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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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excuses !
    Le jeune homme, en regardant
fixement les riches marchands, éclata d’un grand rire sardonique.
     
     
     
Le coquillage de l’oubli
     
    Le soir était tombé quand le
navire entra dans le port de Kizugawa, accueilli par l’odeur tenace du poisson.
Des lumières rougeâtres clignaient sur la côte, et les vagues clapotaient à l’arrière-plan.
Peu à peu, la distance entre les voix plus fortes qui venaient du navire et
celles qui s’élevaient du rivage s’annula. Dans une éclaboussure blanche, on
jeta l’ancre ; on lança des cordages, et la passerelle fut mise en place.
    Une rafale de cris excités remplit
l’air :
    — Le fils du prêtre du
sanctuaire de Sumiyoshi se trouve-t-il à bord ?
    — Y a-t-il un coursier ?
    — Maître ! Nous voilà,
par ici !
    Comme une vague, des lampions
portant les noms de diverses auberges roulèrent à travers le bassin vers le
bateau, tandis que rivalisaient les rabatteurs.
    — Quelqu’un pour l’auberge
Kashiwaya ?
    Le jeune homme au singe sur l’épaule
se frayait un chemin à travers la foule.
    — Venez chez nous, monsieur :
nous ne vous prendrons rien pour le singe.
    — Nous sommes juste en face
du sanctuaire de Sumiyoshi. C’est un grand centre de pèlerinage. Vous pouvez
avoir une magnifique chambre avec une vue splendide !
    Nul n’était venu attendre l’adolescent.
Il s’éloigna aussitôt du quai sans prêter attention aux rabatteurs ni à qui que
ce fût.
    — Pour qui se prend-il ?
gronda un passager. Tout ça, parce qu’il a quelques notions d’escrime !
    — Si je n’étais simple bourgeois,
il ne s’en serait pas tiré sans une bonne bagarre.
    — Oh ! calme-toi !
Laisse donc les guerriers se croire supérieurs à tout le monde. Ils ne sont
heureux que lorsqu’ils se pavanent partout comme des rois. Ce que nous devons
faire, nous autres bourgeois, c’est de les laisser avoir les fleurs tandis que
nous prenons les fruits. A quoi bon s’agiter sur le petit incident d’aujourd’hui ?
    Tout en continuant à parler ainsi,
les marchands surveillaient le rassemblement de leurs montagnes de bagages,
puis débarquaient accueillis par la foule et un enchevêtrement de lanternes et
de véhicules. Tous étaient entourés aussitôt par plusieurs femmes pleines de
sollicitude.
    La dernière personne à quitter le
bateau fut Gion Tōji, dont le visage exprimait un malaise extrême. Jamais
de toute son existence il n’avait passé journée plus désagréable. Sa tête était
décemment couverte d’un foulard, pour cacher la perte mortifiante de son
toupet, mais ce linge ne dissimulait ni ses sourcils abattus ni ses lèvres
mornes.
    — Tōji ! Me voilà !
criait Okō.
    Bien que sa tête fût elle aussi
couverte d’un fichu, son visage avait été exposé au vent froid tandis qu’elle
attendait, et ses rides transparaissaient à travers la poudre blanche qui était
censée les cacher.
    — Okō ! Alors, tu
es venue en fin de compte.
    — Tu ne t’y attendais pas ?
Ne m’as-tu pas écrit pour me dire de venir te chercher ici ?
    — Si, mais je pensais que ma
lettre risquait de n’être pas arrivée à temps.
    — Il y a quelque chose qui ne
va pas ? Tu as l’air bouleversé.
    — Oh ! ce n’est rien.
Juste un peu le mal de mer. Viens allons à Sumiyoshi dénicher une bonne
auberge.
    — Par ici. Un palanquin nous
attend.
    — Merci. Tu nous as réservé
une chambre ?
    — Oui. Tout le monde nous
attend à l’auberge.
    Le visage de Tōji exprima la
consternation.
    —  Tout le monde  ?
Qu’est-ce que tu me racontes ? Je croyais que nous allions passer ici,
seuls tous les deux, deux jours agréables dans un endroit tranquille. S’il y a
beaucoup de monde, je n’y vais pas.
    Refusant le palanquin, il la
dépassa à grands pas irrités. Quand Okō tenta de s’expliquer, il lui coupa
la parole et la traita d’imbécile. Toute la fureur qui s’était accumulée en lui
sur le navire explosa :
    — Je logerai seul dans un
endroit quelconque ! vociférait-il. Renvoie le palanquin ! Comment
as-tu pu être aussi stupide ? Tu ne me comprends pas du tout.
    Il lui arracha la manche qu’elle
tirait, et continua sa course.
    Ils se trouvaient dans le marché
au poisson, près des quais ; toutes les boutiques étaient fermées ;
les écailles qui jonchaient la rue scintillaient comme de minuscules
coquillages d’argent. Etant donné qu’il n’y avait là presque personne pour les
voir, Okō

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