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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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indice,
et il avait l’air parfaitement à l’aise entre le prêtre errant, le
marionnettiste, le samouraï en loques et les paysans non lavés qui se
trouvaient à bord. On aurait facilement pu le prendre pour un rōnin ;
pourtant, quelque chose suggérait un rang plus élevé : l’arme suspendue en
travers de son dos à une courroie de cuir. C’était une longue et large épée de
guerre, magnifiquement façonnée. Presque tous ceux qui parlaient à l’adolescent
s’extasiaient sur sa beauté.
    Cette arme impressionnait Gion Tōji,
debout à quelque distance. Bâillant et songeant que même à Kyoto l’on ne voyait
pas souvent des épées d’une telle qualité, il fut pris de curiosité quant à l’origine
de son possesseur.
    Tōji s’ennuyait. Son voyage,
qui avait duré quatorze jours, s’était révélé décevant, fatigant, inutile, et
il se sentait impatient d’être à nouveau parmi des gens de connaissance. « Je
me demande si le messager est arrivé à temps, rêvait-il. Si oui, elle viendra
sûrement m’attendre à Osaka. » En évoquant le visage d’Okō, il essaya
de soulager son ennui.
    La raison de son voyage était la
précarité de la situation financière de la Maison de Yoshioka, due au fait que Seijūrō
 avait vécu au-dessus de ses moyens. La famille n’était plus riche. La maison
de l’avenue Shijō se trouvait hypothéquée et en danger d’être saisie par
des créanciers. La situation s’aggravait d’innombrables autres obligations de
fin d’année ; la vente de toutes les possessions familiales ne produirait
pas assez de fonds pour payer les factures déjà accumulées. Devant ce marasme, Seijūrō
avait seulement dit : « Comment est-ce arrivé ? »
    Tōji, se sentant responsable
d’avoir encouragé les prodigalités du Jeune Maître, avait déclaré qu’il fallait
s’en remettre à lui. Il promettait de trouver moyen d’arranger les choses.
    Après s’être creusé la tête, l’idée
lui était venue de construire une école nouvelle et plus grande sur le terrain
vague situé à côté du Nishinotōin, où l’on pût accueillir un beaucoup plus
grand nombre d’élèves. Suivant son raisonnement, ce n’était pas le moment de
faire les difficiles. Toutes sortes de gens voulaient apprendre les arts
martiaux, et les daimyōs réclamaient des guerriers entraînés ; il
serait donc dans l’intérêt de chacun d’avoir une école plus grande, et de
former un grand nombre d’hommes d’épée. Plus il y réfléchissait, plus il se trompait
lui-même en pensant que c’était le devoir sacré de l’école que d’enseigner le
style de Kempō au plus grand nombre d’hommes possible.
    Seijūrō  écrivit une
circulaire à cet effet ; ainsi armé, Tōji partit solliciter des
contributions d’anciens élèves à l’ouest de Honshu, à Kyushu et Shikotu.
Beaucoup d’hommes, dans divers domaines féodaux, avaient étudié auprès de Kempō,
et la plupart de ceux qui vivaient encore étaient maintenant des samouraïs d’un
rang enviable. Hélas ! malgré toute l’ardeur des plaidoyers de Tōji,
peu d’entre ces samouraïs se montrèrent disposés à faire des donations
substantielles ou à souscrire aussi rapidement. Avec une fréquence
décourageante, la réponse avait été : « Je vous écrirai plus tard à
ce sujet », « nous verrons lors de mon prochain séjour à Kyoto »,
ou quelque chose de tout aussi évasif. Les contributions que Tōji
rapportait ne s’élevaient qu’à une faible partie de ce qu’il avait escompté.
    Strictement parlant, la maisonnée
en péril n’était pas celle de Tōji, et le visage qui lui venait maintenant
à l’esprit n’était pas celui de Seijūrō  mais celui d’Okō.
Pourtant, même le visage d’Okō ne pouvait le divertir qu’en surface, et
bientôt il redevint nerveux. Il enviait le jeune homme en train d’épucer son
singe : il avait quelque chose à faire pour tuer le temps. Tōji s’approcha
de lui pour essayer de lier conversation.
    — Salut, jeune homme. On va à
Osaka ?
    Le jeune homme leva seulement un
peu les yeux pour répondre :
    — Oui.
    — Votre famille y demeure ?
    — Non.
    — Alors, vous devez être d’Awa.
    — Non, pas de là-bas non
plus.
    Le ton était plutôt sans réplique.
    Tōji retomba un moment dans
le silence avant de faire une autre tentative :
    — Vous en avez, une belle
épée, dit-il.
    Apparemment heureux que l’on
admirât son arme, le jeune

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