Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
étreignit Tōji et tenta de l’apaiser.
    — Lâche-moi ! cria-t-il.
    — Si tu pars seul, les autres
croiront que quelque chose ne va pas.
    — Qu’ils croient ce qu’ils
voudront !
    — Oh ! ne dis pas ça !
supplia-t-elle.
    Elle pressait sa joue fraîche
contre la sienne. L’odeur douceâtre de sa poudre et de sa chevelure, le
pénétrant, dissipa peu à peu sa colère et sa contrariété.
    — ... Je t’en prie, mendiait Okō.
    — Je suis tellement déçu !
dit-il.
    — Je sais, mais nous aurons d’autres
occasions d’être ensemble.
    — Ces deux ou trois jours
avec toi... je les attendais vraiment avec impatience.
    — Je comprends.
    — Si tu comprends, pourquoi
donc es-tu venue avec autant de monde ? Parce que tu n’éprouves pas pour
moi les sentiments que j’éprouve pour toi !
    — Le voilà qui recommence,
dit Okō d’un ton de reproche, l’œil fixe comme si ses larmes étaient sur
le point de couler.
    Mais au lieu de pleurer, elle fit
une autre tentative pour obtenir de lui qu’il écoutât ses explications. Quand
le messager était arrivé avec la lettre de Tōji, elle avait bien entendu
formé le projet de venir seule à Osaka ; mais le hasard avait voulu que le
soir même, Seijūrō  débarquât au Yomogi avec six ou sept de ses
élèves, et Akemi avait laissé échapper que Tōji arrivait. Aussitôt, les
hommes avaient décidé qu’ils devaient tous accompagner Okō à Osaka, et qu’Akemi
devrait se joindre à eux. Finalement, la bande qui descendit à l’auberge de
Sumiyoshi s’élevait à dix personnes.
    Tout en reconnaissant qu’en l’occurrence
Okō n’avait pas pu faire grand-chose, Tōji ne retrouva pas sa bonne
humeur. C’était manifestement une sale journée, et il avait la certitude que le
pire l’attendait. D’abord, la première question qu’on lui poserait concernerait
le résultat de sa tournée de démarchage, et il appréhendait d’avoir à leur apprendre
la mauvaise nouvelle. Ce qu’il redoutait bien plus encore, c’était la
perspective de devoir enlever le foulard de sa tête. Comment diable expliquer l’absence
du toupet ? En fin de compte, il comprit qu’il n’y avait pas d’issue, et
se résigna à son destin.
    — Ça va, ça va, dit-il. Je t’accompagne.
Fais venir ici le palanquin.
    — Oh ! je suis si
contente ! roucoula Okō, qui retourna vers le quai.
     
    A l’auberge, Seijūrō et
les autres avaient pris un bain, s’étaient douillettement enveloppés dans les
kimonos doublés de coton fournis par l’établissement, et installés pour
attendre le retour de Tōji et d’Okō. Comme au bout d’un moment ils ne
paraissaient pas, quelqu’un déclara :
    — Ils arriveront quand ils
arriveront. Il n’y a aucune raison de rester assis à ne rien faire.
    Conséquence naturelle de cette
déclaration : l’on commanda du saké. D’abord, on but seulement pour passer
le temps, mais bientôt les jambes s’allongèrent confortablement, et les coupes
de saké se vidèrent plus vite. Chacun oublia plus ou moins Tōji et Okō.
    — Il n’y a donc pas de
chanteuses, à Sumiyoshi ?
    — Quelle bonne idée !
Pourquoi ne ferions-nous pas venir trois ou quatre jolies filles ?
    Seijūrō  parut hésiter ;
quelqu’un lui suggéra de se retirer avec Akemi dans une autre pièce plus
tranquille. Ce moyen peu subtil de se débarrasser de lui amena sur ses lèvres
un sourire désenchanté ; il n’en fut pas moins content de céder la place.
Ce serait beaucoup plus agréable d’être seul dans une chambre en compagnie d’Akemi,
avec un kotatsu bien chaud, que de boire avec cette bande de brutes.
    Aussitôt qu’il eut quitté la
pièce, la fête commença pour de bon ; avant longtemps, plusieurs
chanteuses du type que l’on nommait localement l’« orgueil de Tosamagawa »
parurent dans le jardin, devant la chambre. Leurs flûtes et leurs shamisens
étaient vieux, de mauvaise qualité, délabrés par l’usage.
    — Pourquoi faites-vous tant
de bruit ? demanda effrontément l’une des femmes. Etes-vous venus ici pour
boire ou pour vous bagarrer ?
    L’homme qui s’était désigné comme étant
le chef répliqua :
    — Ne pose pas de questions
idiotes. Personne ne paie pour se battre ! Nous vous avons fait venir pour
boire et prendre du bon temps.
    — Eh bien, dit la fille avec
tact, je suis heureuse de l’apprendre, mais je voudrais vraiment que vous
fassiez un peu moins de vacarme.
    — A ton aise !

Weitere Kostenlose Bücher