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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Chantons
des chansons.
    Par respect pour la présence
féminine, plusieurs tibias velus se replièrent sous les kimonos, et quelques
corps horizontaux devinrent verticaux. La musique démarra, la bonne humeur se
mit à régner, et la fête gagna en conviction. Elle battait son plein quand une
jeune servante entra pour annoncer que l’homme arrivé par le bateau de Shikoku
se trouvait là avec sa compagne.
    — Qu’est-ce qu’elle a dit ?
Une visite ?
    — Ouais, elle dit qu’un nommé
Tōji est là.
    — Merveilleux !
Splendide ! Voilà ce bon vieux Tōji... Quel Tōji ?
    L’entrée de Tōji avec Okō
n’interrompit pas la fête le moins du monde ; à la vérité, on les ignora. Tōji,
auquel on avait donné à croire que la réunion était tout entière en son
honneur, en fut écœuré.
    Il rappela la servante qui les
avait introduits, et demanda à être conduit à la chambre de Seijūrō. Mais
comme ils passaient dans le hall, le chef, qui puait le saké, les rejoignit en
titubant et sauta au cou de Tōji.
    — Salut, Tōji !
bredouilla-t-il. Tu arrives seulement ? Tu as dû prendre du bon temps
quelque part avec Okō pendant que nous étions ici à t’attendre. Allons,
allons, ce ne sont pas des choses à faire !
    Tōji tenta sans succès de se
débarrasser de lui. L’homme le traîna dans la chambre. Ce faisant, il marcha
sur un plateau ou deux, renversa quelques jarres de saké puis tomba par terre,
entraînant Tōji dans sa chute.
    — Mon foulard ! hoqueta Tōji.
    Sa main s’élança vers sa tête...
trop tard. En tombant, le chef avait arraché le foulard, qu’il tenait
maintenant à la main. Tous, le souffle coupé, regardaient l’endroit où le
toupet de Tōji aurait dû se trouver.
    — Qu’est-ce qui t’est arrivé
à la tête ?
    — Ha ! ha ! ha !
En voilà, une coiffure !
    — Où te l’es-tu fait faire ?
    La face de Tōji s’empourpra.
Il attrapa le foulard, le remit en place et bredouilla :
    — Oh ! ce n’est rien. J’avais
un furoncle.
    Comme un seul homme ils se
tordaient de rire.
    — Il a rapporté un furoncle
en souvenir !
    — Cache donc cette horreur !
    — Pas question.
Montre-la-nous !
    Ces pauvres plaisanteries
montraient clairement que nul ne croyait Tōji, mais la fête continuait et
personne ne trouvait grand-chose à dire sur le toupet.
    Le lendemain matin, il en alla
tout autrement. A dix heures, le même groupe était réuni sur la plage, derrière
l’auberge, dégrisé maintenant et rassemblé pour une très grave conférence.
Assis en cercle, certains carraient les épaules, d’autres croisaient les bras
mais tous avaient l’air farouche.
    — De tous les points de vue,
c’est une sale affaire.
    — Est-ce vrai ? Voilà la
question.
    — Je l’ai entendu de mes
propres oreilles. Me prendrais-tu pour un menteur ?
    — On ne peut laisser passer
cela sans faire quelque chose. L’honneur de l’école Yoshioka est en jeu. Il
faut agir !
    — Bien sûr, mais comment ?
    — Eh bien, il n’est pas trop
tard. Nous trouverons l’homme au singe, et nous lui couperons son toupet à lui.
Nous lui montrerons que l’amour-propre de Gion Tōji n’est pas seul en
cause. L’affaire concerne la dignité de l’école Yoshioka tout entière !
Pas d’objections ?
    Le chef de bande ivre de la veille
au soir était maintenant un vaillant lieutenant qui excitait ses hommes au
combat.
    Le matin, les hommes avaient
commandé que l’on fît chauffer le bain pour mieux se réveiller de leur nuit
mouvementée ; alors qu’ils se trouvaient au bain, un marchand était entré.
Ignorant à qui il avait affaire, il leur avait raconté ce qui s’était passé la
veille à bord du bateau. Ayant narré avec humour l’ablation du toupet, il avait
conclu son histoire en disant :
    — Le samouraï qui a perdu sa
chevelure se prétendait un éminent disciple de la Maison de Yoshiaka, à Kyoto.
Tout ce que je peux dire, c’est que, s’il ne ment pas, la décrépitude de la Maison
de Yoshioka doit passer toute imagination.
    Dégrisés en un clin d’œil, les
disciples de Yoshioka étaient partis à la recherche de leur scandaleux aîné
pour l’interroger sur l’incident.
    Ils ne tardèrent pas à découvrir
qu’il s’était levé tôt, avait eu un bref entretien avec Seijūrō, puis
était parti pour Kyoto avec Okō tout de suite après le petit déjeuner.
Cela confirmait la véracité de l’histoire ; mais au heu de poursuivre

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