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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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discutaient de ce qu’ils devaient faire
ensuite. Matahachi demandait :
    — Alors, tu crois que nous
devrions rentrer chez nous ?
    — Oui, je le crois. Nous ne
pouvons pas rester avec ces deux femmes éternellement.
    — En effet.
    — Les femmes me déplaisent.
    De cela du moins, Takezō
était sûr.
    — Très bien. Alors, partons.
    Matahachi se retourna et leva les
yeux vers le ciel.
    — ... Maintenant que nous
sommes décidés, j’ai envie de partir. Je viens brusquement de me rendre compte
à quel point Otsū me manque, à quel point j’ai envie de la voir. Regarde,
là-haut ! Il y a un nuage qui rappelle tout à fait son profil. Vois !
Cette partie-là ressemble tout à fait à ses cheveux après qu’elle les a lavés.
    Matahachi donnait des coups de
talon dans la terre en désignant le ciel.
    Takezō suivait des yeux la
forme du cheval auquel il venait de rendre sa liberté, et qui s’éloignait.
Pareils à beaucoup de vagabonds qui vivent dans les champs, les chevaux perdus
lui étaient sympathiques. Quand on n’a plus besoin d’eux, ils ne demandent rien ;
ils se contentent de s’en aller tranquillement, tout seuls.
    De la maison, Akemi les appela
pour le dîner. Ils se levèrent.
    — Au premier arrivé !
cria Takezō.
    — Allons-y ! répliqua
Matahachi.
    Akemi battait des mains, ravie,
tandis que les deux jeunes gens s’élançaient à vitesse égale à travers l’herbe
haute, en soulevant derrière eux un nuage de poussière.
    Après dîner, Akemi devint
songeuse. Elle venait d’apprendre que les deux hommes avaient résolu de rentrer
chez eux. C’avait été bien amusant de les avoir à la maison, et elle aurait
voulu que cela durât toujours.
    — Petite sotte ! la
grondait sa mère. Pourquoi broyer du noir ainsi ?
    Okō était en train de se
maquiller plus méticuleusement que jamais ; tout en morigénant la jeune
fille, dans son miroir elle buvait des yeux Takezō. Il surprit son regard,
et se rappela soudain le parfum capiteux de sa chevelure, la nuit où elle avait
pénétré dans sa chambre.
    Matahachi, ayant pris sur une
étagère la grosse jarre de saké, se laissa tomber à côté de Takezō, et se
mit à en emplir un petit flacon, tout comme s’il avait été le maître de céans.
Puisque cela devait être leur dernière soirée ensemble, ils se proposaient de
boire à satiété. Okō semblait prendre un soin tout particulier de son
visage.
    — Buvons jusqu’à la dernière
goutte ! dit-elle. A quoi bon laisser cela ici pour les rats ?
    — Ou pour les vers !
renchérit Matahachi.
    En un rien de temps, ils eurent
vidé trois grosses jarres. Okō, appuyée contre Matahachi, se mit à le
cajoler de telle sorte que Takezō, gêné, détourna la tête.
    — Je... je... ne peux plus
marcher, marmonna Okō, soûle.
    Matahachi l’escorta jusqu’à sa
couche, sa tête reposant lourdement sur son épaule. Une fois là, elle se tourna
vers Takezō et lui dit avec rancune :
    — Vous, Takezō, vous
dormirez là-bas, tout seul. Vous aimez dormir seul, hein ?
    Sans un murmure, il se coucha où
il se trouvait. Il était ivre, et la nuit était fort avancée.
    A son réveil, il faisait grand
jour. Dès qu’il ouvrit les yeux, il le sentit. Quelque chose lui dit que la
maison était vide. Les objets qu’Okō et Akemi avaient la veille entassés
pour le voyage avaient disparu. Il n’y avait plus ni vêtements, ni sandales...
ni Matahachi.
    Il appela mais ne reçut pas de
réponse, et il n’en espérait pas. Une maison vide a une aura particulière.
Personne dans la cour, personne derrière la maison, personne au bûcher. Seule
trace de ses compagnons : un peigne rouge vif à côté de la bouche ouverte
de la conduite d’eau.
    « Matahachi est un porc ! »
se dit-il.
    En flairant le peigne, il se
rappela de nouveau comment Okō avait tenté de le séduire, ce soir-là, il n’y
avait pas longtemps. « Voilà ce qui a vaincu Matahachi », pensa-t-il.
Cette seule idée le faisait bouillir de colère.
    — Fou ! cria-t-il à voix
haute. Et que devient Otsū, dans tout ça ? Qu’as-tu l’intention de
faire à son sujet ? Ne l’as-tu pas déjà assez trahie comme ça, espèce de
cochon ?
    Il piétina le peigne bon marché.
Il en aurait pleuré de rage, non sur lui-même, mais par pitié pour Otsū qu’il
imaginait si nettement en train d’attendre, là-bas, au village.
    Il était assis, désolé, à la
cuisine, quand le cheval égaré passa à

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