. L’air plaintif, qui semblait chercher quelque chose, appeler
quelqu’un, se déroulait à l’infini, poignante vague au-dessus des joncs du
champ.
     
     
     
Réunion à Osaka
     
    Le champ s’étendait sous une brume
grise, et la fraîcheur de l’air du petit matin indiquait que l’automne
commençait pour de bon. Les écureuils allaient à leurs affaires, et, dans la
cuisine sans porte de la maison abandonnée, des pistes fraîches de renards s’entrecroisaient
sur le sol de terre.
    Le prêtre mendiant, rentré en
titubant avant le jour, avait succombé à la fatigue sur le sol de l’office,
sans lâcher son shakuhachi . Son kimono et sa soutane sales étaient
mouillés de rosée et maculés de taches d’herbe ramassées tandis qu’il errait
comme une âme en peine à travers la nuit. Comme il ouvrait les yeux et se
mettait sur son séant, son nez se fronça, ses narines et ses yeux s’écarquillèrent
et un éternuement puissant le secoua. Il ne fit aucun effort pour essuyer la
morve qui dégoulinait de son nez dans sa moustache.
    Il demeura quelques minutes assis
là, avant de se rappeler qu’il lui restait du saké de la veille au soir. En
bougonnant tout seul, il suivit un long couloir jusqu’à la salle où se trouvait
le foyer, au dos de la maison. La clarté du jour lui révélait un plus grand
nombre de pièces qu’il ne lui avait semblé à la nuit, mais il trouva son chemin
sans difficulté. A son étonnement, la jarre de saké n’était plus à l’endroit où
il l’avait laissée.
    En revanche, il y avait un inconnu
près du foyer, la tête sur le bras et la bouche baveuse, en plein sommeil. Le
prêtre ne comprit que trop bien où se trouvait le saké.
    Bien sûr, il ne manquait pas
seulement le saké. Un rapide examen révéla qu’il ne restait plus un grain de
gruau de riz prévu pour le petit déjeuner. Le prêtre devint écarlate de fureur ;
il pouvait se passer du saké mais le riz était une question de vie ou de mort.
Avec un glapissement furieux, il lança de toutes ses forces un coup de pied au
dormeur ; mais Matahachi n’eut qu’un grognement ensommeillé, retira son
bras de sous lui, et leva une tête paresseuse.
    — Espèce de... espèce de... !
bredouillait le prêtre en lui donnant un second coup de pied.
    — Qu’est-ce qui vous prend ?
s’écria Matahachi.
    Tandis qu’il se levait d’un bond,
les veines se gonflèrent sur son visage ensommeillé.
    — ... A-t-on idée de me
frapper comme ça ?
    — Tu mérites plus que des
coups de pied ! Qui t’a permis d’entrer ici pour me voler mon riz et mon
saké ?
    — Oh ! c’était à vous ?
    — Bien entendu que c’était à
moi !
    — Je regrette.
    — Tu regrettes ? A quoi
est-ce que ça m’avance ?
    — Je vous présente mes
excuses.
    — Ça ne me suffit pas !
    — Que voulez-vous que je
fasse ?
    — Rends-les-moi !
    — Hé ! Ils sont à l’intérieur
de moi ; ils m’ont maintenu en vie toute une nuit. Maintenant, je ne peux
vous les rendre !
    — Je dois vivre, moi aussi,
non ? Le plus que j’obtienne jamais, en jouant de la musique de porte en
porte, ce sont quelques grains de riz ou deux gouttes de saké. Espèce d’idiot !
Espères-tu que je te laisserai sans protester me voler ma nourriture ? Je
veux que tu me la rendes... rends-la-moi !
    Il proférait d’un ton impérieux
cette exigence déraisonnable, et sa voix fit à Matahachi l’effet de celle d’un
diable affamé, venu tout droit de l’enfer.
    — Ne soyez pas si radin, dit
Matahachi avec mépris. A quoi bon vous agiter comme ça ? Un peu de riz et
moins d’une demi-jarre d’un saké de troisième ordre.
    — Bougre d’âne, tu peux faire
la moue devant un reste de riz, mais pour moi c’est une journée de
nourriture... une journée de vie !
    Le prêtre saisit en grondant le
poignet de Matahachi.
    — ... Je ne te laisserai pas
t’en tirer comme ça !
    — Ne faites pas l’idiot !
riposta Matahachi.
    Dégageant son bras et saisissant
le vieux par ses cheveux clairsemés, il essaya de le jeter à terre d’une
secousse rapide. A sa surprise, le corps de chat famélique resta inébranlable.
Le prêtre s’accrocha fermement au cou de

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