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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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hommes, manches
retroussées, main au sabre, talonnaient le bateau. A un certain moment, ils s’arrêtèrent
et tendirent l’oreille : apparemment, ils attendaient une réponse à leur
défi mais elle ne vint pas.
    — Vous êtes sourd ? cria
l’un d’eux. Nous vous avons demandé de dire à ce jeune vantard de venir au
bastingage !
    — C’est de moi que vous
parlez ? tonna une voix sur le bateau.
    — Il est bien là, et effronté
comme jamais !
    Tandis que les hommes, l’index
tendu, scrutaient le bateau, les passagers devenaient frénétiques. Ils avaient
l’impression que les hommes de la rive risquaient à tout instant de sauter sur
le pont.
    Le jeune homme à la longue épée se
tenait campé solidement sur le plat-bord, ses dents luisant comme perles dans
le clair de lune.
    — Il n’y a personne d’autre à
bord avec un singe ; aussi, je suppose que c’est moi que vous cherchez.
Qui êtes-vous ? Des maraudeurs aux abois ? Une troupe d’acteurs
affamés ?
    — Tu ne sais pas encore à qui
tu parles, l’homme au singe ? Surveille ta langue, quand tu t’adresses à
des hommes de la Maison de Yoshioka !
    A mesure que s’intensifiait ce
concours de vociférations, le bateau s’approchait de la digue de Kema qui
possédait à la fois des bittes d’amarrage et un hangar. Les sept coururent
investir le débarcadère, mais à peine l’eurent-ils atteint que le bateau s’arrêta
au milieu du fleuve et se mit à tourner en cercles.
    Les hommes de Yoshioka pâlirent.
    — Qu’est-ce que vous faites
là ?
    — Vous ne pourrez pas rester
là-bas éternellement !
    — Venez ici, ou nous irons
vous chercher là-bas !
    Les menaces continuèrent, aussi
violentes, jusqu’à ce que la proue du bateau prît la direction de la berge. Une
voix rugit à travers l’air froid :
    — Silence, imbéciles !
Nous accostons ! Apprêtez-vous plutôt à vous défendre.
    Malgré les supplications des
autres passagers, le jeune homme avait empoigné la gaffe du batelier, et
amenait le bac au rivage. Aussitôt, les sept samouraïs se rassemblèrent autour
de l’endroit où la proue allait toucher terre, et regardèrent la silhouette qui
conduisait le bateau à la perche grandir en se rapprochant d’eux. Mais soudain
le bateau accéléra, et l’homme fondit sur eux avant qu’ils ne s’en fussent
rendu compte. Tandis que la coque raclait le fond, ils reculèrent ; quelque
chose de sombre et de rond vola à travers les roseaux et enserra le cou de l’un
des hommes. Avant de se rendre compte que ce n’était que le singe, tous avaient
instinctivement tiré leur sabre et frappé dans le vide autour d’eux. Pour
masquer leur embarras, ils se criaient l’un à l’autre des ordres impatientés.
    Dans l’espoir de rester en dehors
de la mêlée, les passagers se recroquevillaient dans un coin du bateau. L’agitation
des sept hommes de la rive était encourageante, bien qu’un peu énigmatique,
mais nul encore n’osait ouvrir la bouche. Puis, d’une seconde à l’autre, toutes
les têtes se tournèrent, le souffle coupé, tandis que le pilote improvisé du
bateau plantait sa perche dans le lit du fleuve et sautait, plus légèrement que
le singe, par-dessus les joncs de la berge.
    Cela provoqua un désordre encore
plus grand ; sans prendre le temps de se regrouper, les hommes de Yoshioka
se précipitèrent à la queue leu leu vers leur ennemi. Résultat : ce
dernier n’aurait pu être en meilleure position pour se défendre.
    Le premier homme s’était déjà trop
avancé pour faire demi-tour, quand il se rendit compte de la stupidité de son
mouvement. En cet instant, il oublia tout ce qu’il avait jamais pu apprendre
des arcs martiaux. Il ne fut capable que de grimacer en agitant son sabre
devant lui au petit bonheur.
    Le beau jeune homme, conscient de
son avantage psychologique, semblait croître en stature. Il tenait la main
droite derrière lui, sur la poignée de son épée.
    — ... Alors, vous êtes de l’école
Yoshioka ? Parfait. J’ai l’impression que nous sommes déjà de vieilles
connaissances. L’un des vôtres a eu l’amabilité de me laisser lui enlever son
toupet. Apparemment, ça ne vous a pas suffi. Etes-vous tous venus vous faire
couper les cheveux ? Si oui, je suis certain de pouvoir vous donner
satisfaction. De toute façon, je vais bientôt faire affûter cette lame ;
il ne me gêne donc pas d’en faire bon usage.
    A la fin de cette proclamation,

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