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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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pas. Je
n’y retournerai jamais.
    — Là n’est pas la question.
Tu dois tuer ces deux-là. Ce sont nos ennemis mortels.
    — Oui, je suppose.
    — Tu ne parais pas très
enthousiaste. Que se passe-t-il ? Tu ne te crois donc pas assez fort pour
tuer Takezō ?
    — Bien sûr que si, protesta-t-il.
    L’oncle Gon prit la parole :
    — Ne t’en fais pas,
Matahachi. Je te soutiendrai.
    — Et ta vieille mère aussi,
ajouta Osugi. Rapportons leurs têtes au village en cadeaux-souvenirs pour les
villageois. N’est-ce pas là une bonne idée, mon fils ? Si nous y
parvenons, alors tu pourras aller de l’avant, prendre femme et t’établir. Tu
feras tes preuves en tant que samouraï, et mériteras une belle réputation
par-dessus le marché. Dans toute la région de Yoshino, il n’y a pas de plus
grand nom que celui de Hon’iden, et tu l’auras démontré sans doute possible à
tout le monde. Peux-tu faire cela, Matahachi ? Le feras-tu ?
    — Oui, maman.
    — Très bien, mon fils. Oncle
Gon, ne reste pas là comme une borne ; viens féliciter cet enfant. Il a
juré de se venger de Takezō et d’Otsū.
    Apparemment satisfaite enfin, elle
entreprit de se lever, non sans peine.
    — ... Oh ! que j’ai mal !
s’exclama-t-elle.
    — Qu’est-ce qui t’arrive ?
demanda l’oncle Gon.
    — La terre est glaciale. J’ai
mal au ventre et aux hanches.
    — Inquiétant. Ce sont tes
hémorroïdes qui te reprennent ?
    Matahachi, dans un accès d’amour
filial, dit :
    — Grimpe sur mon dos, maman.
    — Oh ! tu veux me porter ?
Comme c’est gentil !
    Agrippée à ses épaules, elle
versait des larmes de joie.
    — ... Voilà combien d’années ?...
Regarde, oncle Gon, Matahachi va me porter sur son dos.
    Tandis que les larmes de sa mère
coulaient dans sa nuque, Matahachi lui-même éprouvait une étrange satisfaction.
    — Oncle Gon, où donc
logez-vous ? demanda-t-il.
    — Nous n’avons pas encore
trouvé d’auberge, mais n’importe laquelle fera l’affaire. Allons en chercher
une.
    — Très bien.
    Tout en marchant, Matahachi
faisait doucement sauter sa mère sur son dos.
    — ... Dis donc, maman, tu es
légère ! Bien légère ! Bien plus légère qu’un bloc de pierre !
     
     
     
Le beau jeune homme
     
    Peu à peu obscurcie par la brume
de la mi-journée hivernale, l’île ensoleillée d’Awaji s’estompait au loin. La
grand-voile, en claquant au vent, assourdissait le bruit des vagues. Le bateau
qui faisait la navette, plusieurs fois par mois, entre Osaka et la province d’Awa,
dans l’île de Shikoku, traversait le détroit en direction d’Osaka. Bien que sa
cargaison consistât surtout en papier et en teinture d’indigo, une odeur
caractéristique trahissait la contrebande de tabac, que le gouvernement
Tokugawa avait interdit de fumer, priser ou chiquer. Il y avait aussi à bord
des passagers, marchands pour la plupart ; ou bien ils retournaient en
ville, ou bien ils s’y rendaient pour le commerce de fin d’année.
    — Comment vont les affaires ?
Des affaires d’or, je parie.
    — Pas du tout ! Tout le
monde dit que ça va très fort à Sakai, mais on ne s’en douterait pas d’après
moi.
    — Il paraît que l’on y manque
d’ouvriers ; qu’ils ont besoin d’armuriers.
    Dans un autre groupe, la
conversation suivait un cours similaire :
    — Je fournis moi-même l’équipement
de combat : hampes de drapeaux, armures, ce genre de chose. Mais il est
bien certain que je ne gagne pas autant que je gagnais.
    — Vraiment ?
    — Oui, je suppose que les
samouraïs sont en train d’apprendre à compter.
    — Ha ! ha ! ha !
    — C’était le bon temps quand
les pillards apportaient leur butin : on pouvait reteindre et repeindre
tout le lot, et le revendre aussitôt aux armées. Puis, après la bataille
suivante, le bazar revenait ; on pouvait le réparer et le revendre.
    Un homme contemplait l’horizon
marin, et vantait les richesses des pays qui s’étendaient par-delà :
    — On ne peut plus gagner d’argent
chez soi. Si on veut réaliser de vrais bénéfices, il faut faire comme Naya « Luzon »
Sukezaemon ou Chaya Sukejirō. Se lancer dans le commerce étranger. C’est
risqué, mais avec un peu de chance ça rapporte vraiment.
    — Eh bien, dit un autre, même
si les affaires ne sont pas aussi bonnes pour nous ces temps-ci, du point de
vue des samouraïs nous nous en tirons très bien. La plupart d’entre eux ne
connaissent

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